On l’entend de partout aux Comores : « Nous en avons marre de ces partis politiques dont le seul but est d’accéder aux pouvoirs ». Pourquoi...
On l’entend de partout aux Comores : « Nous en avons marre de ces partis politiques dont le seul but est d’accéder aux pouvoirs ». Pourquoi une telle remarque ? Incapacité des gouvernants à répondre aux problèmes du pays. Mais aussi méconnaissance de la démocratie. Car à quoi ressemblerait celle-ci sans partis politiques ?
Il y a cependant une part de vérité dans cette affirmation : le but des partis politiques est d’accéder au pouvoir. Car en effet un parti politique, dans une démocratie relativement apaisée, est une machine électorale et un espace de débats. Son but final est donc de prendre le pouvoir et de l’exercer (j’écarte volontairement les partis de contestation) ; bien entendu dans l’intérêt du pays. Les partis politiques sont donc indispensables à la démocratie. J’ai envie de dire qu’ils sont même la démocratie elle-même.
Mais quand on regarde les choses de près, les partis politiques sont particulièrement importants aux Comores car en fin de compte, après la religion et la langue, ils sont les seuls espaces capables de fédérer les Comoriens qui restent un peuple très divisé : en quartiers, villages, régions, îles ; l’appartenance nationale n’arrivant qu’en dernière position !
Dans un pays comme les Comores où tout le monde prétend à la présidence de la République, le seul outil politique permettant à l’électeur d’y voir plus clair n’est rien d’autre que le parti politique. Car il permet à l’électeur de connaître ses dirigeants, ses militants – donc ses futurs dirigeants si le parti est élu – et son programme avant de lui accorder sa confiance. Il votera donc en âme et conscience et en connaissance de cause : il ne pourra donc pas se plaindre trop facilement d’avoir été trompé !
Il existe, à mon avis, trois grands partis politiques dans le pays sage politique national : l’UPDC, Juwa et la CRC.
L’UPDC est une coalition hétéroclite sans leader charismatique ni orientation politique dont la seule ambition était de conserver le pouvoir : Ikililou semble se désintéresser de la politique et Mamadoun’a ni la force physique ni l’énergie intellectuelle de diriger ce parti. Fort impopulaire, il a perdu toutes les élections de 2016. Ce parti devrait disparaître dans les prochaines semaines.
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Juwa, qui à peine deux ans d’existence, est un vrai parti politique, qui a quelques cadres bien formés et expérimentés, avec un vrai chef charismatique, expérimenté et excellent orateur et très populaire dans le pays.
Il reste la CRC : un parti très bien organisé, avec des militants dynamiques, des cadres bien formés et expérimentés et un chef aussi charismatique qu’expérimenté qui connaît la machine étatique ainsi que ses rouages mais aussi tout le pays pour l’avoir toujours vécu depuis toujours – sauf pendant ses études à l’étranger. Un parti qui a déjà douze ans d’existence, qui a connu le pouvoir, l’opposition, et qui est à nouveau au pouvoir.
Il reste que la CRC doit prouver aux Comoriens qu’elle a tiré les leçons de ses échecs passés. Son chef, Azali Assoumani, devra d’abord se montrer plus conciliant dans ses discours (rassembler les Comoriens) que clivant (éviter de les diviser en s’adressant seulement aux jeunes et à l’élite). Il doit ensuite proposer au pays un projet à la fois novateur et réaliste. Il doit aussi maintenir les alliances nouées au second tour pour pouvoir présider le pays en paix et le conduire vers la voix de la social-démocratie : celle qui lie autorité d’un Etat protecteur et économie de marché qui crée des richesses dans le pays.