La sprinteuse drouaise Denika Kassim, 18 ans, a de bonnes chances de représenter son archipel natal des Comores, cet été, aux Jeux Olympiqu...
La sprinteuse drouaise Denika Kassim, 18 ans, a de bonnes chances de représenter son archipel natal des Comores, cet été, aux Jeux Olympiques de Rio.
Tout est parti d'une remarque qu'elle a prise pour une blague. Un jour, pendant qu'elle patientait, en mode groupie, pour obtenir un selfie avec Jimmy Vicaut, le boss du 100 m tricolore, son entraîneur, Hervé Bouffinier, lui a glissé une petite phrase à l'oreille. « Toi aussi, Denika, si tu voulais, tu pourrais faire les JO. » En réponse, la jeune athlète drouaise, dont le niveau oscille entre un bon régional et un petit national, a juste esquissé un sourire étonné. « J'ai pris ça à la rigolade, raconte-t-elle sur un ton enjoué. Ça me paraissait tout simplement impossible. » Et pourtant, d'ici quelques semaines, il y a de bonnes chances qu'on retrouve la frêle silhouette de Denika Kassim (1,57 m, 45 kg) au départ du 100 m des Jeux Olympiques de Rio. Pas sous les couleurs de la France, évidemment, mais sous la bannière des Comores, le pays de ses origines.
Denika Kassim se prépare actuellement pour un été chargé, entre la Pologne, les Comores et peut-être le Brésil.? - photo : julien lecomte |
Bientôt de retour à Moroni
Dans cet archipel de l'océan Indien, peuplé de 780.000 âmes, les sportifs de bon niveau poussent beaucoup moins vite que la vanille ou l'ylang-ylang, les spécialités locales. En 2012, seulement trois athlètes avaient fait le déplacement aux Jeux de Londres. Alors, quand le président de la fédération d'athlétisme - vieille connaissance d'Hervé Bouffinier - a reçu un mail de Denika Kassim, il s'est montré intéressé. « On a échangé un peu et il m'a donné des chronos à réaliser. Cet hiver, j'ai explosé mon record personnel sur 60 m (7'90'' contre 8'30''). Ça m'a donné de la motivation », explique la lycéenne drouaise, qui a ainsi gagné le droit de participer aux championnats du monde juniors, le mois prochain, à Bydgoszcz, en Pologne (19-24 juillet). Une première sélection qui devrait logiquement l'emmener vers Rio…
Entre ces deux rendez-vous, Denika Kassim a prévu d'effectuer le long voyage vers les Comores et sa capitale, Moroni, où elle n'a plus posé les orteils depuis douze longues années. Elle en est partie à l'âge de six ans pour rejoindre ses parents, venus en éclaireurs, trois ans plus tôt, en France. Entre-temps, c'est sa tante qui a veillé sur elle.
« Ça doit être un truc de fou »
De son île natale, Denika conserve « des souvenirs un peu vagues. » Mais elle n'a jamais rompu avec ses racines. D'autant plus que ses parents sont chanteurs et perpétuent la tradition dans la petite communauté comorienne d'Ile-de-France. « D'ailleurs, leur nouvel album va bientôt sortir », précise dans un éclat de rire la coquette sprinteuse, qui maîtrise aussi bien le français que le comorien, qu'elle parle chez elle.
Que ce soit en Pologne, avec les juniors, ou, souhaitons-lui, au Brésil, avec les meilleures athlètes de la planète, Denika Kassim le sait déjà : elle ne pourra pas rivaliser sur la piste. Avec son record de 12''44 sur la ligne droite, il lui manque une grosse seconde dans les jambes. Mais l'essentiel, pour elle, est ailleurs, résumé par la maxime du baron de Coubertin. Car l'esprit de l'olympisme, c'est aussi de permettre aux petites nations d'exister. « Ça doit être un truc de fou, quand même, de représenter son pays », imagine déjà, à voix haute, la pétillante Denika. Elle saura bientôt le vertige que cela procure…
1997
Naissance à Moroni, capitale de l'archipel des Comores,
au nord de Madagascar.
2003
Arrivée en France. D'abord à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), puis à Dreux.
2016
Sélectionnée pour les championnats du monde juniors avec les Comores. Record personnel sur 100 m :
12''44.