Mohamed Safaoui a gagné hier soir dans les rues du chef-lieu. Le coureur des Comores vit à la Réunion en totale clandestinité depuis août 20...
Mohamed Safaoui a gagné hier soir dans les rues du chef-lieu. Le coureur des Comores vit à la Réunion en totale clandestinité depuis août 2015 . Une étonnante histoire qu'il veut désormais assumer au grand jour.
10 km Nocturnes de Saint-Denis
Mohamed Safaoui aurait bien des raisons de se cacher. Mais s'il voulait passer inaperçu, c'est raté. Et il assume complètement. "Je sais que ma situation est compliquée. Mais je dois faire avec. Après tout, je n'ai fait de mal à personne", dit celui qui a remporté hier les 10 kilomètres nocturnes de Saint-Denis. Un succès incontestable. Il est parti seul à la mi-course. "J'ai profité de la longue montée pour faire la différence. J'ai accéléré. Personne n'a suivi". Sur la ligne d'arrivée, il s'est imposé en 34'01. Guillaume Cheong-Yuen Zing et Stéphane Odules ont complété le podium. Le coureur comorien décroche ici sa deuxième victoire depuis qu'il court à la Réunion. Il s'était déjà imposé au 10 kilomètres de Sainte-Suzanne en avril et a pris la troisième place de la course du Géranium le week-end dernier. Il ne passe plus inaperçu. Alors, impossible pour lui de taire plus longtemps son étonnant parcours.
Mohamed Safaoui faisait partie la délégation des Comores venue à la Réunion pour les Jeux des îles, en août dernier. Et comme 58 de ses coéquipiers, selon les chiffres communiqués à l'époque par la Préfecture, il a choisi de ne pas reprendre l'avion. Il raconte : "Ce n'était pas quelque chose de réfléchi. Il y a eu les événements que vous connaissez au sein de notre délégation. On nous a demandé de quitter les Jeux. C'est là que je me suis posé beaucoup de questions. Sur ma vie, sur ma carrière de coureur… Aux Comores, l'horizon était bouché. Je me suis finalement décidé au tout dernier moment. En me disant, que je n'avais pas grand chose à perdre". Son visa a expiré dès le 28 août. Il vit depuis dans la clandestinité, sans aucun papier. "Je me suis installé à Saint-André, chez des amis qui ont pu m'aider. Depuis, je me débrouille comme je peux".
"Je n'ai pas peur"
Aux Comores, Mohamed Safaoui, 34 ans, était depuis de longues années le meilleur des coureurs de fond. Il a même vécu cinq ans au Kenya, s'entrainant quotidiennement avec quelques uns des meilleurs coureurs de la planète jusqu'en 2012. "L'athlétisme, c'est toute ma vie. C'est en courant que j'ai pu me sortir un peu de la misère", dit celui qui a déjà couru sous la barre prestigieuse des 30 minutes au 10 km. "En arrivant à la Réunion, j'ai naturellement eu envie de recourir. C'est aussi un moyen d'essayer de m'intégrer au mieux. Sur chaque course, je suis bien accueilli. Cela fait chaud au coeur", indique celui qui porte les couleurs du Triathlon Club de Saint-André. Il possède donc, a priori, une licence de la Fédération Française d'Athlétisme en bonne et due forme, pourtant impossible à avoir sans papiers valides. La question se posera dans les jours qui viennent sur le rôle joué par son club d'accueil. Lui a une explication assez floue : "J'étais licencié autrefois à Mayotte. Il s'agit d'une mutation. J'ai donc pu avoir avoir une licence ici très facilement".
Mohamed Safaoui a déjà programmé sa prochaine course. Rendez-vous au championnat de la Réunion de semi-marathon, début juillet à l'Étang-Salé. "D'ici là, je dois encore beaucoup m'entraîner. Je suis encore loin de mon meilleur niveau", assure t-il, conscient aussi que son séjour sur notre île peut brutalement prendre fin du jour au lendemain. Le voilà désormais totalement exposé à une arrestation et une expulsion vers son pays d'origine. "Si cela arrive, je ne fuirai pas mes responsabilités. Je suis conscient que j'ai bafoué la loi. Mais je n'ai pas peur. Ce que j'aimerais, c'est pouvoir rester ici. Continuer à courir, faire des compétitions. Je voudrais que la situation s'arrange. Que tout rentre dans l'ordre, que des gens puissent m'aider pour que je sois régularisé". Il dit ça juste avant de monter sur le podium de la remise des récompenses. La scène se passe sous les fenêtres de la Préfecture...
