Les Comores font l’expérience de la démocratie depuis l’époque du Président Djohar. Cette démocratie construira notre pays ou conduira à ...
Les Comores font l’expérience de la démocratie depuis l’époque du Président Djohar. Cette démocratie construira notre pays ou conduira à sa destruction. Tout dépendra évidemment de la manière dont nous continuerons à nous servir de cette arme à double tranchant.
Depuis l’indépendance de notre pays en 1975, les dirigeants comoriens ont pour la plupart été portés au pouvoir par différentes magouilles dont nous connaissons tous les secrets. Les politiciens Comoriens ont tous des maîtrises pour ne pas dire des doctorats en magouilles électorales.
La question qui se pose est celle de savoir si cette culture du vol ou du détournement du choix du peuple permettra à ce pays d’aller de l’avant. Est-ce que nous devons accepter de laisser les Présidents sortants ou les équipes gouvernementales sortantes décider de notre sort? Est-ce que nous devons laisser nos gouvernements successifs qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts et à ceux de leurs familles continuer à brandir la menace du «sirikali kayiriyi serra»?
Je crois que non. Les Comores d’aujourd’hui ne sont pas les Comores d’il y a 40 ans. Le choix du peuple comorien est sacro-saint. Il doit être respecté à commencer par nos Chefs d’État. Sinon, pourquoi organiser des élections? Pourquoi me forcer à passer des heures et des heures devant un bureau de vote pour exprimer un choix? Pourquoi obliger ma grand-mère et ma mère à en faire autant sous un soleil de plomb ou une pluie battante à leurs risques et périls? Le choix du peuple doit être respecté et le respect de ce choix doit être imposé par le Président de la République, les organes chargés des élections et le juge du contentieux électoral sous peine de sanctions sévères à leur encontre.
Les élections de cette année sont l’illustration parfaite du danger que courent les îles de la lune. Le peuple comorien a fait un choix clair qui allait certainement aboutir à l’élection d’un homme que les Anjouanais dans leur majorité attendaient avec impatience. Mais hélas, il semble que ce choix, pourtant exprimé par un peuple qui en a marre, qui ne peut supporter plus longtemps les mauvaises conditions de vie qui lui sont infligées, n’arrangeait pas un Président sortant ou un gouvernement sortant apparemment soucieux de son propre avenir. Une élection générale a ensuite été organisée.
Malgré sa déception et son amertume, le peuple s’est encore une fois exprimé pour choisir le moins pire et voilà que le juge électoral crée un précédent aux conséquences très fâcheuses et ce toujours dans le but de faire fi du choix du peuple. Inutile de perdre son temps à étaler le comportement irresponsable des organes chargés des élections.
Je lance donc un vibrant appel à tous les comoriens, de l’intérieur comme de l’extérieur, du gouvernement et de l’opposition, qui se soucient de ce pays, qui souhaitent voir un changement de comportement de nos dirigeants de demain, qui en ont marre du mépris de ceux qui nous ont gouvernés par le passé et de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, qui veulent imposer le respect du choix du peuple aux autorités nationales, qui rêvent de l’enracinement de la démocratie dans ce beau pays appauvri quoique plein d’espoir. Unissons-nous pour combattre le mal. Notre pays a 40 ans mais il a l’air d’un pays qui vient tout juste de naître. Nous n’avons pas de routes. Nous n’avons pas d’hôpitaux. Nous n’avons pas d’eau ni d’électricité. Nous n’avons absolument rien d’autre que nos yeux pour pleurer et extérioriser ce malheur qui nous tue doucement. Mais croyez-moi, en tant que peuple, nous avons la force et la capacité de changer ce pays pour en faire un paradis terrestre. Et il faudra bien commencer par le renforcement de la démocratie.
Certes, nous avons été privés d’un Président dont nous rêvions mais ces élections ont la particularité d’avoir accouché d’un enfant qui va à n’en point douter changer en bien la vie politique de tout un pays. Il faut protéger et bien élever cet enfant pour espérer en profiter demain. Il est donc hors de question de compromettre les avancées démocratiques que les Comores viennent de réaliser. Le protocole d’accord signé le 15 mars dernier doit être formalisé et incorporé dans le code électoral voire même dans la Constitution du pays.
Nous ne devons plus jamais accepter que des élections soient truquées dans ce pays. Il faut aussi prendre très au sérieux la recommandation de l’Union Africaine en finanҫant nos élections - car nous en avons les moyens - afin d’éviter l’ingérence de nos ennemis dans les affaires intérieures de notre cher pays. Les autorités comoriennes doivent toujours être le reflet de la volonté des comoriens. Et je saisis cette occasion en or pour à la fois féliciter et remercier M. Ibrahima Hissani Mfoihaya et consorts pour leur courage louable et leurs efforts inlassables pour le bien de tout le peuple comorien.
Excellences, vous méritez d’être décorés. Mais comme nous vivons dans un pays où seuls les amis sont décorés, rassurez-vous que l’histoire retiendra vos sacrifices. Par Babayou Houmadi