Le constat fait, il y a cinq ans, par le rapport Agr III intitulé « Élections et gestion de la diversité aux Comores » n'a pris aucune ...
Le constat fait, il y a cinq ans, par le rapport Agr III intitulé «Élections et gestion de la diversité aux Comores» n'a pris aucune ride. Élaboré en septembre 2011 dans le cadre de la troisième édition du Rapport sur la gouvernance en Afrique*, le document avait montré que le comportement électoral aux Comores était fortement influencé par l’appartenance insulaire.
Selon cette enquête, les électeurs votent sur des bases insulaires et partisanes."Peu de partis ont une existence nationale et les majorités se sont dégagées en référence à des mouvances présidentielles ou oppositionnelles", y lit-on.
En se fondant sur une analyse approfondie des élections qui ont eu lieu ces trois dernières décennies (avant septembre 2011, Ndlr), l’étude confirme une idée qu'on se fait depuis longtemps : en période électorale, on vote d’abord pour quelqu’un de son clan familial, de son village, de sa ville ou de son île.
Elle a donc noté divers types de comportement électoral: Un vote insulaire fortement empreint de méfiance et de défiance apparue entre les îles, une accentuation de l’opposition villes/campagne dans le choix des candidats et dans le vote et de jeunes générations très engagées politiquement dans le but de tirer un profit financier et matériel immédiat et qui sont de plus en plus éloignées de l’idéal du bien-être collectif, de la justice et de l’entraide.
Un vote insulaire fortement empreint de méfiance
Le rapport note, par ailleurs, que la méfiance et la défiance apparues entre les îles au fil des décennies a eu comme corollaire l’adoption de structures institutionnelles complexes et peu efficaces orientées principalement vers la satisfaction des préoccupations/revendications insulaires. "L’exemple de la nouvelle constitution votée le 23 décembre 2001 et révisée en 2009 est édifiant. Les élections présidentielles de 2002, de 2006 puis de 2010 ainsi que les différentes élections législatives découlant de cette constitution ont permis d’élire des personnalités plutôt mues d’intérêt régionaliste que nationale", relève le même rapport.
Il note un net recul du nationalisme et du patriotisme qui jadis réunissaient les élites et la population et permettaient l’acquisition d’une grande maturité ayant contribué notamment à l’acquisition de l’indépendance ou la lutte contre le mercenariat.
Une jeune génération très engagée politiquement , mais dans le but de tirer un profit financier et matériel immédiat
Selon les enquêteurs, on assiste dans le pays à l’émergence de pratiques étrangères aux traditions de vertu et de tolérance qui caractérisaient la société comorienne. "La généralisation de la crise économique a fait que nombreux jeunes s’engagent auprès des candidats ou des équipes de campagnes non pas par conviction ou pour un idéal mais tout simplement pour la recherche de l’argent facile et de l’enrichissement sans le moindre effort. Ils votent pour celui qui déboursera le plus de moyens financiers" indique l’enquête.
Kamardine Soulé
* Une enquête de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique