Suite et fin de notre entretien avec Salim Saadi, candidat à la présidentielle de février prochain aux Comores. A 43 ans, ce spécialiste...
Suite et fin de notre entretien avec Salim Saadi, candidat à la présidentielle de février prochain aux Comores.
54 États : Quels sont vos autres moyens de financer votre programme ?
Salim Saadi : Ensuite, il y a plusieurs leviers économiques. Notamment la pêche, je le disais. Nous avons aussi le pavillon maritime comorien qui a été bradé. Il faudra ramener à la table ces messieurs (les compagnies et les armateurs) pour renégocier les prix, car il est hors de question de brader nos pavillons. S’il faut rendre caduques ces contrats, je les remettrai en cause, j’en fais une priorité !
Nous avons aussi un programme de logements : créer et construire 15 000 logements par an. Ces logements sociaux de 100 m2 pour un coût de construction de 18 000$ (17 000 euros) seraient en accession à la propriété ou locatifs. Une partie de ces logements sera vendue, aux alentours de 40 000€. La diaspora sera très intéressée pour acheter ces logements pour revenir et investir aux Comores, au lieu d’attendre 15 ans pour avoir une maison ailleurs. Ils pourront acheter une maison de 100 mètres carrés à 40 000€. Cela fera des recettes pour l’Etat, grâce au partenariat public-privé que j’envisage.
Concernant les douanes, on peut récupérer de l’argent : il faut augmenter les salaires des agents de la douane pour qu’on réduise un maximum les fraudes pour augmenter nos recettes.
Nous sommes aussi en mesure de créer un casino et des sociétés de jeux, l’équivalent de la Française des jeux et relancer le tourisme. Il y a d’autres leviers, mais permettez-moi d’en conserver certains confidentiels…
54 États : Comment vous adressez-vous à la diaspora ?
Salim Saadi : La diaspora a un problème : le transport entre Paris et Moroni (la capitale, ndlr) est trop cher, trop long et pas assez fiable. Un billet en haute saison peut atteindre 1 700 euros. Le vol peut prendre 16 heures avec un escale, voire le double avec deux escales, c’est beaucoup trop long et fatiguant. Pour une famille, cela devient vite très cher et très compliqué. Le trajet n’est pas sûr : dès qu’on quitte les gros porteurs dans les grandes capitales pour faire escale, pour aller aux Comores, il faut prendre des petits avions qui ne sont pas autorisés à voler dans le ciel européen, mais qu’on autorise aux Comores. C’est pourquoi je suis en train de travailler pour créer une compagnie aérienne et une ligne directe entre Paris et Moroni. Le dossier est prêt. Quelques mois après mon élection, nous mettrons en service cette compagnie franco-comorienne avec un actionnariat de l’Etat. Nos billets seront entre 750 et 1 200 euros. On y arrivera car les Comoriens voudront venir et revenir. Ce dispositif sera accompagné par du tourisme ! Aujourd’hui, il n’y a pas de tourisme aux Comores…
D’autre part la diaspora doit comprendre que, si elle souhaite augmenter son niveau de vie en France et économise l’argent envoyé au pays, ce ne sera possible que si on élève le niveau de vie dans l’archipel en relançant l’économie.
Les problèmes que nous rencontrons aujourd’hui aux Comores viennent de nos gouvernements passés et actuels. Mais la France a maintenu et encouragé cette situation. Je suis franco-comorien et je dis à François Hollande : « Arrêtons ! Si on n’aide pas les Comores à se sortir du marasme, demain Daech viendra piocher là-bas ! » La France a fait le nécessaire pour que Mayotte soit un département français, il est temps que l’Etat français lâche du lest sur les Comores.
54 États : Les Comores étaient-ils prêts pour l’indépendance ?
Salim Saadi : Comme je le dis souvent : les Comores ont pris leur indépendance il y a 40 ans et depuis, ils sont dépendants de tout le monde. C’est une nouvelle indépendance que je veux donner aux Comores : une indépendance intellectuelle et économique. Pendant 40 ans, on nous a volé notre indépendance. On nous a maintenus sous perfusion. On ne nous a jamais soignés correctement. A la fin de la Deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis sont venus avec un vrai Plan Marshall pour reconstruire l’Europe. Si aujourd’hui la France avait une vraie volonté d’aider les Comores, de nous sortir de cette pauvreté, ils auraient mis les moyens pour. Regarder les pays qui nous entourent : Maurice par exemple. C’était une volonté de l’Angleterre de développer l’île Maurice. Alors qu’avant, les Mauriciens venaient aux Comores pour chercher de l’aide… Comment peut-on en arriver à cette situation ?
54 États : Combattre la pauvreté revient-elle à combattre l’insécurité ?
Salim Saadi : Les deux sont liées. Aujourd’hui, la sécurité est un enjeu de notre programme. Les Comores est un pays sûr concernant de la petite délinquance. Quand je parle de sécurité, je parle de nos cotes qui ne sont pas sécurisées, je parle de sécurité aérienne. La sécurité, c’est aussi éviter que nos étudiants partent étudier dans des pays comme l’Iran pour poursuivre leurs études.
