Malgré ces quarante ans de décadences, on peut dire que l'espoir de changement, celui de voir les acteurs politiques du pays se conduir...
Malgré ces quarante ans de décadences, on peut dire que l'espoir de changement, celui de voir les acteurs politiques du pays se conduire comme des vrais politiques, comme Said Mohamed Cheikh et prince Said Ibrahim, est tout de même envisageable. Et cet espoir n'a jamais été rayonnant qu'à partir de 2015. De 2013 à 2015, les comoriens de l'intérieur, comme de l'extérieur vivent un phénomène inédit. Durant ces deux dernières années, on constate un engouement extraordinaire des jeunes cadres, et des étudiants en fin de cycle envers la vie politique comorienne. Ils sont à Moroni, ils sont à Paris, ils sont à Dakar, à Casablanca, à Tananarive...
beaucoup de ces nouveaux acteurs sont nés en 1975, et d'autres 5 ans après, et même plus. Quarante ans, cela peut être symbolique. Ces nouveaux prétendants à l'organisation de la cité ne cessent de déclarer leur flamme à un « faire de la politique autrement ».
Certains d'entre eux ont préféré créer leurs propres nouveaux partis politiques : Social Démocrate des Comores, ULEZI, et j'en passe. A les entendre, ce procédé les évite à côtoyer des « dinosaures » qui ont plus ou moins les mains sales, avec une culture de la politique du caméléon.
A LIRE AUSSI sur habarizacomores.com: Politiques ou caméléons ?
D'autres, en revanche, intègrent , volontiers, les anciennes formations politiques, ou en forment des nouvelles, mais avec des politiciens « expérimentés ? ». A les entendre, ils sont là pour interpeller les aînés quant à la manière de faire de la politique de nos jours, dans un pays qui a souffert depuis sa naissance jusqu'à ses quarante ans. Une autre frange observe avec intérêt cet engouement et se réserve la possibilité de critiquer positivement leurs pairs.
Malin celui qui dira, lequel de ces trois franges a tort, lequel a raison, lequel arriverait et lequel échouerait. Mais ils ont un seul point commun à savoir le changement, le « faire de la politique autrement ». S'il est ainsi, seul sortira gagnant de ce pari: c'est le comorien, c'est à dire nous tous.
Seulement, pour y parvenir, cela exige de la rigueur et de la méthode, de la sincérité et du sérieux, du changement, et un cap.
Et au cœur de tout cela, c'est la détermination de deux bords, de deux familles politiques , séparés par une sorte de mer infranchissable, mais motivés par une seule flamme : une République rayonnante dans tous les domaines.
Les valeurs, les politiques, défendues par chacun des deux bords doivent être contradictoires et clairement définies d'avance. C'est cette clarté des valeurs et des politiques menées par chacune des deux familles qui validerait les alliances entre partis, et non des négociations bâtardes de poste.
Mais comment procéder à cette détermination de deux familles politiques ?
Personne ne demanderait de reprendre obligatoirement les deux anciens bords politiques, BLANC et VERT (et pourquoi pas), cités dans mon premier post, mais l'essentiel c'est de définir deux visions politiques distinctes par rapport aux grands enjeux, historiques, politiques et économiques que connaît notre pays durant ces quarante ans d'indépendance.
Rappelons que BLANC était la famille politique des progressistes et VERT, la famille politique des conservateurs. Tous les partis politiques et les sympathisante qui étaient animés par les questions de progrès, et qui étaient ouverts à tous les questionnements possibles, se reconnaissaient dans la famille politique BLANC du prince Said Ibrahim, tandis que ceux qui considéraient que certaines questions et certains problèmes sont immuables, intouchables, se reconnaissaient dans la famille politique VERT de Said Mohamed Cheikh. Chaque bord assumait, sans sourciller, son choix, ses valeurs, et son orientation. Progressiste et conservateur ne sont pas des gros mots.
C'est exactement ce que devraient faire aujourd’hui ces nouveaux cadres comoriens, décidés de s'engager en politique.
Je vais tenter deux faits historico-poliques qui pourraient déterminer ces deux grands bords politiques, pour une lecture simple et claire de la vie politique. Et chacun de vous peut en trouver d'autres plus intéressants.
