L’objet de mon intervention n’est pas de polémiquer sur la responsabilité des uns et des autres sur une affaire aussi douloureuse et regret...
L’objet de mon intervention n’est pas de polémiquer sur la responsabilité des uns et des autres sur une affaire aussi douloureuse et regrettable ni de donner des leçons à mes confrères qui se contentent des moyens de bord pour exercer leur, mais je voudrais tout simplement apporter ma contribution pour la réhabilitation du système de santé tel que je l’ai vécu très tôt à côté de mon défunt père quand il exerçait en tant qu’infirmier d’abord à Mutsamudu puis dans mon village natal.
Une foule 'est formée au CHN El-maarouf après le décès d'une femme enceinte. |
En ma qualité de simple citoyen et médecin originaire des Comores, je ne peux pas garder une quelconque indifférence sur la dégradation du système de santé de mon pays avec les conséquences dramatiques qui endeuille nos familles. Je voudrais aussi rappeler à mes compatriotes que nul ne peut empêcher le destin certes, mais il est de notre devoir en tant que praticien médical ou paramédical comme celui des autorités de prendre toutes les précautions d’usage afin de se mettre à l’abri d’une quelconque erreur ou dysfonctionnement susceptible de mettre en danger la vie des patients.
Néanmoins, comme disait l’autre arriva ce qui devrait arriver, je ne veux pas insister sur l’actualité et l’émotion suscitée par ce drame concernant un décès de plus à El-Maarouf. Car il échoit aux autorités judiciaires d’assumer sereinement leurs responsabilités afin d’établir les responsabilités de chacun et ce, à tous les niveaux, mais je tiens à faire les suggestions suivantes :
Un traitement chirurgical s’impose avec une mise à plat de tout le système de santé aux Comores qui se montre désuet. La réussite de cette mission doit faire intervenir dans le cadre d’un grand congrès ou séminaire :
1- les praticiens comoriens de l’intérieur et de l’étranger
2-des consultants de pays amis et partenaires en matière de santé comme la France et la Qatar et l’Iran
3-un consultant d’un pays africain comme le Rwanda pour son expérience réussie en matière de couverture sanitaire en Afrique.
En attendant dans les meilleurs délais ce congrès qui doit être sanctionné par un rapport qui servira de feuille de route au gouvernement, des mesures urgentes s’imposent à savoir :
1/ Restauration de la discipline à l’hôpital dans le respect en rétablissant la hiérarchie dans les services hospitaliers afin que chacun sache la limite de ses responsabilités dans l’exercice de son art. Bref, que chacun reste à sa place. Cette mesure nécessite la seignorisation de certains praticiens médicaux et paramédicaux, encore jeunes comme il se passe ailleurs. A savoir qu’une couverture d’un chirurgien est obligatoire pour chaque accouchement dans toutes les maternités. Il faut savoir qu’il s’agit d’un métier très complexe qui de plus est, concerne la vie des gens. En conséquence aucune erreur n’est permise. C’est donc irresponsable de confier des grandes responsabilités de vie et de mort à des jeunes praticiens peu expérimentés, qui viennent de prêter le serment d’Hippocrate.
2/Assurer la gratuité des soins pour les parturientes et les urgences vitales nécessitant une prise en charge en Réanimation avec des critères médicaux bien établis sur une liste à la portée des citoyens afin d’éviter les abus des personnes indélicates. Afin de financer les urgences il suffit de prélever 10fc sur le kilo de riz, 1fc sur chaque unité vendue par Comores-télécom et 20fc sur le litre d’essence ou de gasoil, puisque toutes ces sociétés ont fait des bénéfices colossaux.
3/Imposer des gardes sur place pour tous les intervenants en maternité et en anesthésie.
Docteur Abdou Ada Musbahou (chirurgien France)