Lukas Garcia - JIR
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.
10 km Nocturnes de Saint-Denis
Mohamed Safaoui aurait bien des raisons de se cacher. Mais s'il voulait passer inaperçu, c'est raté. Et il assume complètement. "Je sais que ma situation est compliquée. Mais je dois faire avec. Après tout, je n'ai fait de mal à personne", dit celui qui a remporté hier les 10 kilomètres nocturnes de Saint-Denis. Un succès incontestable. Il est parti seul à la mi-course. "J'ai profité de la longue montée pour faire la différence. J'ai accéléré. Personne n'a suivi". Sur la ligne d'arrivée, il s'est imposé en 34'01. Guillaume Cheong-Yuen Zing et Stéphane Odules ont complété le podium. Le coureur comorien décroche ici sa deuxième victoire depuis qu'il court à la Réunion. Il s'était déjà imposé au 10 kilomètres de Sainte-Suzanne en avril et a pris la troisième place de la course du Géranium le week-end dernier. Il ne passe plus inaperçu. Alors, impossible pour lui de taire plus longtemps son étonnant parcours.
Mohamed Safaoui faisait partie la délégation des Comores venue à la Réunion pour les Jeux des îles, en août dernier. Et comme 58 de ses coéquipiers, selon les chiffres communiqués à l'époque par la Préfecture, il a choisi de ne pas reprendre l'avion. Il raconte : "Ce n'était pas quelque chose de réfléchi. Il y a eu les événements que vous connaissez au sein de notre délégation. On nous a demandé de quitter les Jeux. C'est là que je me suis posé beaucoup de questions. Sur ma vie, sur ma carrière de coureur… Aux Comores, l'horizon était bouché. Je me suis finalement décidé au tout dernier moment. En me disant, que je n'avais pas grand chose à perdre". Son visa a expiré dès le 28 août. Il vit depuis dans la clandestinité, sans aucun papier. "Je me suis installé à Saint-André, chez des amis qui ont pu m'aider. Depuis, je me débrouille comme je peux".
"Je n'ai pas peur"
Aux Comores, Mohamed Safaoui, 34 ans, était depuis de longues années le meilleur des coureurs de fond. Il a même vécu cinq ans au Kenya, s'entrainant quotidiennement avec quelques uns des meilleurs coureurs de la planète jusqu'en 2012. "L'athlétisme, c'est toute ma vie. C'est en courant que j'ai pu me sortir un peu de la misère", dit celui qui a déjà couru sous la barre prestigieuse des 30 minutes au 10 km. "En arrivant à la Réunion, j'ai naturellement eu envie de recourir. C'est aussi un moyen d'essayer de m'intégrer au mieux. Sur chaque course, je suis bien accueilli. Cela fait chaud au coeur", indique celui qui porte les couleurs du Triathlon Club de Saint-André. Il possède donc, a priori, une licence de la Fédération Française d'Athlétisme en bonne et due forme, pourtant impossible à avoir sans papiers valides. La question se posera dans les jours qui viennent sur le rôle joué par son club d'accueil. Lui a une explication assez floue : "J'étais licencié autrefois à Mayotte. Il s'agit d'une mutation. J'ai donc pu avoir avoir une licence ici très facilement".
Mohamed Safaoui a déjà programmé sa prochaine course. Rendez-vous au championnat de la Réunion de semi-marathon, début juillet à l'Étang-Salé. "D'ici là, je dois encore beaucoup m'entraîner. Je suis encore loin de mon meilleur niveau", assure t-il, conscient aussi que son séjour sur notre île peut brutalement prendre fin du jour au lendemain. Le voilà désormais totalement exposé à une arrestation et une expulsion vers son pays d'origine. "Si cela arrive, je ne fuirai pas mes responsabilités. Je suis conscient que j'ai bafoué la loi. Mais je n'ai pas peur. Ce que j'aimerais, c'est pouvoir rester ici. Continuer à courir, faire des compétitions. Je voudrais que la situation s'arrange. Que tout rentre dans l'ordre, que des gens puissent m'aider pour que je sois régularisé". Il dit ça juste avant de monter sur le podium de la remise des récompenses. La scène se passe sous les fenêtres de la Préfecture...
Lukas Garcia - JIR
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.