Dans une audition à huis clos devant l’Assemblée populaire nationale, le ministre algérien des affaires religieuses aurait annoncé le gel de...
Dans une audition à huis clos devant l’Assemblée populaire nationale, le ministre algérien des affaires religieuses aurait annoncé le gel des subventions à la Grande mosquée de Paris et le lancement d’une procédure « d’appropriation » de l’édifice par l’État algérien.
Selon les spécialistes, cette annonce traduit la volonté des autorités algériennes de mettre un terme au mandat de son recteur, Dalil Boubakeur.
Invité à s’exprimer à huis clos mercredi 2 décembre devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée populaire nationale sur « la situation des lieux de culte de la communauté nationale à l’étranger », Mohamed Aïssa, le ministre algérien des affaires religieuses aurait annoncé le gel des subventions accordées par l’État algérien à la Grande mosquée de Paris.
Cette audition était une réponse aux « préoccupations » exprimées par des membres de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée quant à « la gestion de la Grande mosquée de Paris et de la Société des Habous », son association gestionnaire, dont certains membres « ont dévié des missions qui leur ont été assignées », rapporte jeudi 3 décembre le journal algérien L’Expression .
DE MANIÈRE CLAIRE ET TRANSPARENTE
Première mesure immédiate, les subventions de fonctionnement accordées par l’État algérien à la Société des Habous – 205 millions de dinars (soit 1,8 million d’euros) déposées sur le compte de l’ambassade d’Algérie à Paris, « laquelle se charge de les verser à la mosquée » – sont gelées temporairement, jusqu’à ce qu’un mode de gestion permettant de répartir la somme « de manière claire et transparente » soit trouvé.
Mais le ministre des affaires religieuses serait allé plus loin, affirmant, selonL’Expression, que « l’Algérie a entamé officiellement les procédures d’appropriation de la Grande mosquée de Paris ». Une démarche qui s’appuie, selon lui, sur une loi française prévoyant qu'« un pays étranger qui finance une association de droit français peut, passés quinze ans, prétendre à la propriété de cette entité, ce qui est le cas pour la Grande mosquée de Paris, administrée par la Société des Habous ».
DÉCONNECTÉ DE LA BASE
Pour les spécialistes, cette annonce traduit surtout la volonté d’Alger de mettre un terme aux fonctions du recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, accusé de ne plus « tenir » l’institution et d’être « déconnecté » de la base musulmane, ainsi qu’à celles de son directeur de l’administration générale, Mohamed Louanoughi. Plusieurs affaires concernant ce dernier ont été révélées récemment par la presse algérienne.
Par ailleurs, la présence de Dalil Boubakeur au sein du comité de soutien de Christian Estrosi (LR) pour les élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur a été mal perçue au sein de la communauté musulmane.
« Le message est clair : « on ne veut plus dépendre de la dynastie Boubakeur ». Mais, dans le cadre associatif actuel, licencier le recteur créerait une instabilité juridique trop dangereuse pour les autorités algériennes », décrypte Bernard Godard, ancien fonctionnaire au bureau des cultes du ministère de l’intérieur.
Selon une autre source, le déclenchement de cette procédure serait aussi à relier au limogeage, le 13 septembre, du général Mohamed Mediene, dit « Toufik », chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), point de départ de renversements d’alliances.
DISSIPER TOUT MALENTENDU
Dans un communiqué publié le jeudi 3 décembre, le recteur de la Grande Mosquée de Paris dit tenir « impérativement à dissiper tout malentendu concernant son statut, sa propriété et sa situation actuelle ».
« Toutes ses activités s’inscrivent dans le cadre de la loi française. Son statut n’a actuellement subi aucune modification. Et toutes spéculations ou informations contraires ne sont qu’une vue de l’esprit journalistique, et donc nulles et non avenues », affirme l’institution.
Le ministère français de l’intérieur n’a pas réagi publiquement. « Il s’agissait d’une audition à huis clos rapportée par la presse et rien n’a été confirmé », précise-t-on place Beauvau. L’annonce du ministre algérien tombe dans un contexte délicat d’appels répétés à la construction d’un « islam de France », coupé des influences étrangères.
