L’affaire, révélée ce jeudi par Mediapart.fr, a été confirmée par le parquet d’Evry. L’élue d’Evry Fatoumata Koïta, maire adjointe en charge...
L’affaire, révélée ce jeudi par Mediapart.fr, a été confirmée par le parquet d’Evry. L’élue d’Evry Fatoumata Koïta, maire adjointe en charge de l’Enfance et des dispositifs périscolaires, qui est également conseillère départementale et assistante parlementaire d’un député de Mayotte, aurait détourné de l’argent public à des fins personnelles.
« Une enquête a bien été ouverte, confirme le procureur de la République Eric Lallement. Fatoumata Koïta, qui a été entendue, reconnaît une partie des faits. Un complément d’enquête a toutefois été demandé à l’antenne de la police judiciaire d’Evry. » Si le parquet se refuse, pour l’heure, à détailler l’ampleur du préjudice, le site d’information en ligne évoque « des achats sur Internet, des sorties au cinéma mais aussi des séances shopping chez Mango, Zara ou Sephora » pour un montant « qui pourrait atteindre quelques dizaines de milliers d’euros ».
Un parcours jusque-là exemplaire
Pour parvenir à ses fins, Fatoumata Koïta aurait frauduleusement utilisé des cartes bancaires et un chéquier de Saïd Boinali, député de Mayotte apparenté socialiste. Il s’agirait « des comptes personnels » de l’élu et du « compte alimenté chaque mois à hauteur de 5 700 € par l’Assemblée nationale pour couvrir les dépenses professionnelles » du député. Lequel ne l’a pas pour autant licenciée. « A l’époque, elle m’a fait un mot [d’excuses] », a confié l’intéressé à nos confrères de Mediapart, ajoutant que « ça a mis beaucoup de temps, mais elle a commencé à rembourser ».
Contactée en fin de journée, Fatoumata Koïta n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Son groupe lui demande de se mettre en retrait du département
C. CH. Florian Garcia - leparisien.fr
Un parcours jusque-là exemplaire
L’engagement en politique de cette fille d’immigrés maliens commence en 2008. Le Premier ministre, Manuel Valls, alors maire d’Evry, recrute cette militante associative arrivée en 1991 dans la commune avec sa famille.
A l’automne 2013, elle devient l’attachée parlementaire de Saïd Boinali, député (PS) de Mayotte. En janvier 2014, Francis Chouat, successeur de Manuel Valls à la tête d’Evry, propulse la jeune femme, jusque-là « simple » conseillère municipale, à la deuxième place de sa liste pour les élections municipales de mars 2014.
Dix jours plus tard, elle fait son entrée au conseil départemental de l’Essonne. A 30 ans, elle en devient aussi la benjamine. Elle remplace celui qu’elle suppléait sur le canton d’Evry-Nord, Michel Berson, qui avait fini par céder son siège après être devenu sénateur. « Quelle fierté de voir cela. Pour l’Essonne, je pense qu’il s’agit d’un événement historique », assurait-il alors.
Réélue en mairie en mars 2014, la titulaire d’un master d’information et communication, d’une licence d’arabe et d’une licence en sciences de l’éducation devient maire adjointe en charge de l’enfance et des dispositifs périscolaires.
En 2015, lors des élections départementales, le binôme composé de l’élue sortante Fatoumata Koïta et du maire adjoint d’Evry, Ronan Fleury, s’offre la plus large victoire au second tour des départementales en Essonne. Dans ce fief de Manuel Valls, ils glanent 72,8 % des voix face au FN.
Pour parvenir à ses fins, Fatoumata Koïta aurait frauduleusement utilisé des cartes bancaires et un chéquier de Saïd Boinali, député de Mayotte apparenté socialiste. Il s’agirait « des comptes personnels » de l’élu et du « compte alimenté chaque mois à hauteur de 5 700 € par l’Assemblée nationale pour couvrir les dépenses professionnelles » du député. Lequel ne l’a pas pour autant licenciée. « A l’époque, elle m’a fait un mot [d’excuses] », a confié l’intéressé à nos confrères de Mediapart, ajoutant que « ça a mis beaucoup de temps, mais elle a commencé à rembourser ».
Contactée en fin de journée, Fatoumata Koïta n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Son groupe lui demande de se mettre en retrait du département
Pas de démission en vue, mais « une demande de mise en retrait ». Lundi, les élus d’opposition au département affiliés au groupe RGE (Rassemblement de la gauche et des écologistes) effectueront leur rentrée, mais sans Fatoumata Koïta.
Suite à des vols répétés par utilisation frauduleuse de mes cartes bancaires, j'ai déposé une plainte et une enquête est...
Posté par Député Boinali Saïd Toumbou sur vendredi 4 mars 2016
« Nous avons pris une mesure conservatoire en lui demandant de se mettre en retrait du groupe, le temps de l’enquête, et pour qu’elle puisse se consacrer à sa défense », confie David Ros. Le chef du groupe RGE a appris pendant ses quelques jours de vacances les déboires de la conseillère départementale du canton d’Evry.
Notamment par téléphone avec Francis Chouat, le maire (PS) d’Evry, le fief du Premier ministre Manuel Valls, où la nouvelle a rapidement circulé. Francis Chouat « s’est refusé à tout commentaire sur le dossier ». Il a toutefois souligné que les faits reprochés à la maire adjointe « ne concernaient pas la ville d’Evry ». « Cette affaire est plus compliquée qu’il n’y paraît, et elle concerne l’activité salariée de Fatoumata Koïta, donc absolument pas le groupe au département », enchérit-on au groupe RGE.
C. CH. Florian Garcia - leparisien.fr