A première vue la recette paraît des plus logiques et parfaitement loyale. Dans la version azaliste, elle l'est moins. A regarder de pr...
A première vue la recette paraît des plus logiques et parfaitement loyale. Dans la version azaliste, elle l'est moins. A regarder de près elle est des plus machiavéliques. La stratégie consiste à éliminer une partie de l'électorat potentiel de l'adversaire, non pas en gagnant son adhésion à travers meetings, affiches et programme de campagne. Non. Tout simplement et cruellement en les empêchant de se rendre aux bureaux de vote, le jour du scrutin. L'opération que les azalistes, preuves à l'appui, sous l'ingénieur-en-chef Kiki, ont utilisée, lors du scrutin du 10 avril dernier, est consternante.
La démarche consiste à "acheter l'électeur" en lui confisquant sa carte moyennant une somme d'argent pouvant atteindre 50 000 francs (100€) pour qu'il ne puisse pas aller voter. Ainsi, de cette façon on est sûr que l'électeur ne risque pas de voter pour l'adversaire. Ainsi l'objectif recherché n'est pas tant d'obtenir le vote de l'électeur mais de l'empêcher d'aller le donner à l'autre.
Cette stratégie frauduleuse a été fortement utilisée par les azalistes dans les localités où Mamadou devait logiquement obtenir un très bon score. A Mbéni par exemple, fief de Mamadou, des cas ont été démasqués et dénoncés. Dans d'autres localités comme dans le Mitsamiouli et dans la ville de Ikoni, localités où on craignait, à tort ou à raison, un vote conséquent en faveur de Mamadou, le phénomène a été également relevé. La stratégie est efficace puisque l'argent est remis au électeur contre sa carte qu'il ne récupérera qu'après le scrutin pour être sur qu'il ne puisse pas se rendre aux urnes. C'est cette stratégie, utilisée massivement à Anjouan, qui explique en partie le faible taux de participation dans cette île par rapport à Ngazidja.
La stratégie est redoutable car incontrôlable. Elle est facile à mettre en œuvre. Le camp d'Azali, convaincu que leur champion est en tête, même si rien n'est moins sûr, sur ce point, eu égard aux irrégularités en attente d'examen par la cour constitutionnelle, veulent tout faire pour qu'il y ait le moins de votants possible parmi les 6300 appelés aux urnes, mercredi prochain. Ainsi, comme ça, l'écart, supposé, ne pourrait pas être comblé, car moins il y aura de votants moins il y aura de voix à récupéré pour celui censé être en retard. A savoir Mamadou.
On est dans la même logique que la stratégie de saccage des bureaux de vote, qui vient d'être, enfin, sanctionnée, par l'arrêt de la cour constitutionnelle du 30 avril dernier. "Gagner par élimination des électeurs" telle est donc la stratégie que semble adopter les azalistes pour espérer remporter l'élection complémentaire, du 11 mai prochain. L'objectif visé par le camp de l'ancien poutchiste est de tirer au plus bas possible le taux de participation à cette élection, une autre façon, sans doute,d'encourager la "dé-démocratisation" du pays!
Par Said Idriss Ibrahim