54 États : Les Comores sont à 98% musulmanes. Comment avez-vous vécu les attentats de Paris du 13 novembre ?
Salim Saadi : Nous prônons un islam de lumière et de tolérance. Par rapport aux attentats de novembre à Paris, je suis touché en tant qu’homme, mais aussi en tant que musulman. Ça touche à ma Foi. On ne peut pas rester indifférent… Ce sont des terroristes, pas des musulmans. Ils salissent l’islam. Aux Comores, nous avons un islam modéré. Mais si aujourd’hui, on continue à soutenir les mêmes personnes qui sont au pouvoir depuis 40 ans, il ne faudra pas se plaindre si demain Daech vient piocher chez nous, là où les gens sont désœuvrés, là où les gens ont faim. Il faut lutter contre cela. Si aujourd’hui, la France ne veut pas d’un Daech aux Comores, ils faut cesser de soutenir les mêmes personnes depuis 40 ans.
54 États : Quelle est votre relation avec l’Etat français par rapport à Mayotte ?
Salim Saadi : Un jour, il faudra qu’on revienne autour de la table et que l’on parle de Mayotte. Mais ce n’est pas ma priorité.
54 États : Le manque d’union nationale aux Comores est-il la cause principale des difficultés rencontrées par les Comores ?
Salim Saadi : Ce n’est pas la cause principale, mais c’est une des causes. Je suis pour l’équité sur les trois îles et pour l’union nationale : l’union fait la force, on le sait bien…
54 États : Quelle est votre stratégie pour remporter ces élections ?
Salim Saadi : Mon objectif, c’est de gagner en parlant au peuple… S’ils veulent me battre, il va falloir qu’ils truquent les urnes et qu’ils volent les votes. A la loyale, ils ne me battront pas.
54 États : Qu’est-ce qui vous rend si confiant ?
Salim Saadi : Le message d’espoir, c’est le changement. Les autres candidats font des promesses, moi, je m’engage sur le fond…
Salim Saadi a été en meeting le 2 janvier à Paris et sera le 9 janvier à Marseille.
Par JOHN HARRISON,JOURNALISTE à 54etats
A 43 ans, ce spécialiste du développement et de l’aménagement urbain fait partie de l’importante diaspora comorienne en France. Son amour pour son pays natal et sa volonté de changement le poussent à se lancer en politique. Salim Saadi estime que les potentialités de son pays ne sont pas exploitées de manière efficace, et ce depuis l’indépendance il y a 40 ans. Il accuse les gouvernements successifs de ne pas œuvrer pour l’intérêt général et la France de maintenir les Comores dans le marasme économique. Rencontre avec un « libéral de gauche » dans son QG de campagne à l’Est de Paris.
54 États : Quels sont vos autres moyens de financer votre programme ?
Salim Saadi : Ensuite, il y a plusieurs leviers économiques. Notamment la pêche, je le disais. Nous avons aussi le pavillon maritime comorien qui a été bradé. Il faudra ramener à la table ces messieurs (les compagnies et les armateurs) pour renégocier les prix, car il est hors de question de brader nos pavillons. S’il faut rendre caduques ces contrats, je les remettrai en cause, j’en fais une priorité !
A LIRE AUSSI sur habarizacomores.com: Entretien avec Salim Saadi, candidat à la présidentielle (1/2)
Nous avons aussi un programme de logements : créer et construire 15 000 logements par an. Ces logements sociaux de 100 m2 pour un coût de construction de 18 000$ (17 000 euros) seraient en accession à la propriété ou locatifs. Une partie de ces logements sera vendue, aux alentours de 40 000€. La diaspora sera très intéressée pour acheter ces logements pour revenir et investir aux Comores, au lieu d’attendre 15 ans pour avoir une maison ailleurs. Ils pourront acheter une maison de 100 mètres carrés à 40 000€. Cela fera des recettes pour l’Etat, grâce au partenariat public-privé que j’envisage.
Concernant les douanes, on peut récupérer de l’argent : il faut augmenter les salaires des agents de la douane pour qu’on réduise un maximum les fraudes pour augmenter nos recettes.
Nous sommes aussi en mesure de créer un casino et des sociétés de jeux, l’équivalent de la Française des jeux et relancer le tourisme. Il y a d’autres leviers, mais permettez-moi d’en conserver certains confidentiels…
54 États : Comment vous adressez-vous à la diaspora ?
