De l’Iran au Liban, en passant par le Bahreïn et le Yémen, manifestations et violences se sont répandues dans le monde musulman… Téhéran et...
De l’Iran au Liban, en passant par le Bahreïn et le Yémen, manifestations et violences se sont répandues dans le monde musulman… Téhéran et Ryad ont souvent été en désaccord, mais l’exécution du chef religieux chiite Nimr Baqer al-Nimr, samedi dernier, pourrait marquer un changement dangereux dans une région déjà instable en approfondissant le fossé entre sunnites et chiites.
Les chiites représentent environ 15 % de tous les musulmans. L’Iran a la plus importante population chiite, mais ils sont aussi majoritaires en Irak, au Bahreïn et le Koweit, le Yémen, le Liban et le Qatar abritent des communautés chiites considérables. Virulent critique de la dynastie sunnite des Saoud au pouvoir à Ryad, Nimr défendait la cause chiite. Pendant le printemps arabe, il avait mené la contestation, prêchant en 2011 en faveur d’une sécession de l’est de l’Arabie Saoudite et de sa fusion avec le royaume proche de Bahreïn, alors en ébullition. Son exécution illustre la nouvelle ligne dure de l’approche saoudienne concernant la dissidence et l’influence de l’Iran dans la région.
Tout comme l’Iran est le leader du monde chiite, l’Arabie Saoudite est la plus influente des puissances sunnites, qui sont majoritaires aussi en Egypte, en Jordanie, aux Emirats, au Yémen, en Syrie et au Qatar. En tant qu’allié arabe le plus proche des Etats-Unis au Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite a bénéficié d’une aide militaire américaine massive et a longtemps influencé la politique étrangère américaine. Mais l’accord sur le nucléaire iranien a changé la donne en 2015.
Les Saoudiens craignent à présent que le dégel des avoirs iraniens qui se montent à plusieurs dizaines de milliards de dollars servent à soutenir des groupes rebelles chiites dans la région pour déstabiliser les gouvernements sunnites, de même qu‘à acheter des armes pour soutenir les velléités expansionnistes des chiites. L’Iran a déjà donné son soutien militaire aux milices chiites en Irak, au président syrien Bachar al-Assad, et aux rebelles Houthis au Yémen. Le Yémen est devenu le théâtre d’une guerre par procuration entre Téhéran et Ryad.
Le royaume saoudien étant à la tête d’une coalition qui a pour objectif de vaincre les rebelles chiites houthis qui menacent le régime sunnite… En Syrie, l’Arabie Saoudite soutient également les groupes rebelles sunnites opposés à Assad aux côtés des Etats-Unis et de la Turquie. Mais les Saoudiens sont aussi accusés de soutenir financièrement en secret les djihadistes d’Etat islamique, qui se réclame du sunnisme… La confrontation entre ces deux courants de l’Islam et ces deux puissances régionales est encore montée d’un cran. Par Euronews