Si la diaspora comorienne ne pourra pas prendre part à la prochaine élection présidentielle ,elle reste très courtisée par les candidats. Et...
Si la diaspora comorienne ne pourra pas prendre part à la prochaine élection présidentielle ,elle reste très courtisée par les candidats. Et les Comoriens de l’étranger n’hésiteront pas à donner leur consigne de vote.
Aux Comores, il y a trois acteurs majeurs lors des élections : les candidats, les électeurs et… la diaspora. Côté candidats, 25 prétendants ont été retenus pour concourir à la magistrature suprême. Le 21 février se tiendra le premier tour de l’élection présidentielle en forme de primaire à Grande Comores, la principale île de la fédération. Avec l’instauration d’une présidence tournante depuis 2001, le prochain président comorien sera issu de cette île. Trois candidats seront ensuite retenus pour un second tour, fixé le 10 avril. Côté électeurs, les Comoriens seront environ 280.000 à pouvoir prendre part au scrutin sur les trois îles. Reste enfin la diaspora.
Avec 300.000 Comoriens installés en France, la diaspora représente un poids politique important lors des scrutins dans l’île. Mais la diaspora n’a jamais obtenu le droit de vote. Pour la présidentielle de 2016, les autorités comoriennes avaient pourtant promis leur participation au scrutin, avant de faire rapidement marche arrière, pour « des raisons techniques ». Ce revirement n’étonne pas vraiment Achirafi Saïd Hachim, candidat à la présidentielle : « Si le gouvernement comorien avait fait le nécessaire pour que la diaspora puisse voter, cela n’aurait pas été à son avantage ». Pour ce candidat, qui tenait meeting devant la diaspora à Paris début 2016, l’incurie et la corruption des gouvernants de ces dernières années pousseraient la diaspora à pencher pour sa candidature « ou un autre candidat », mais certainement pas pour une classe politique « qui ne brille pas par sa bonne gouvernance ».
Preuve de l’intérêt pour des candidats « plus propres », la foule qui se presse ce dimanche de janvier dans le XIIIème arrondissement de Paris. Pour Chariffou Saïd Bakar, président du comité de soutien d’Achirafi Saïd Hachim, son candidat est l’un des rares « à ne pas avoir pioché dans la caisse ». Au coeur des doléances de la diaspora, on retrouve avant tout la lutte contre la corruption et l’impunité. « Avant, la corruption se limitait à la douane, mais maintenant elle s’est déplacée au Tribunal de grande instance de Moroni. Il y a une corruption généralisée, à tous les niveaux, du simple employé aux grands dirigeants ». Selon ce Comorien de la diaspora, commercial, en France depuis 1984, « on a l’impression qu’il n’y a jamais eu de gouvernement aux Comores depuis 40 ans. Il n’y a pas de route. J’habite à 11 km de la capitale, et il faut plus de 45 minutes de trajet. Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité et l’état des installations sanitaires est déplorable. Tout cela fait que la diaspora est révoltée ».
La diaspora comorienne, même privée de droit de vote, compte bien prendre part au scrutin… à sa manière. « Le Comorien de la diaspora est prescripteur, explique Chariffou Saïd Bakar. La diaspora est la seule à pouvoir garantir le quotidien de leur famille. Elle envoie beaucoup d’argent et même de quoi se nourrir par le fret aérien ou maritime. Ces Comoriens sont donc très écoutés par leurs proches restés au pays ». Pour cette raison, la diaspora se retrouve très courtisée. « La diaspora conseille les familles sur place de voter pour l’un ou l’autre des candidats » renchérit le candidat Achirafi Saïd Hachim. Mais il n’est pas le seul à compter sur le soutien des Comoriens de France. L’un des favoris du scrutin, l’ancien président Azali Assoumi possède lui aussi un comité de soutien en France, où il a tenu meeting. C’est également le cas des principaux candidats à la présidentielle, comme Mohamed Ali Soihili, proche de l’actuel président comorien ou de Fahmi Saïd Ibrahim, « poisson pilote » de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi dont la candidature a été rejetée. Dans la course à la primaire, Chariffou Saïd Bakar espère que son candidat sera le « challenger » du scrutin et arrivera en troisième position pour disputé le second tour d’avril.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
A propos de l'auteur
Aux Comores, il y a trois acteurs majeurs lors des élections : les candidats, les électeurs et… la diaspora. Côté candidats, 25 prétendants ont été retenus pour concourir à la magistrature suprême. Le 21 février se tiendra le premier tour de l’élection présidentielle en forme de primaire à Grande Comores, la principale île de la fédération. Avec l’instauration d’une présidence tournante depuis 2001, le prochain président comorien sera issu de cette île. Trois candidats seront ensuite retenus pour un second tour, fixé le 10 avril. Côté électeurs, les Comoriens seront environ 280.000 à pouvoir prendre part au scrutin sur les trois îles. Reste enfin la diaspora.
