Comme si les Comores tournent en rond ! Instituée par la constitution du 23 décembre 2001 en Union des Comores, la Présidence Tournante...
Comme si les Comores tournent en rond !
Instituée par la constitution du 23 décembre 2001 en Union des Comores, la Présidence Tournante a fait le tour à Ngazidja en 2002, Ndzouani en 2006 et Mwali en 2010. Mayotte reste indécise quant à la prise du témoin en 2016. Ces derniers temps, le débat s’impose et explose à la figure de tout citoyen, de telle sorte que cela fuse de partout. A se demander qui devrait initier ce débat, qui doit y participer et quelle serait le sort de cette présidence Tournante au pays des sultans batailleurs.
La Constitution comorienne stipule en ce sens que :’’ La Présidence est tournante entre les îles. Le Président et les Vice-présidents sont élus ensemble au suffrage universel direct majoritaire à un tour pour un mandat de cinq (5) ans renouvelable dans le respect de la tournante entre les îles.
Une élection primaire est organisée dans l'île à laquelle échoit la présidence et seuls les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés peuvent se présenter à l'élection présidentielle’’.
Dès lors c’est devenu un fait et personne ne doute des douleurs qu’ont endurées les Comores pendant la longue grossesse de 1997 à 2001, afin d’accoucher à la césarienne de cette constitution. Elle est perçue comme une pilule amère qui a servi à lutter contre un mal très dangereux.
Les aspirations du peuple comorien ont toujours été, moins de politique pour plus de développement. Les attentes et les intérêts de ce peuple sont-ils alors assouvis dans ce circuit?
A Ndzuwani, où les braises du mal ne sont pas encore éteintes, les habitants se sentent abusés par leurs propres autorités successives de l’Union comme de l’île, qui utilisent comme monnaie d’échange le spectre du séparatisme, à chaque fois que leurs intérêts individuels soient menacés. L'île est restée toujours sur sa faim. Son incompréhension vis-à-vis du système demeure totale.
Cette constitution a imposé aux comoriens une multiplication des institutions, entrainant une hausse exponentielle des charges de l’Etat. Quand bien même remaniée et vidée de toute substance d'autonomie de gestion administrative et financière des îles, elle reste budgétivore à coups de ponctions des plus avertis des pouvoirs successifs.Plusieurs personnes ont profité de cette constitution pour se positionner en tant que victime du système et s’attirer par truchement le maximum d’avantages en statut comme en nature. Elle aurait été féconde, si les textes la régissant arrivaient à être appliqués et si le peu de ressources qu’elle générait était partagé et utilisé d’une manière rationnelle.
N’est elle pas cette constitution une autre procédure sournoise d’instaurer le système de fédéralisme des petits états insulaires de l’archipel des Comores afin de favoriser davantage la séparation de Mayotte des ses îles sœurs, en la faisant ancrer sans heurts dans le giron français ?
Certes, cette Tournante a pu forcer une forme d’alternance démocratique et une lueur de stabilité politique vue de l’extérieur. C’est cette tournante qui a favorisé tout de même pour la première fois à un natif de l’île de Mwali d’accéder à la magistrature suprême de la nation.
Cette présidence Tournante devient ainsi une poulie glissante qui contraint les Comores à continuer de tourner en rond. Le pays a raté par ce détour, plusieurs fois le départ vers le développement tant attendu par le peuple.
A ce stade, la boucle de la Tournante commence à être bouclée et certains aspects sont à reprendre : un président d’une République ne doit pas être forcément un délégué de tribu insulaire méconnu de tous les autres tribus du pays. Il doit incarner par avance une personnalité charismatique ultra nationale, et être connu de tous par ses actes de bonne foi et par sa conviction patriotique. Le pays a assez biaisé sur la façon ‘’démocratique’’ de choisir ses dirigeants suprêmes. Un texte fondamental de nos jours, doit lorgner essentiellement sur le développement économique du pays.
Il serait alors de bonne augure que le pouvoir en place initie d’ores et déjà le débat du sort de la Tournante avec l’implication des personnes qualifiées et des organisations sociopolitiques appropriées.
Le moment actuel est propice, comme nous sommes en tout début de mandat et le nouveau président n’a pas encore eu à être enivré par le pouvoir, pour vouloir coudre à son tour un boubou à sa taille comme l’a fait chacun de ces prédécesseurs. Une loi n’est jamais parfaite. Elle ne le sera jamais de surcroit si on ne fait pas d’effort pour l’appliquer tel qu’elle est conçue, approuvée et promulguée.
Saïd MZE DAFINE
Publié le 04 septembre 2011
Synthèse d’un débat facebook dont les participants sont, entre autres :Said Ahmed Said Abdillah, Housni Abdou Madi, Youssouf Med Hassan, Abdou Moussa, Mohamed Said Mzé, Abdéremane Ah Ibrahim, Said Ali Moh, Moustoifa Ben Ali et Moussa Mohamed