Selon Hegel (m.1831) et Marx ( m.1883 ), la société civile « c'est la société bourgeoise », c'est l'espace de « l'échange...
Selon Hegel (m.1831) et Marx (m.1883), la société civile « c'est la société bourgeoise », c'est l'espace de « l'échange commerciale » , Hegel ajoute aussi que c'est l'espace des besoins. La société civile c'est aussi l'expression des intérêts de la bourgeoisie face à l'État en Europe au début du XVIIIe siècle. À cette date, la bourgeoisie européenne veut connaître la vérité sur le marché économique notamment les prix.
À partir du XIXe siècle, l'État libérale va reconnaître des libertés à l'espace publique : liberté de publier, de discuter, de critiquer. Très rapidement, des lieux de sociabilité, où on parlait des livres, on discutait des guerres, on critiquait le pouvoir, vont avoir le jour et c'est d'ailleurs à partir du fin du XVIIIe que les cafés vont se développer en Europe. Ensuite on invente les journaux fin XVIIIe et début XIXe siècle, des journaux rédigés par des personnes privées et non par le pouvoir.
Le concept de société civile n'est pas l'État mais ce n'est pas non plus la famille car le salon publique est un salon littéraire et non un salon familial.
Pour revenir à notre cher Comores, on ne peut pas dire que la société civile se détache du cadre familiale. Depuis des siècles, la société civile a été détruite par la société familiale, on vote nos proches de sang, nos proches dans le cadre des villes et villages, ensuite régionale et ainsi de suite.
L'analyse de la société comorienne permette de dégager plusieurs espaces publiques, diffusant leur idéologie à travers plusieurs réseaux : réseaux familiales, religieux, amicales voir « mafieux » même certains n'imaginent pas l'existence d'une « mafia comorienne. »
Pour revenir à l'actualité brûlante des présidentielles 2016, ce soulèvement « massif » contre le pouvoir et les erreurs de la CENI est-elle une inspiration à un bien commun ? C'est la question que chacun de nous doit se poser et à partir de là le travail des politologues peut commencer. Il est, cependant, difficile de voir dans la situation actuelle une inspiration quelconque à un bien commun dans la société comorienne. L'espace publique comorienne est prise entre un État, dirigé par un réseaux de mafia (pas très visible pour certains), ainsi qu'une longue tradition politique clientéliste. Aujourd'hui, ce qui a détruit notre pays depuis de longues années, c'est ce clientélisme qui lie les gens par la corruption et qui remplace ainsi le lien institutionnel.
Ce n'est pas un hasard si des termes tels que « vérité », « dignité », « depuis 40 ans » ont circulé dans les réseaux sociaux car c'est la propriété de l'État qui est dénoncée, ce qui est dénoncé c'est aussi la concentration de la richesse entre les mains d'un petit nombre, on dénonce des comportements et non des personnes. Comoriennes et comoriens en ont toujours l'idée, et ils ont raison, que la richesse profite à une minorité. Ce qui se passe, à mon avis, n'est que le début de ce qui va se déclencher après l'élection finale d'un président.
Que ce soit Mamadou, Mouigni, Azalai voir Fahmi, si c'est la même politique, c'est à dire le clientélisme, la corruption, il faut s'attendre à une révolte des villes moyennes contre le pouvoir, une révolte de la périphérie contre le centre. En ce moment, et c'est encore très intéressant, une espace publique virtuelle est entrain de se construire à travers les réseaux sociaux. Cela permet, grâce la nouvelle technologie, une circulation rapide des informations, tout le monde peut donner son avis dans les réseaux sociaux.
Une sorte de culture individualiste commence à se développer dans ces réseaux sociaux, ce qui permet à chacun d'influencer plus ou moins le discours de l'élite politique ce qui mène à décrédibiliser le discours politique. Tout cela, selon ma vision des choses, montre que la société comorienne n'est plus la même, qu'elle est capable de se mobiliser, qu'elle est capable de dépasser le clientélisme pour aspirer à un bien commun.
Par MOHAMED CHANFIOU Moustakim ©habarizacomores.com
Par MOHAMED CHANFIOU Moustakim ©habarizacomores.com