L’ancien ministre de l’Intérieur Achirafi Saïd Hachim est candidat à la prochaine élection présidentielle comorienne © Ch. Rigaud – Afrikarabia |
Promesse non tenue
Avec 300.000 Comoriens installés en France, la diaspora représente un poids politique important lors des scrutins dans l’île. Mais la diaspora n’a jamais obtenu le droit de vote. Pour la présidentielle de 2016, les autorités comoriennes avaient pourtant promis leur participation au scrutin, avant de faire rapidement marche arrière, pour « des raisons techniques ». Ce revirement n’étonne pas vraiment Achirafi Saïd Hachim, candidat à la présidentielle : « Si le gouvernement comorien avait fait le nécessaire pour que la diaspora puisse voter, cela n’aurait pas été à son avantage ». Pour ce candidat, qui tenait meeting devant la diaspora à Paris début 2016, l’incurie et la corruption des gouvernants de ces dernières années pousseraient la diaspora à pencher pour sa candidature « ou un autre candidat », mais certainement pas pour une classe politique « qui ne brille pas par sa bonne gouvernance ».
« La diaspora est révoltée »
Salle comble à Paris pour écouter le candidat © Ch. Rigaud – Afrikarabia |
Preuve de l’intérêt pour des candidats « plus propres », la foule qui se presse ce dimanche de janvier dans le XIIIème arrondissement de Paris. Pour Chariffou Saïd Bakar, président du comité de soutien d’Achirafi Saïd Hachim, son candidat est l’un des rares « à ne pas avoir pioché dans la caisse ». Au coeur des doléances de la diaspora, on retrouve avant tout la lutte contre la corruption et l’impunité. « Avant, la corruption se limitait à la douane, mais maintenant elle s’est déplacée au Tribunal de grande instance de Moroni. Il y a une corruption généralisée, à tous les niveaux, du simple employé aux grands dirigeants ». Selon ce Comorien de la diaspora, commercial, en France depuis 1984, « on a l’impression qu’il n’y a jamais eu de gouvernement aux Comores depuis 40 ans. Il n’y a pas de route. J’habite à 11 km de la capitale, et il faut plus de 45 minutes de trajet. Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité et l’état des installations sanitaires est déplorable. Tout cela fait que la diaspora est révoltée ».
La diaspora, « des Comoriens très écoutés »
La diaspora comorienne, même privée de droit de vote, compte bien prendre part au scrutin… à sa manière. « Le Comorien de la diaspora est prescripteur, explique Chariffou Saïd Bakar. La diaspora est la seule à pouvoir garantir le quotidien de leur famille. Elle envoie beaucoup d’argent et même de quoi se nourrir par le fret aérien ou maritime. Ces Comoriens sont donc très écoutés par leurs proches restés au pays ». Pour cette raison, la diaspora se retrouve très courtisée. « La diaspora conseille les familles sur place de voter pour l’un ou l’autre des candidats » renchérit le candidat Achirafi Saïd Hachim. Mais il n’est pas le seul à compter sur le soutien des Comoriens de France. L’un des favoris du scrutin, l’ancien président Azali Assoumi possède lui aussi un comité de soutien en France, où il a tenu meeting. C’est également le cas des principaux candidats à la présidentielle, comme Mohamed Ali Soihili, proche de l’actuel président comorien ou de Fahmi Saïd Ibrahim, « poisson pilote » de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi dont la candidature a été rejetée. Dans la course à la primaire, Chariffou Saïd Bakar espère que son candidat sera le « challenger » du scrutin et arrivera en troisième position pour disputé le second tour d’avril.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
A propos de l'auteur
Journaliste, réalisateur de documentaires TV. Anime depuis 2007 le site AFRIKARABIA consacré à la République démocratique du Congo (RDC)
Retrouvez cet article sur AFRIKARABIA