J’ai la désagréable impression que l’on se plait à passer à côté des choses graves. Justement parce qu’elles sont tellement graves que nous...
J’ai la désagréable impression que l’on se plait à passer à côté des choses graves. Justement parce qu’elles sont tellement graves que nous devons nous abstenir de ricaner mais dénoncer plutôt avec vigueur.
Qui peut après la diffusion du tableau sur les résultats du scrutin des gouverneurs de l’île de la Grande-comore, croire encore à l’efficacité de nos structures électorales et aux compétences des « experts » qui y sont affectés.
Comment peut-on affronter froidement le pays et le monde entier pour sortir des chiffres aussi invraisemblables. Augmenter sans s’apercevoir 4.41% pour en faire un total de 104,41% et rajouter plus de 4600 voix a de quoi vous foutre en rogne.
Les communiqués des observateurs publiés après ces résultats, censés apporter des éclairages, sont si évasifs, imprécis et ambigus, qu’ils rajoutent à la confusion générale. Le pouvoir et la classe poltique ne peuvent prétendre respecter le choix des urnes, en laissant à la seule Cour Constitutionnelle le soin de nettoyer les écuries d’Augias.
Microsoft Excel, le logiciel utilisé est un tableur simple à manipuler. Chaque fichier correspond à un classeur composé de feuilles de calculs organisés. Chaque feuille correspond à «un tableau de lignes et de colonnes pouvant contenir des valeurs (numériques ou non) ainsi que des formules permettant les calculs». Qui a gelé les formules pour effectuer ses propres opérations et pourquoi ?
Après des élections propres saluées par l’ensemble de la classe politique et la communauté internationale, comment peut-on encore avec une audace insolente se tromper sur des calculs. Si l’intention était frauduleuse, qui a diligenté ces opérations et au profit de qui ? Car une telle erreur ne peut rester impunie.
L’auteur de cette bévue doit en payer le prix. L’image du pays et des élections en ont prix un coup.
Des milliers des gens se sont rendus aux urnes. Des candidats ont sacrifié leur temps et leur énergie pour battre campagne aux quatre coins du pays. Des partis se sont engagés dans une bataille longue et couteuse pour convaincre l’opinion à les voter.
Comment peut-on d’un revers de main, balayer tous ces efforts et vicier la démocratie dans ce pays. Le président de la république a engagé sa personnalité, sa responsabilité et son honneur pour veiller à des élections libres et démocratiques. L’ensemble de la communauté des observateurs l’ont rencontré pour saluer les efforts engagés et présenter leurs félicitations.
Nous avons pris des mois et des mois, pour recenser la population à deux reprises, gaspiller des millions et des millions pour produire des cartes biométriques et plaider pour obtenir des fonds de la communauté internationale pour financer ces élections.
Qui pouvait se doutait que nos structures chargées des élections allaient rabaisser ce travail de titan. Il faut maintenant déterminer les responsabilités, comprendre les intentions, sanctionner et rectifier les erreurs pour pouvoir avancer et permettre ainsi des élections libres et transparentes.
Personne n’a intérêt à être élu sur la base de tant de suspicions au risque de fragiliser la prochaine présidence et de (dé)légitimer le pouvoir.
Il ne faut surtout pas que cette grossière manipulation de chiffres sert de stratagème pour accoucher un pouvoir intérimaire, une ruse pour rompre le processus démocratique, au risque d’engendrer au final un pouvoir bâtard.
Par AHMED ALI AMIR (A.A.A)
Image ©Kamardine Soulé