En abattant froidement un avion russe, la Turquie a engagé un bras de fer risqué avec Vladimir Poutine. Mais qu’est ce qui est passé par la ...
En abattant froidement un avion russe, la Turquie a engagé un bras de fer risqué avec Vladimir Poutine. Mais qu’est ce qui est passé par la tête du président turc Recep Tayyip Erdogan ? Une carte fournie par les autorités turques montre que le nouveau Sultan a voulu en faire un exemple. Ils l’ont prévenu 10 fois disent-ils. Les Américains le confirment, "les canaux étaient ouverts on a tout entendu". Les Russes affirment le contraire. "Ils ont ouvert le feu tout de suite". Soit. En tout état de cause, c’est froidement que les chasseurs turcs ont abattu le SU24 russe, après avoir demandé autorisation de tir à leur hiérarchie. Le Soukhoï a bien été descendu pour l’exemple.
L’argument le plus probant est celui fourni par les Turcs eux-mêmes. La carte que vous voyez ci-dessous représente la frontière turque en bleue et les points de passage du Soukhoï russe. Il entre bien en effet dans le territoire turc et en ressort ensuite. Mais si vous prenez la peine d’aller sur une carte, vous verrez que cette bande de terre au nord de Lattaquié est très étroite. L’avion russe a fait tout au plus 3 à 5 kilomètres en Turquie. Il y est resté moins d’une minute. Plusieurs fois peut-être mais à chaque fois il a "mordu" pour effectuer des rotations d’est en ouest et bombarder le long de la frontière.
Depuis 4 ans, Erdogan a un objectif : renverser Assad et installer à Damas un régime proche du sien, dirigé par un parti, celui des Frères musulmans. En voyant la révolution embraser la Syrie, Erdogan s’est dit que la bascule allait avoir lieu. Ensuite, il a commencé à soutenir ceux qui se battaient contre Assad. Armée syrienne libre qu’il a hébergée sur son territoire. Puis voyant qu’elle s’essouffler il a financé des groupes plus radicalisés, jusqu’à Al Qaida (le front Al Nosra), tous réunis dans l’armée de la conquête.Soutenir, financer, entrainer, appuyer par des bombardements. Tout a été essayé pour renverser Assad.
L’argument le plus probant est celui fourni par les Turcs eux-mêmes. La carte que vous voyez ci-dessous représente la frontière turque en bleue et les points de passage du Soukhoï russe. Il entre bien en effet dans le territoire turc et en ressort ensuite. Mais si vous prenez la peine d’aller sur une carte, vous verrez que cette bande de terre au nord de Lattaquié est très étroite. L’avion russe a fait tout au plus 3 à 5 kilomètres en Turquie. Il y est resté moins d’une minute. Plusieurs fois peut-être mais à chaque fois il a "mordu" pour effectuer des rotations d’est en ouest et bombarder le long de la frontière.
S’il avait choisi de virer selon un axe nord sud, il serait entré de 10 kilomètres au moins en Turquie. Le choix du Soukhoï est donc déjà un moindre mal. Mais quand bien même, est-ce une agression ? Obama dit "les Turcs ont le droit de défendre leur espace aérien". Mais se défendre de quoi ? En aucun cas l’avion russe ne lançait une attaque sur les Turcs. Personne n’était menacé de ce côté-ci de la frontière. Non, Erdogan a bien voulu marquer son territoire et signaler aux Russes qu’il en avait assez de leurs mauvaises manières. Une affaire de politesse, de mur mitoyen rien de plus ? Non bien sûr. L’agacement d’Erdogan a une cause plus profonde : la crainte de voir sa stratégie s’effondrer à cause de Poutine.
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Depuis 4 ans, Erdogan a un objectif : renverser Assad et installer à Damas un régime proche du sien, dirigé par un parti, celui des Frères musulmans. En voyant la révolution embraser la Syrie, Erdogan s’est dit que la bascule allait avoir lieu. Ensuite, il a commencé à soutenir ceux qui se battaient contre Assad. Armée syrienne libre qu’il a hébergée sur son territoire. Puis voyant qu’elle s’essouffler il a financé des groupes plus radicalisés, jusqu’à Al Qaida (le front Al Nosra), tous réunis dans l’armée de la conquête.Soutenir, financer, entrainer, appuyer par des bombardements. Tout a été essayé pour renverser Assad.
Mais voilà. Assad a un ami qui s’appelle Poutine. Et depuis un mois et demi, le soutien est devenu direct. L’aviation russe bombarde les protégés d’Erdogan qui viennent s’adosser à la frontière de leur puissant allié. Mais ça ne suffit pas. L’armée de la conquète est pillonée, affaiblie jour après jour par les Russes. Assad relève la tête et Erdogan voit ses rêves s’effondrer. La défense de l’espace aérien n’était qu’un prétexte. Abattre le Soukhoï a été le coup de sang d’un président sultan qui perd la main. Par Olivier Ravanello | Le Monde selon Ravanello