Salim Saadi : La diaspora a un problème : le transport entre Paris et Moroni (la capitale, ndlr) est trop cher, trop long et pas assez fiable. Un billet en haute saison peut atteindre 1 700 euros. Le vol peut prendre 16 heures avec un escale, voire le double avec deux escales, c’est beaucoup trop long et fatiguant. Pour une famille, cela devient vite très cher et très compliqué. Le trajet n’est pas sûr : dès qu’on quitte les gros porteurs dans les grandes capitales pour faire escale, pour aller aux Comores, il faut prendre des petits avions qui ne sont pas autorisés à voler dans le ciel européen, mais qu’on autorise aux Comores. C’est pourquoi je suis en train de travailler pour créer une compagnie aérienne et une ligne directe entre Paris et Moroni. Le dossier est prêt. Quelques mois après mon élection, nous mettrons en service cette compagnie franco-comorienne avec un actionnariat de l’Etat. Nos billets seront entre 750 et 1 200 euros. On y arrivera car les Comoriens voudront venir et revenir. Ce dispositif sera accompagné par du tourisme ! Aujourd’hui, il n’y a pas de tourisme aux Comores…
D’autre part la diaspora doit comprendre que, si elle souhaite augmenter son niveau de vie en France et économise l’argent envoyé au pays, ce ne sera possible que si on élève le niveau de vie dans l’archipel en relançant l’économie.
Les problèmes que nous rencontrons aujourd’hui aux Comores viennent de nos gouvernements passés et actuels. Mais la France a maintenu et encouragé cette situation. Je suis franco-comorien et je dis à François Hollande : « Arrêtons ! Si on n’aide pas les Comores à se sortir du marasme, demain Daech viendra piocher là-bas ! » La France a fait le nécessaire pour que Mayotte soit un département français, il est temps que l’Etat français lâche du lest sur les Comores.
54 États : Les Comores étaient-ils prêts pour l’indépendance ?
Salim Saadi : Comme je le dis souvent : les Comores ont pris leur indépendance il y a 40 ans et depuis, ils sont dépendants de tout le monde. C’est une nouvelle indépendance que je veux donner aux Comores : une indépendance intellectuelle et économique. Pendant 40 ans, on nous a volé notre indépendance. On nous a maintenus sous perfusion. On ne nous a jamais soignés correctement. A la fin de la Deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis sont venus avec un vrai Plan Marshall pour reconstruire l’Europe. Si aujourd’hui la France avait une vraie volonté d’aider les Comores, de nous sortir de cette pauvreté, ils auraient mis les moyens pour. Regarder les pays qui nous entourent : Maurice par exemple. C’était une volonté de l’Angleterre de développer l’île Maurice. Alors qu’avant, les Mauriciens venaient aux Comores pour chercher de l’aide… Comment peut-on en arriver à cette situation ?
54 États : Combattre la pauvreté revient-elle à combattre l’insécurité ?
Salim Saadi : Les deux sont liées. Aujourd’hui, la sécurité est un enjeu de notre programme. Les Comores est un pays sûr concernant de la petite délinquance. Quand je parle de sécurité, je parle de nos cotes qui ne sont pas sécurisées, je parle de sécurité aérienne. La sécurité, c’est aussi éviter que nos étudiants partent étudier dans des pays comme l’Iran pour poursuivre leurs études.
54 États : Les Comores sont à 98% musulmanes. Comment avez-vous vécu les attentats de Paris du 13 novembre ?
Salim Saadi : Nous prônons un islam de lumière et de tolérance. Par rapport aux attentats de novembre à Paris, je suis touché en tant qu’homme, mais aussi en tant que musulman. Ça touche à ma Foi. On ne peut pas rester indifférent… Ce sont des terroristes, pas des musulmans. Ils salissent l’islam. Aux Comores, nous avons un islam modéré. Mais si aujourd’hui, on continue à soutenir les mêmes personnes qui sont au pouvoir depuis 40 ans, il ne faudra pas se plaindre si demain Daech vient piocher chez nous, là où les gens sont désœuvrés, là où les gens ont faim. Il faut lutter contre cela. Si aujourd’hui, la France ne veut pas d’un Daech aux Comores, ils faut cesser de soutenir les mêmes personnes depuis 40 ans.
54 États : Quelle est votre relation avec l’Etat français par rapport à Mayotte ?
Salim Saadi : Un jour, il faudra qu’on revienne autour de la table et que l’on parle de Mayotte. Mais ce n’est pas ma priorité.
54 États : Le manque d’union nationale aux Comores est-il la cause principale des difficultés rencontrées par les Comores ?
Salim Saadi : Ce n’est pas la cause principale, mais c’est une des causes. Je suis pour l’équité sur les trois îles et pour l’union nationale : l’union fait la force, on le sait bien…
54 États : Quelle est votre stratégie pour remporter ces élections ?
Salim Saadi : Mon objectif, c’est de gagner en parlant au peuple… S’ils veulent me battre, il va falloir qu’ils truquent les urnes et qu’ils volent les votes. A la loyale, ils ne me battront pas.
54 États : Qu’est-ce qui vous rend si confiant ?
Salim Saadi : Le message d’espoir, c’est le changement. Les autres candidats font des promesses, moi, je m’engage sur le fond…
Salim Saadi a été en meeting le 2 janvier à Paris et sera le 9 janvier à Marseille.
Par JOHN HARRISON,JOURNALISTE à 54etats