Par un communiqué assez laconique, le gouvernement comorien a annoncé, par la voie et la voix du ministère des relations extérieures, le 13...
Par un communiqué assez laconique, le gouvernement comorien a annoncé, par la voie et la voix du ministère des relations extérieures, le 13 janvier, la rupture des relations diplomatiques avec la république islamique d'Iran.
Et tout de suite, les réseaux sociaux qui s'en saisissent de s'enflammer. Et les "gros" mots de fuser. Iki est ceci, Iki est cela, son MIREX est... etc.
Point n'est besoin, dans ce dossier assez complexe, d'injurier, d'insulter, de manquer de respect aux institutions de la république et à ceux qui les incarnent. Il s'agit seulement de se poser les questions qu'il faut pour finir par se demander pourquoi cet acte inconsidéré et sûrement peu réfléchi des autorités comoriennes.
Sur quel angle s'articule la diplomatie comorienne ?
Au départ, il faudrait que les Comores apprennent à se dire qu'en tant qu'Etat, elles n'ont pas d'amis mais des intérêts. Aucun pays du monde - je paraphrase un illustre et célèbre homme d'Etat - n'a d'ami mais des intérêts. Chacun d'eux définit, au regard de cette affirmation, sa politique extérieure en fonction de ses intérêts propres.
Pour peu que je sache, hormis les 32 mois de pouvoir révolutionnaire d'Ali Soilihi et les presque 12 ans d'Ahmed Abdallah Abdérémane, les Comores n'ont jamais eu de politique étrangère définie qui guide l'action des chefs de la diplomatie.
Chacun des ministres arrivant place de l'Indépendance essaie de faire comme il peut mais sans ligne précise définie sur laquelle il va pouvoir s'appuyer pour conduire la diplomatie de son pays. C'est la routine, les voyages sans but, les propos pas réfléchis et les déclarations à l'emporte-pièce comme les actes, d'ailleurs, dont celui que le gouvernement a pris ce 13 janvier. Je ne citerai pas pas de noms mais certains chefs de la diplomatie comorienne auraient tendu la sébile pour leur ventre. Je vois certains fonctionnaires du MIREX faire la moue devant ces propos mais je ne les en empêche pas. Je les mets seulement au défi de pouvoir me démentir.
Une ligne de conduite diplomatique bien arrêtée, à mes yeux, commence d'abord par être assise sur des ressources humaines. Y en a-t-il au MIREX? Non, franchement non. Les bons éléments parmi le personnel "diplomatique" du MIREX sont dans les couloirs. Dans les représentations diplomatiques à l'étranger, on trouve presque toujours des hommes et/ou des femmes étrangers aux affaires (étrangères). Lorsqu'ils ne sont plus en poste, à l'étranger, à leur retour au pays, ils retournent à leurs ministères d'origine qui ne sont pas celui des REX.
A chaque changement de régime, l'on se remet à faire la même chose, c'est-à-dire, le grand ménage, le remplacement des uns et des autres par les courtisans, les amis, les membres de la famille, bref tous ceux qui sont incapables de gérer les relations diplomatiques du pays.
Dans le cas présent, objet de notre propos, je ne voudrais pas dire comme certains, en reprenant le refrain des 20 milliards offerts par l'Arabie Saoudite pour croire que l'acte du gouvernement comorien, ce mercredi, serait lié à cela, serait dicté par l'argent. Voir les choses ainsi ce serait faire insulte à la diplomatie comorienne car ce serait croire que le gouvernement ferait de la prostitution. Que fait une prostituée ? Dès qu'un homme lui donne l'argent qu'elle veut, elle lève la robe et se couche. Je voudrais croire seulement que l'acte est dicté par l'amateurisme de la diplomatie du pays de Massimou, Mtsala et Hamadi Patiara.
Si les dirigeants comoriens ont rompu les relations diplomatiques qui lient les Comores au pays de Khomeiny, c'est qu'ils ont cassé la clé pour le développement remise par Mahmoud Ahmadinedjad lors de sa visite il y a quelques années.
Une diplomatie comorienne bien définie aurait regardé toutes les directions pour voir quel autre pays a rompu avec l'Iran depuis l'apparition de la crise entre Riyad et Téhéran. Elle aurait surtout lu la résolution de la Ligue arabe du Caire, le 10 janvier, qui n'a aucun paragraphe, aucune ligne, aucun mot préconisant une rupture des relations diplomatiques avec l'Iran.
La rupture annoncée n'est qu'un signe de la myopie de notre diplomatie et qui doit être soignée avant qu'il ne soit trop tard.
Par Mohamed Hassani