Le 21 février 2016, les élections présidentielles et des gouverneurs des iles se déroulaient dans un calme tout relatif. La population semb...
Le 21 février 2016, les élections présidentielles et des gouverneurs des iles se déroulaient dans un calme tout relatif. La population semble s’être déplacée en masse pour y participer. Malgré que les dépouillements se déroulent dans un climat de suspicion et de désorganisation, à Moroni notamment.
La tension politique s’accroît dans l’intervalle des 3 jours séparant la clôture du scrutin et la proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). 22 candidats, dont Mouigni Baraka Saïd Soilihi, Azali Assoumani et Fahmi Saïd Ibrahim…. réclament l’annulation d’un scrutin qu’ils jugent frauduleux. Persuadé de sa victoire électorale, Mohamed Ali Soilihi Alias Mamadou ne dit mot. Les jours suivants, des rumeurs se répandent partout. Pour contrecarrer des chiffres jugés « fantaisistes », la CENI publie au compte-goutte des résultats partiels en faveur des quatre candidats qui réclament chacun sa victoire.
Dans le même laps de temps, les observateurs internationaux évoquent des irrégularités nombreuses dans la tenue du scrutin mais qui ne peuvent pas entacher l’élection. Le camp du candidat Fahmi estime que ce son candidat qui l’a emporté. Du jour au jour, quelques tentatives de rassemblements se produisent, mais elles sont vite dispersées par des unités policières et militaires.
La situation du pays reste globalement calme malgré la terreur, la population attendait la publication des résultats définitifs avec inquiétude. A Moroni, où la population redoute des violences, ceux qui disposent de moyens tentent de stocker des vivres. Alors qu’elle a repoussé la proclamation des résultats à maintes reprises, la Cour Constitutionnelle s’exécute enfin ce samedi 05 Mars. Mohamed Ali Soilihi en tète, suivi de Mouigni Baraka puis Azali Assoumani les trois candidats qui disputeront le second tour de l’élection présidentielle le 10 avril prochain. Le candidat Fahmi Saïd Ibrahim, n’a pas fait son entré dans le trio comme l’annoncé la CENI le 24 février dernier.
Les médias occidentaux ont annoncé, comme à leur habitude, une explosion de violence dans le pays suite au scrutin présidentiel avant même la proclamation des résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle. Sur les réseaux sociaux on évoque des arrestations et des violences. La situation sur le terrain est pourtant différente. Malgré des rivalités et tensions internes, l’Etat contrôle globalement la situation, l’armée et la police nationale demeurent suffisamment dissuasives à l’égard de la moindre tentative de soulèvement populaire.
Par ailleurs, l’idée selon laquelle le Comores et sous la menace d’une guerre civile ou en crise poste électorale ne se vérifie pas sur le terrain. Si les supporters du candidat Fahmi à Moroni notamment, veulent tenter de se soulever mais ils devront faire face à une répression armée qui pourrait s’avérer féroce. Mais pour l’heure le soutien à d’éventuelles révoltes populaires, le scénario demeure peu probable.
Par contre, depuis la publication des résultats provisoires par la CENI, des marches pacifiques ont été tentées mais elles ont été dispersées par l’armée massivement déployée dans la capitale. Les jours qui ont suivi cette proclamation, les populations craignaient des affrontements et répression militaire. Depuis, les activités ont repris, les marchés ont rouverts, les enfants sont de retour à l’école. Et à Moroni aujourd’hui deuxième jour de la publication des résultats définitif, la crise reste essentiellement politique, elle n’a pas provoqué les massacres prévus par les médias occidentaux. La ville de Moroni est dans son clame habituelle d’un dimanche. L’armée est par ailleurs entrains de nettoyer le littoral et la place de l’indépendance, aucune menace ne paise sur Moroni. La capitale comorienne garde son image habituelle.
Nakidine Hassane