L’Ambassadeur de France Monsieur Robby Judes s’est rendu mardi 8 mars en fin de matinée au foyer des femmes de Moroni afin de célébrer la j...
L’Ambassadeur de France Monsieur Robby Judes s’est rendu mardi 8 mars en fin de matinée au foyer des femmes de Moroni afin de célébrer la journée internationale de la Femme.
Devant un auditoire composé des autorités comoriennes et des candidats à la présidentielle, les représentations féminines ont dressé un état des lieux de la situation de la Femme en Union des Comores et de l’égalité des sexes.
A cette occasion, l’Ambassadeur de France Monsieur Robby Judes a prononcé le discours ci dessous:
« Excellence, M. Le Vice- Président de l’Union des Comores en charge de la Santé
M. le Coordinateur du système des Nations Unies,
Madame la Commissaire à la Promotion du Genre,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Il ne pouvait y avoir de lieu plus indiqué que le Foyer des Femmes pour célébrer, avec nos partenaires de l’Etat comorien, la Journée Internationale de la Femme.
Je me réjouis de la présence en nombre de représentants de l’Etat comorien, de partenaires et d’organisations spécialisées sur les questions de genre. Votre engagement est la preuve d’une volonté ferme de construire pour les femmes la place qui leur est due.
Je souhaite rappeler que l’engagement de la France en faveur des droits des femmes se décline principalement autour de deux priorités : d’une part, la lutte contre les violences faites aux femmes, et, d’autre part, la promotion de la participation effective des femmes dans la vie politique et économique, y compris au plus haut niveau. Nous sommes, dans cette optique, étroitement associés à nos partenaires de l’Union Européenne, par le biais de notre programmation conjointe, qui détermine des axes spécifiques de coopération et met notamment l’accent sur le renforcement des droits des femmes et la lutte contre les violences.
L’objectif est simple : il s’agit de faire en sorte que l’égalité entre les femmes et les hommes ne soit plus seulement un principe inscrit dans les textes, mais qu’elle devienne une réalité concrète. C’est d’ailleurs le thème de la célébration de cette année : « Planète 50/50 d’ici 2030 : Franchissons le pas pour l’égalité des sexes ».
À l’Assemblée générale des Nations unies, a minima tous les deux ans, la France met un point d’honneur à se faire la voix de l’élimination des violences envers les femmes en proposant des résolutions en ce sens. Nous voulons ainsi renforcer la prise de conscience progressive de la communauté internationale sur ce sujet majeur.
Je rappelle que nous avons soutenu les toutes premières résolutions des Nations Unies condamnant et luttant contre les mutilations génitales féminines et les mariages forcés. La première d’entre elles, la Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence à l’égard les femmes, adoptée en assemblée générale en 1993, et à laquelle l’Union des Comores est signataire, dispose que :
« Les termes « violence à l’égard des femmes » désignent tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».
Aux Comores, pays où les femmes sont au cœur du lignage, et où je salue l’émergence de groupements et d’initiatives personnelles qui mettent à l’honneur l’esprit d’entreprise des femmes comoriennes, les conditions sont réunies pour que celles-ci aient accès, de la même manière que leurs compagnons, à l’éducation, à l’emploi, à la santé, à l’excellence.
Je veux rendre hommage aux femmes qui s’engagent dans la vie publique du pays, les femmes élues ou qui ont fait campagne ces dernières années, et qui ont le courage de porter haut leurs messages. Je veux témoigner mon respect à toutes celles qui développent l’économie des Comores ; certaines sont à la tête d’institutions publiques ou privées parmi les plus connues du pays, elles sont pour toutes et tous des exemples de réussite. Je salue aussi toutes celles qui s’engagent pour le développement de leur pays, de leur société, de leurs idées.
Mais, mesdames et messieurs, n’oublions pas qu’il nous faudra accomplir encore bien des efforts pour que le thème de cette année ne reste pas que théorique. Un bref constat, révélé par les dernières enquêtes sociodémographiques sur les Comores, nous montre que les violences fondées sur le genre perdurent. Ces violences, physiques, sexuelles ou psychologiques – peu importe la définition que l’on souhaite en donner - restent un problème de taille, qui se heurte à des tabous difficiles à briser.
L’espace du foyer familial, les milieux professionnel et scolaire, ne sont pas exempts de violences concernant les femmes et les mineurs. Je pense en particulier à la pratique des mariages précoces et/ou forcés. Vous n’aurez pas manqué de voir l’exposition qui était inaugurée hier à ce sujet à l’Alliance française de Moroni et qui sera visible jusqu’au 12 mars puis circulera dans les îles.
Les dénonciations et les recours aux structures de protection existantes sont rares de par la proximité sociale et la prévalence des arrangements à l’amiable, qui accentuent la situation de vulnérabilité dans laquelle se trouvent les femmes.
Ces violences ont des conséquences néfastes sur la santé physique et psychologique des victimes : conséquences physiques en cas de coups et blessures, mais aussi propagation de maladies sexuellement transmissibles, grossesses précoces, abandon du circuit scolaire, spoliation des biens, dégradation de l’estime de soi, sentiment d’abandon ou d’impuissance face à des pratiques juridiques qui vont à l’encontre de la dignité des femmes victimes, etc.
Malgré les efforts menés par les différentes institutions et leurs opérateurs, ainsi que par les ONG spécialisées sur les questions de genre, la dernière enquête sociodémographique détaillant les cas de violences faites aux femmes et aux filles montre que celles-ci sont encore victimes de diverses formes de violences qui amoindrissent leur potentiel humain et leur contribution efficiente au développement durable de la société comorienne.
Des changements doivent aujourd’hui être apportés à la perception de la femme et de sa place au sein de la société comorienne, notamment en ce qui concerne la libre disposition de son corps, sa liberté de conscience, et son statut dans la société.
La dynamique constituée autour de la lutte contre les violences, via un renforcement du droit relatif à sa défense, l’amélioration de sa prise en charge sociale, psychologique et médicale, et une sensibilisation accrue des diverses strates socio-professionnelles et sociales est un axe fondamental pour la reconnaissance des droits de la femme dans la sphère comorienne.
Une prise de conscience collective, sous l’impulsion du gouvernement comorien, et une amélioration des réponses apportées permettront l’éradication progressive de ces violences et l’élévation du statut de la femme, en conformité avec les exigences du droit international, donc en accord avec l’ensemble des cadres juridiques et institutionnels dont les Comores sont signataires.
Mesdames et messieurs,
La France continuera, aux côtés de l’Etat comorien, à assurer la défense des droits des femmes dans tous les domaines.
La France continuera à militer pour que les filles aient accès à l’école, à l’éducation, et puissent choisir librement l’orientation de leur vie personnelle et professionnelle.
La France s’engagera pour la protection de leur droit à travailler, et à être rémunérées pour leur travail.
La France continuera à œuvrer pour leur protection, pour que les violences à leur encontre cessent, mais aussi pour que ceux qui les commettent soient identifiés et punis.
Notre diplomatie en faveur des droits des femmes sera toujours volontariste, offensive et militante, dans l’esprit de la Déclaration des droits humains de 1948.
Je vous remercie pour votre attention ».
Par AmbaFrance
Par AmbaFrance