L’e-révolution numérique est une action d’e-gouvernance. Les administrations africaines notamment celle de l’Union des Comores doivent rép...
L’e-révolution numérique est une action d’e-gouvernance. Les administrations africaines notamment celle de l’Union des Comores doivent répondre aux besoins numériques de la population et des citoyens pour une émergence économique du continent, créateur d'emplois dignes à l’exemple de pays come le Rwanda.
Par Darchari MIKIDACHE, acteur politique et président du think tank "Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)
La croissance économique ne suffit pas si elle ne débouche ni sur la réduction de la pauvreté ni sur la création d'emplois. Les Autorités publiques doivent créer les conditions de la transformation des économies africaines en l’occurrence les Comores pour que celles-ci aboutissent à une création nette d'emplois, de richesses, de progrès social et de ressources publiques supplémentaires pour les investir dans les infrastructures, dans la valorisation des produits et productions locaux.
Les ressources additionnelles peuvent être investies également dans la mise en place des économies industrielles, halieutiques et numériques. Au préalable, la mise en place d'une gouvernance exemplaire, transparente, novatrice et rigoureuse constitue le fer de lance de cette nouvelle stratégie en plus d'une mobilisation totale des ressources fiscales et non fiscales. Les Comores, habituées à solliciter de l’aide étrangère et l’assistance internationale doivent sortir du cercle désincitatif de l’assistanat continuel et passif. Elles doivent prendre en main leur destinée en recrutant les Comoriens les plus compétents et les plus intègres aux postes à responsabilités en particulier dans les directions générales des administrations et des sociétés d’Etat et non sur des critères partisans, politiques voire politiciens. La marche vers la renaissance des Comores ne peut se faire sans une véritable rénovation des pratiques. Il est de la responsabilité du chef de l’Etat comorien de prendre les mesures qui s’imposent compte tenu du fait que l’Union des Comores fonctionne avec un régime présidentiel qui concentre tous les pouvoirs aux mains du président de la République. Il est temps de prendre le train du changement pour asseoir les fondations d’une gouvernance exemplaire pour des Comores meilleures et crédibles.
Rien ne sert de promettre des actions et des actes sans une mobilisation interne des ressources publiques avec une politique de gestion transparente des finances publiques. Il ne suffit pas de dire que les pouvoirs publics solliciteront les partenaires de développement. Une action publique réussira si les Autorités publiques s'investissent pleinement dans le financement des projets de développement en apportant une part de fonds nécessaires à la concrétisation des programmes entrepris. Bien entendu, cela ne pourra être efficace sans une politique judiciaire à la hauteur des enjeux avec une politique continue de lutte contre les impunités économiques, sociales et judiciaires. Une lutte contre la corruption devra dépasser le stade de l'affichage ou des promesses des candidats aux élections présidentielles. La crédibilité de l'État et l'efficacité de l'action publique en dépendent.
Choisir la facilité des financements externes en ayant recours à des subterfuges pour financer les économies nationales à l'exemple des fonds de la citoyenneté économique sans engager des réformes profondes pour renforcer l'efficacité de l'action publique ni mobiliser les ressources fiscales internes avec une gouvernance rigoureuse et exemplaire constitue un acte irresponsable voire inapproprié quand on sait que les contrôles de la gestion des fonds externes n'ont pas été effectifs et que les décrets d'octroi de la citoyenneté économique étaient signés sans vérifier la qualité réelle des titulaires des nouveaux et futurs citoyens économiques.
Un régime présidentiel comme celui des Comores implique que le chef de l'État décide et assume toutes ses responsabilités y compris désavouer et sanctionner ses ministres, ses directeurs généraux ou ses proches collaborateurs si ceux-ci devient ou agissent contre l'intérêt supérieur de la Nation. Ne pas agir pour corriger les erreurs et réparer les actes antipatriotiques est non seulement une faiblesse de la part du président de la République mais également une faute politique et morale qu'il devra assumer à la fin de son mandat.
À l'avenir, sauf changement de régime, le président de la République en exercice doit être le garant de la bonne gouvernance, du bon fonctionnement de la justice et du renforcement de l’unité nationale. Il ne pourra pas dire qu'il ne savait pas ou qu’il a été mal conseillé ou bien qu'il a subi des pressions de la part de ses ministres, ses alliés politiques voire de la notabilité par exemple.
Le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux devra agir avec impartialité en assurant qu’une réforme adéquate de toutes les administrations et la nécessaire promotion de l’égalité des chances pour tous par notamment l’organisation de concours équitables, rigoureux et transparents aboutissent à un changement réel. Un renforcement du volet prévention dans la lutte contre la corruption est indispensable au même titre que la lutte elle-même contre la corruption et le traitement rapide des affaires judiciaires envoyées par la Commission Nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption (CNPLC) au parquet.
Le président en exercice devra être le garant non seulement du bon fonctionnement de la justice et de l'Unité Nationale mais également celui de la Bonne Gouvernance publique et de la cohésion sociale. La méritocratie comme la promotion du genre et celle de l'égalité des chances doivent être au cœur de l'action publique.
Développer les Comores implique de disposer d'un appareil administratif efficace et capable d'exécuter les programmes et projets de développement des Autorités politiques. La fonction publique devra assumer sa part de responsabilité dans l'amélioration de l'action publique. Sa réforme est primordiale. À défaut de licencier les agents publics embauchés par népotisme ou par complaisance politique, il convient de mettre l'accent sur la formation permanente avec l'institutionnalisation d'un centre interministériel de formation permanente, technique et de recyclage des agents après un audit et un bilan de compétences. La culture des objectifs et de résultats en plus de la rotation dans les postes administratifs doivent être au cœur d'une telle réforme que j'appelle de mes vœux. Bien entendu, d'autres mesures et actions concrètes peuvent être mises en œuvre.
La concertation, le dialogue de gestion avec les concernés la motivation, le management public et l'octroi de moyens de travail en plus de l'informatisation des services doivent être au cœur de toute action publique.
La volonté de réforme publique pour assurer une gouvernance exemplaire ne pourra être effective sans une exemplarité des plus hauts gouvernants dans leur action quotidienne et dans la manière dont ils choisiront leurs collaborateurs.
Développer les Comores comme le reste de l'Afrique n'est pas une question de verbe ou de communication marketing ou de promesses lénifiantes. La crédibilité des actions pour le renouveau des Comores en l'occurrence passe par la détermination ou la capacité des dirigeants à assumer leurs fonctions en infligeant des sanctions exemplaires et dissuasives tout en s'assurant du bon fonctionnement de la justice. Une politique continue et permanente de lutte contre la corruption avec des sanctions administratives, disciplinaires, politiques et pénales effectives est une des clés du succès de la politique de développement économique. La bonne gestion des ressources humaines avec le choix des femmes et d'hommes compétents, expérimentés, intègres et patriotiques constitue un facteur essentiel pour atteindre les objectifs du renouveau des Comores.
Darchari Mikidache
Par Darchari MIKIDACHE, acteur politique et président du think tank "Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)