Ce matin, un garde du vice-président en charge de la santé et des capotes de 20 millions de francs, son excellence Fouad Mohadji, m'a...
Ce matin, un garde du vice-président en charge de la santé et des capotes de 20 millions de francs, son excellence Fouad Mohadji, m'a agressé dans une cérémonie au Caritas Comores (Mission catholique). Le vice-président était déjà installé dans la salle quand nous, journalistes, sommes invités à y entrer. J'ai pris un peu du temps, les autres sont entrés avant moi.
Quand je franchis le seuil de la porte, avec un sac à dos penché sur mon épaule gauche, ledit garde du corps m'a empêché d'entrer. Il m'a obligé de laisser mon sac dehors. Je lui ai demandé la raison de sa stricte mesure, il m'a rien expliqué à part renfrogner davantage son visage et me répéter :"j'ai dit, pose ton sac ici". J'ai obéi, ba kowchindo trilwa mbeye. Une fois dans la salle, je me suis rendu compte que tout le monde avait son sac, sauf moi. Tellement je me posais des questions au point que je n'étais pas dans mon assiette. Pourquoi moi seulement ?
Et en plus de ça j'avais trop d'objets au bout des bras: téléphone, appareil photo, stylo, bloc note et mouchoir. Non, je ne dois pas obéir aveuglement à un tel ordre. Je suis sorti de la salle, me suis dirigé vers le monsieur à la veste trouée. "Monsieur excusez moi mais vous pouvez fouiller mon sac pour que vous me laissiez le porter". Monsieur refusa de m'écouter. Il veut que soit je rentre sans, soit je m'en aille avec. J'ai monté le ton moi aussi, je voulais savoir pourquoi il a laissé les autres entrer avec leurs sacs et moi non. Le type m'a tenu par le cou, avec ses mains dures comme un forgeron. Il m'a secoué. Heureusement j'étais pas tombé.
Je lui ai fait face à nouveau. Tsika wri ndrindra sha tsimba wso quand même: "Ou tu me laisses porter mon sac ou tu me dit pourquoi tu m'en empêches". Le monsieur aux chaussures trouées et sans chaussettes me fixa le regard, ses mains et ses lèvres tremblant. Sur son visage trempé de sueur j'ai lu quelque chose. J'ai compris que la prochaine étape sera sans doute fatale pour moi. Après je me suis dit que bon, mieux vaut que je jette l'éponge, ce monsieur pourrait être parmi les mille et une délinquants en puissance dans l'armée. Il pourrait me coller une balle pour lui avoir posé une question. Tsamba netrawe. J'ai pris du recul et quitté les lieux de la cérémonie.
Ce genre de réaction chez ce garde du corps de Fouad n'est pas un cas isolé. Le 8 décembre 2015, après un atelier sur une journée hospitalière aux Comores (JoHoCo) à Retaj, un autre militaire chargé de sa protection rapprochée m'avait empêché par la force de parler au vice-président à qui j'étais entrain de poser des questions, tout en marchant. Le type, quand je lui ai demandé pourquoi il me tirait par le col, m'a répondu que je devais d'abord avoir son autorisation avant de parler à son chef. Ah! le militaires, juste mashallah.
Quand il y en a qui font de la politique, il y en a d'autres qui jouent le protocole. Heureusement Fouad a compris que ce n'est pas au militaire chargé de sa sécurité que je devais passer pour lui poser des questions. Non, ce n'est pas son rôle au militaire. Il m'a laissé faire mon boulot, finalement, après s'être tiré les foudres du ministre du hangar de capotes aux 20 millions de nos francs.
Par Toufé Maecha
Par Toufé Maecha