Des hommes en treillis avaient investi dans la journée du 20 avril, le lycée Said Mohamed Cheikh. A l’intérieur, comme à l’extérieur, il n’...
Des hommes en treillis avaient investi dans la journée du 20 avril, le lycée Said Mohamed Cheikh. A l’intérieur, comme à l’extérieur, il n’y a que ces hommes en vert, que nous voyons de plus en plus souvent ces derniers temps. Nous en profitons pour y faire un reportage. Ce que nous voyons est horrible. Ces élèves réclament depuis plusieurs semaines un droit à l’éducation qu’on leur refuse ; un jour viendra où ils revendiqueront autre chose. Comme des toilettes salubres, des salles de classe propres par exemple. Et ils auront bien raison.
Par petits groupes, ces éléments de la gendarmerie nationale- ont probablement passé toute la journée d’hier à l’ombre des badamiers. La cause de ce déploiement au lycée mais aussi dans les principales artères de la ville? « Des élèves auraient dit sur les ondes d’une radio privée qu’ils allaient tout saccager », m’a dit un des hommes présents dans l’établissement scolaire.
Il nous a fallu négocier pour que nous puissions entrer au sein du lycée. Le silence a remplacé le brouhaha habituel. Cela fait plus de un mois que les enseignants sont en grève. Les salles de classes sont sales, des détritus en parsèment le sol. Sur les tableaux noirs, des cours qui datent. Des salles de classe dont les portes ne ferment plus, aux fenêtres noircies par la poussière au mieux ; au pire, les vitres sont tout simplement cassées et il faudra beaucoup de temps pour qu’elles soient remplacées. .. Même chose pour la peinture alors que les bâtiments auraient besoin d’une bonne couche…
En chemin, nous trouvons un jeune garçon. Il nous dit être le fils du gardien. Nous lui demandons de nous montrer les toilettes. « Venez ici, les toilettes puent beaucoup trop », nous invite-t-il, croyant sans doute que l’un d’entre nous avait un besoin pressant. Ces toilettes « un trou et 4 tôles ondulées sans toit » sont utilisées par la famille de l’employé. Et à en croire son fils, « elles sont prisées ». Nous insistons et il finit par nous y conduire aux toilettes des lycéens.
L’odeur est en effet repoussante. Ecœurante. Elles se trouvent juste à gauche du terrain de basket. A quelques pas de là, nous suivons le petit couloir qui y mène, lequel est plein de feuilles mortes... A l'entrée, se trouve un tuyau qui laisse s’échapper quelques gouttes d’eau. Ces gouttes sont recueillies dans un seau rongé par la rouille..
Ici aussi, les toilettes sont « traditionnelles ». Un trou à même le sol entre deux briques grises. Nulle trace de robinet ni d’eau, quelques bouteilles vident jonchent le parterre. Les élèves doivent s’en prémunir avant de venir faire leurs besoins. Et leur intimité, presque un vœu pieux. En effet, il n’y a pas de portes aux toilettes, juste un rideau noir retenu par une ficelle. Qu’il y fasse aussi noir est presque une bénédiction pour les élèves. Par Faïza Al-watwan
Bienvenue au lycée Said Mohamed Cheikh par NARITSENGE