Le Collectif sur la fiscalité et le foncier à Mayotte dénonce l'explosion des taxes d’habitation dans ce jeune département français où ...
Le Collectif sur la fiscalité et le foncier à Mayotte dénonce l'explosion des taxes d’habitation dans ce jeune département français où 84% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
La pétition du Collectif sur la fiscalité et le foncier à Mayotte a réuni plus de 17.000 signatures (illustration) ( AFP / ORNELLA LAMBERTI ) |
"Les gens qui ne touchent pas grand-chose doivent payer de grosses taxes foncières. 70% des Mahorais n'ont pas pu payer leurs impôts et les huissiers passent déjà chez les gens. Il y a un risque de dépossession", dénonce sur la chaîne publique "Mayotte 1ère" Daniel Zaïdani, ancien président du conseil général de Mayotte. À la tête une délégation d'élus, il est venus porter les revendications des Mahorais dans l'hexagone. "Nous avons le sentiment d'être des Français de seconde zone", martèle-t-il. En cause : "la fiscalité instaurée depuis la départementalisation et le passage au droit commun est confiscatoire", selon ce membre du Collectif sur la fiscalité et le foncier à Mayotte.
Une pétition du collectif réclamant "une fiscalité dérogatoire pendant 30 ans" et une "régularisation foncière" a rassemblé 17.144 signatures (sur 40.000 foyers fiscaux mahorais). Un nombre important, mais qui n'a pas permis au collectif d'être reçu par le gouvernement note "Mayotte 1ère" mercredi 20 avril.
"La solution que nous suggérons et qui, seule, correspond à la réalité, c'est une fiscalité dérogatoire pendant 30 ans, le temps pour l’État et les collectivités, de mettre en place un véritable cadastre qui n’existe pas aujourd'hui à l'échelle de toute l'île et ainsi d’examiner ce qu’il y a lieu de faire pour que les uns et les autres vivent bien dans ce pays", a expliqué Chihaboudine Ben Youssouf , conseiller départemental de Mamoudzou 2 et membre du collectif, à la chaîne de télévision publique en mars.
"UN PARFUM DE COLONIE À L'ANCIENNE"
Mayotte "va de mal en pis" et les conditions de vie "n'ont jamais été aussi désastreuses" pour les Mahorais, en quête de "mesures urgentes et immédiates" et d'"une plus grande présence des services de l’État", a renchéri le député européen de la circonscription des Outre-mer DVG Younous Omarjee lors d'une conférence de presse à Paris en présence du collectif mercredi 20 avril. "Notre demande de respect et de dignité doit être entendue de tous", a clamé l'eurodéputé, regrettant qu'"un parfum de colonie à l'ancienne" règne sur place. Il a appelé à "cesser le mépris avec lequel est traitée Mayotte", rappelant que des élus mahorais avaient quitté une réunion mardi avec le préfet en dénonçant "un manque de respect".
Blocage des routes pour réclamer l'égalité réelle à Mayotte avec la métropole le 13 avril (archive) ( AFP / ORNELLA LAMBERTI ) |
Sur cette île, qui a obtenu de devenir le 101e département français sous la présidence de Nicolas Sarkozy en 2011, une intersyndicale (CGT, FSU, UD FO, l’UIR CFDT, SAEM, SNUipp et Solidaires) réclame depuis novembre l'égalité des droits avec leurs concitoyens de la métropole. Le mouvement a été interrompu par l'état d'urgence avant de reprendre fin mars, avec une grève générale et des blocages routiers. Mercredi, la situation était calme et la circulation normale dans l'île, a constaté un journaliste de l'AFP.
À 8.000 km de l'hexagone, les syndicats réclament le même droit du travail, alors qu'aujourd'hui le droit mahorais n'intègre qu'un quart du Code du travail français. Ainsi, les 35 heures n'existent pas et le recours à l'intérim est impossible, note "Le Monde". En novembre 2015, les syndicats ont signé une motion avec le patronat et les collectivités locales "pour s'accorder sur l'application du Code du travail". Mais depuis, "l’État a toujours refusé de signer cet accord", déplore le délégué syndical CGT Moursali Aboudou sur "FranceTVInfo".
De plus, les manifestants réclament les mêmes prestations sociales (allocations familiales, logement, retraite). Le RSA est 2 fois moins important sur l'île que dans l'hexagone, même s'il a progressé depuis 2012, où il ne représentait que 25% du RSA métropolitain. Ils demandent aussi plus de moyens pour la construction d'écoles et pour lutter contre l’insécurité, alors que les agressions physiques ont augmenté de 50% et que près de 35% des délinquants sont mineurs. Selon l'Insee, 84 % des Mahorais vivent sous le seuil métropolitain de bas revenus, contre 16% dans la France hexagonale.
Le Premier ministre, Manuel Valls, et la Ministre des Outre-mer, George Pau Langevin, recevront les parlementaires de Mayotte ainsi que le président du département mardi 26 avril.
Boursorama avec AFP
Boursorama avec AFP