Anne-Bénédicte Hoffner - la-croix.com
Selon les spécialistes, cette annonce traduit la volonté des autorités algériennes de mettre un terme au mandat de son recteur, Dalil Boubakeur.
Invité à s’exprimer à huis clos mercredi 2 décembre devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée populaire nationale sur « la situation des lieux de culte de la communauté nationale à l’étranger », Mohamed Aïssa, le ministre algérien des affaires religieuses aurait annoncé le gel des subventions accordées par l’État algérien à la Grande mosquée de Paris.
Cette audition était une réponse aux « préoccupations » exprimées par des membres de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée quant à « la gestion de la Grande mosquée de Paris et de la Société des Habous », son association gestionnaire, dont certains membres « ont dévié des missions qui leur ont été assignées », rapporte jeudi 3 décembre le journal algérien L’Expression .
DE MANIÈRE CLAIRE ET TRANSPARENTE
Première mesure immédiate, les subventions de fonctionnement accordées par l’État algérien à la Société des Habous – 205 millions de dinars (soit 1,8 million d’euros) déposées sur le compte de l’ambassade d’Algérie à Paris, « laquelle se charge de les verser à la mosquée » – sont gelées temporairement, jusqu’à ce qu’un mode de gestion permettant de répartir la somme « de manière claire et transparente » soit trouvé.
Mais le ministre des affaires religieuses serait allé plus loin, affirmant, selonL’Expression, que « l’Algérie a entamé officiellement les procédures d’appropriation de la Grande mosquée de Paris ». Une démarche qui s’appuie, selon lui, sur une loi française prévoyant qu'« un pays étranger qui finance une association de droit français peut, passés quinze ans, prétendre à la propriété de cette entité, ce qui est le cas pour la Grande mosquée de Paris, administrée par la Société des Habous ».
DÉCONNECTÉ DE LA BASE
Pour les spécialistes, cette annonce traduit surtout la volonté d’Alger de mettre un terme aux fonctions du recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, accusé de ne plus « tenir » l’institution et d’être « déconnecté » de la base musulmane, ainsi qu’à celles de son directeur de l’administration générale, Mohamed Louanoughi. Plusieurs affaires concernant ce dernier ont été révélées récemment par la presse algérienne.
Par ailleurs, la présence de Dalil Boubakeur au sein du comité de soutien de Christian Estrosi (LR) pour les élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur a été mal perçue au sein de la communauté musulmane.
« Le message est clair : « on ne veut plus dépendre de la dynastie Boubakeur ». Mais, dans le cadre associatif actuel, licencier le recteur créerait une instabilité juridique trop dangereuse pour les autorités algériennes », décrypte Bernard Godard, ancien fonctionnaire au bureau des cultes du ministère de l’intérieur.
Selon une autre source, le déclenchement de cette procédure serait aussi à relier au limogeage, le 13 septembre, du général Mohamed Mediene, dit « Toufik », chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), point de départ de renversements d’alliances.
DISSIPER TOUT MALENTENDU
Dans un communiqué publié le jeudi 3 décembre, le recteur de la Grande Mosquée de Paris dit tenir « impérativement à dissiper tout malentendu concernant son statut, sa propriété et sa situation actuelle ».
« Toutes ses activités s’inscrivent dans le cadre de la loi française. Son statut n’a actuellement subi aucune modification. Et toutes spéculations ou informations contraires ne sont qu’une vue de l’esprit journalistique, et donc nulles et non avenues », affirme l’institution.
Le ministère français de l’intérieur n’a pas réagi publiquement. « Il s’agissait d’une audition à huis clos rapportée par la presse et rien n’a été confirmé », précise-t-on place Beauvau. L’annonce du ministre algérien tombe dans un contexte délicat d’appels répétés à la construction d’un « islam de France », coupé des influences étrangères.
Anne-Bénédicte Hoffner - la-croix.com