Un protocole d’ accord sur l’élection présidentielle et le 2eme tour des élections des gouverneurs des îles a été signé ce mercredi 16 mars...
Un protocole d’ accord sur l’élection présidentielle et le 2eme tour des élections des gouverneurs des îles a été signé ce mercredi 16 mars 2016 au palais présidentiel de Beit-Salam. Les 3 candidats admis à l’élection présidentielle et les deux candidats de la Grande Comore admis au 2eme tour des élections des Gouverneurs ont apposé leurs signataire a ce document. Le Président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et le Ministre de la justice ont aussi apposé leur signature à ce document.
Ce protocole de 12 points reprend les dispositions du code électoral et n’apporte pas de nouveautés dans la sécurisation du prochain scrutin harmonisé. Il ignore totalement les deux îles de Mohéli et d’Anjouan qui sont souvent le théâtre d’actes graves qui entravent le bon déroulement des scrutins. Ce protocole d’ accord n’arrêtera pas les dysfonctionnements observées lors du scrutin du 21 février 2016 comme le stipule son préambule. Il n’a pas prévu des mesures coercitives pour faire respecter ses dispositions.
Il y'a dix ans, en 2006, l’élection présidentielle de l’Union des Comores s’est déroulée dans des bonnes conditions acceptées par tous les candidats et la population grâce à la présence de la Mission de l’Union Africaine pour le Soutien aux Élections aux Comores (AMISEC). En effet, l’ ancien Président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, actuel candidat admis à l’ élection présidentielle du 10 avril 2016, avait adressé une requête le 11 octobre 2005 au Président de la Commission de l’Union Africaine (UA) pour solliciter la sécurisation du processus électoral et un accompagnement technique, logistique et financier en vue de la tenue d’élection crédible, régulière et transparente.
Dans cette requête, le Colonel Azali Assoumani avait indiqué que le contexte politique qui prévalait à Anjouan, où devraient se dérouler les primaires de l’élection présidentielle, était encore particulier et appelle à la vigilance de tous. Il avait ajouté que l’Union n’était pas en mesure de garantir le bon déroulement de l’élection présidentielle à Anjouan. Compte tenu de cet état de fait, il avait demandé à l’Union Africaine, conjointement avec l’Organisation des Nations Unies et la Communauté internationale, de s’occuper de façon exclusive du processus électoral.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine, lors de sa 47 ème réunion du 21 mars 2006 avait pris note de cette requête et avait autorisé le déploiement jusqu’au 9 juin 2006, sous la responsabilité globale d’un représentant spécial du Président de la Commission d’une mission de l’Union Africaine pour le soutien aux élections aux Comores. Le conseil avait défini le mandat de cette force de sécurisation qui est notamment « d’observer et de superviser le déroulement du processus électoral, contribuer á créer un environnement sécuritaire stable avant, pendant et après la conclusion du processus électoral et vérifier que pendant la période électorale, les forces de sécurité comorienne, aussi bien celles de l’Union que celles des îles autonomes, ne sont pas impliqués dans les processus électoral ».
La mission de l'Union africaine (UA) pour la sécurisation des élections aux Comores ( AMISEC) a été officiellement installée le 30 mars 2006 à Moroni en présence de l’envoyé spécial du président de l’Union Africaine aux Comores, de plusieurs autorités comoriennes, notamment les Ministre de la Défense de l’Union des Comores, les Présidents des îles autonomes de Ngazidja et de Mwali et les représentants de la Communauté internationale présents à Moroni.
Cette mission de l’Union Africaine, était composée d’un contingent de 462 militaires et policiers venus principalement de l'Afrique du Sud, mais également du Nigeria, de l'Egypte, de la République démocratique du Congo, du Mozambique, du Rwanda, de Madagascar et de Maurice. Cette mission militaire, dont le coût se chiffrait à 15 millions d'euros, disposait de 69 véhicules, de deux hélicoptères et d'un avion de transport de type DC3. Cette force de l'Union africaine (UA) aux Comores (AMISEC), avait assuré seule la sécurisation de l’élection présidentielle et l’armée comorienne a été cantonnée dans ses casernes. La mission nationale de l’observation de l’Observatoire des élections avait estimé dans son rapport quel’AMISEC avait " accompli avec sérieux et efficacité son travail de sécurisation des opérations électorales".
Ceux qui ont signé le protocole d' accord du 16 mars 2016 en espérant une sécurisation du scrutin ont prêché par naïveté. Ils seront surpris par les conditions de déroulement du vote du 10 avril 2016. Mais ce jour là, il sera trop tard. Par ComoresDroit
