Entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, le président Ikililou Dhoinine a choisi la première. Après la rupture des relations diplomatique...
Entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, le président Ikililou Dhoinine a choisi la première. Après la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, suite à l'attaque et à la destruction de l'Ambassade d'Arabie Saoudite à Téhéran, le président comorien a décidé le rappel de l'Ambassadeur des Comores en Iran.
Depuis cette décision, on lit ici et là, de la part ceux-là même qui pendant cinq ans n'ont cessé de critiquer l'inaction et la versatilité du président comorien, des paroles sévères en son encontre. Selon ses adversaires politiques ou certains observateurs de la vie politique, le président Ikililou devrait maintenir son pays dans une sorte de neutralité diplomatique, ni Arabie Saoudite, ni Iran. D'autres franchissent le pas, l'accusant d'avoir pris cette décision à cause de l'aide économique de l'Arabie Saoudite.
Les Comores sont-elles devenues les Suisses de l'Océan Indien ? Sont-elles devenues une petite Normandie africaine ? Depuis quand ?
L'échec du mouvement des non-alignés a montré qu'une neutralité diplomatique est une position peu tenable dans le monde d'aujourd'hui. Le président Ikililou a raison de choisir. Un homme politique, encore plus un président de la République est là pour prendre des décisions et non pour tergiverser sur des grandes questions qui engagent son pays. Or personne ne peut dire que l'affrontement entre ces deux pays ne concerne pas les Comores, pays de la Ligue Arabe et sunnite. Il suffirait de citer la création le 29 mars 2015 de la force armée créée par les 29 pays de la Ligue arabe dont plusieurs observateurs ont montré que l'objectif de cette armée est de stopper les visées iraniennes dans certains pays arabes.
Ce n'est pas la première fois que la diplomatie comorienne fait un choix claire et net. Elle a depuis longtemps pris position pour la Chine sur la question de Taiwan alors que les grandes puissances comme les Etats-Unis s'opposent à celle-ci. Dans le conflit au Sahara occidental, les Comores ont toujours soutenu le Maroc, face à la Mauritanie et à l'Algérie.
Pourquoi dans le conflit opposant l'Arabie Saoudite à l'Iran le président de la République ne peut pas dire que nos intérêts politiques, vitaux et même économiques nous recommandent d'être du côté de l'Arabie Saoudite ?
Pourquoi, lorsque le Président Sambi a fait venir aux Comores le président iranien et plusieurs ONG iraniennes qui aident les Comoriens dans divers domaines (éducation, santé, économie...), les mêmes observateurs n'ont pas jugé que le pays ne devait pas prendre position pour l'Iran ?
Les Comoriens ont élu le président Ikililou, après le président Sambi. Le Président de la République est véritablement celui qui conduit la diplomatie comorienne en ayant une vision de l'intérêt général. On peut ne pas être en phase avec ses choix, mais on ne peut pas lui reprocher de rompre avec l'indécision et sûrement pas de fixer son pays dans un camp.
Par Abdou Attoumanne
Par Abdou Attoumanne