A LIRE AUSSI sur habarizacomores.com: Politique ou caméléon (suite)
1) La question de Mayotte aurait pu et pourrait être cette mer infranchissable qui séparerait les deux bords dans lesquels s'inscriraient les partis politiques et les sympathisants : on pouvait avoir d'une part, les FÉDÉRALISTES et d'autre part, les RÉPUBLICAINS.
FÉDÉRALISTES désigneraient, par exemple, ceux qui croient que la vie politique et économique, dans l'archipel, est possible en considérant chaque île purement et simplement dans son insularité. Dans cette perspective, l'approche des FÉDÉRALISTES à la question de Mayotte serait de dire, « chaque île s'occupe de son développement, et on verra la suite ». Croyez moi, beaucoup de politiciens et des comoriens lambda pensent comme ça depuis 1975 de nos jours. Dans cette première hypothèse, certains partis et certains sympathisants se rangeraient, dans toute élection, dans le camp des FÉDÉRALISTES.
RÉPUBLICAINS désigneraient, à contrario, ceux qui ont la conviction que le destin de l'archipel ne peut en aucun cas être séparé de son unité historique, culturelle, et religieuse.
Dans cette vision, l'approche des RÉPUBLICAINS à la question de Mayotte serait de dire, « notre indépendance n'est pas effective. Inachevée, nous continuerons sans relâche la lutte pour le retour de Mayotte dans son giron naturel ». Nous connaissons beaucoup de nos pairs, partisans, sympathisants, ou seulement citoyens qui ont vraiment cette idée dans leur sang. Si les deux familles politiques étaient établis, ces derniers voteraient toujours RÉPUBLICAINS.
2) La Tournante, la fameuse Tournante. Qui nierait que cette question n'occupe pas le débat politique comorien depuis 2006, et dès le lendemain du dévoilement de la nouvelle constitution ? Voilà qui aurait pu logiquement constituer deux bords politiques claires avec des valeurs, des visions, et des politiques différentes, et au bout des alliances logiques.
Non. Les caméléons ont juste mis les milles costumes multicolores, ont fait la danse des chaises et continuent d'en faire d'ailleurs. Pourtant ils auraient pu se départager clairement et distinctement en UNIONISTES, et UNITAIRES ( en référence à l'ancienne devise de la première constituions des Comores indépendantes : unité-justice-progrès). A noter d'ailleurs que ces quatre notions ( FÉDÉRALISTES, RÉPUBLICAINS, UNIONISTES, et UNITAIRES) ne sont pas pris ici dans leur acception générale ou académique, mais dans le contexte politique comorien.
En effet, UNIONISTES, désigneraient simplement ceux qui considèrent que le salut politique, social et économique de l'archipel réside dans la présidence tournante, c'est à dire que le parti politique ne choisit pas le candidat à partir de ses compétences, mais bien de son appartenance à l’île auquel échoit la tournante.
Comme moi, vous connaissez beaucoup de nos politiciens, partis et particuliers qui voient l'avenir des Comores seulement dans cette optique. Qu'ils s'allient dans une grande famille politique qui serait appelé, en conséquence, UNIONISTES. Et en face ils auront une autre familles qui serait appelé UNITAIRES pour qui, la chauvinisme, le séparatisme, l'autarcie, le repli insulaire, ne sont pas des critères fiables rationnels pour désigner le premier magistrat d'un pays.
Quelle facilité, quelle simplicité de choix, quelle clarté, quelle lisibilité pour le citoyen, si jamais les partis et les acteurs politiques avaient clairement défini ces deux bords, sachant que l'histoire leur donnent toujours l'occasion !!!!!
Chacun, dans la soixantaine de partis politiques actuelles aux Comores aurait pu se déclarer de façon claire et sans ambiguïté de quelle famille politique il appartient, là où il reconnaît ses valeurs. Le citoyen aurait aussi la même aisance de choix de vote dans toute sorte d’élection aux dépendamment de ses convictions, de ses valeurs. Dommage !!!!
Du coup, il revient à cette jeune génération de constituer clairement ces deux bords politiques, définir les valeurs inaliénables et contradictoires de chacun, et nous dire comment il s'appelle, et pourquoi il s'appelle ainsi. C'est ce qu'on appelle une identité.
Cela passerait par l'organisation d'un grand congrès qui aurait pour thème : états généraux de la moralisation de la vie politique.
Salim Youssouf Idjabou
©habarizacomores.com
