C'est parti !!! La campagne pour les présidentielles et les élections des gouverneurs des îles est officieusement lancée. Plus de soixa...
C'est parti !!! La campagne pour les présidentielles et les élections des gouverneurs des îles est officieusement lancée. Plus de soixante candidats s'affronteront pour vouloir devenir président ou gouverneur, tandis que plus de six cent milles comoriens qui ne demandent qu' à vivre dignement, meurent de faim, et agonisent dans le noir, sans aucun espoir de lumière dans tous les sens de ce mot noble. Plus de trois mois de propagande où les oreilles de nos concitoyens, contrairement à leurs bouches, ne vont pas chômer. Il est donc de notre devoir de rappeler à nos politiques, ce que dire veut dire.
Dire vient du latin dicere qui signifie « articuler quelque chose, le prononcer, le faire entendre grâce à la parole ». Dire, c'est l'une de ces facultés biologiques que l'homme ne partage pas avec les autres animaux. Car le principe du dire, ce n'est pas simplement le fait d’émettre des sons à peine saisissables par l’ouï. C'est prononcer des mots recevables par l'entendement. C'est extérioriser une pensée, soit par la parole, soit par l'écrit, en faisant en sorte que l'entendement de l'interlocuteur saisisse le sens et la portée. Parce qu'il est un verbe transitif, dire, c'est obligatoirement dire quelque chose. Et c'est là où le niveau de la signification du verbe s'élève en politique.
Le dire du politique, ce n'est pas le dire du sophiste, qui croit qu'une proposition vraie est celle qui respecte la logique, les normes grammaticales et lexicales.
Le dire du politique, ce n'est pas le dire du religieux, du mufti qui, parce que porteur d'une parole divine, appelle à la croyance, sans aucune vérification ou mise en question possible de ce qu'il dit.
Le dire du politique, ce n'est pas le dire du profane pour qui, dire et dédire, c'est la même chose.
Dire, pour un politique digne de ce nom, c'est exprimer, lire, rapporter, par sa bouche la pensée d'un parti qui l'a désigné préalablement porte-parole. C'est porter à la connaissance du peuple l'étendue d'une vision collective, en démontrant, en même temps, les choix et la faisabilité des programmes proposés. Car un politique qui n'est pas entouré, un politique qui réfléchit seul, ou qui impose verticalement sa pensée à des courtisans, n'en est pas un. C'est un charlatan, un sorcier. Les idées qui sortent de la bouche d'un politique lors des meetings doivent être celles relevant d'un projet politique, lequel s'inscrit aussi dans une ligne politique et économique claire, connue d'avance par les concitoyens.
La politique ce n'est pas de la démagogie, ce n'est pas de la magie. Dire en politique, c'est faire. Il n'y a pas de frontière possible entre la parole et l'action pour ceux qui croient en la politique dans ses lettres nobles. Car la politique, c'est l'organisation de la cité. Et quand on veut organiser la cité, on dit ce qu'on va faire, et on fait ce qu'on a dit. Voilà le vrai sens du dire politique.
Nos politiques doivent se rappeler que dire, ce n'est pas un verbe d'état. C'est un verbe d'action par excellence, dans la mesure où il précède, et annonce tous les contours de l'action.
Du coup, ceux qui mentent et qui savent qu'ils mentent, et qui savent que nous savons qu'ils mentent, mais qui continuent quand même de mentir, doivent chercher un autre métier. Ils n'ont pas leur place dans la politique, dans l'organisation de la cité.
Restons attentifs aux meetings chers concitoyens.
Ye tarehi ndo hakim