On a beau dire et faire croire au monde entier que les Comores sont un pays démocratique, que les autorités actuelles ont tout fait pour me...
On a beau dire et faire croire au monde entier que les Comores sont un pays démocratique, que les autorités actuelles ont tout fait pour mettre en place toutes les institutions indispensables pour une meilleure gouvernance ; mais il est des moments où la réalité balaie les prétentions, où l’écart entre les actes et les paroles fait douter plus d’un sur les objectifs et les intentions affichés par les un et les autres. Et bien, la succession des évènements ces derniers jours dans notre pays nous pousse à plusieurs interrogations, notamment sur le caractère démocratique de nos institutions et l’esprit républicain de nos gouvernants.
Comment peut-on imaginer que dans une démocratie digne de ce nom, le gouvernement puisse bloquer la publication d’un rapport d’audit de la Cour des comptes sur la gestion des fonds des élections par la CENI ? Qui veut-on protéger par cet étouffement organisé par le sommet? La transparence dans la gestion des fonds publics fait partie des signes d’une démocratie réelle. C’est d’ailleurs la finalité de la mise en place des instances de contrôle comme la Cour des comptes. Sinon pourquoi engager plusieurs millions de francs chaque année dans de telles instances ? Cela n’a d’autres significations que de faire semblant d’être les défenseurs d’une démocratie que l’on déteste, car les conséquences nous fâchent et nous empêchent de satisfaire nos désidérata individuels.
Autre fait de l’actualité contraire à l’esprit démocratique et inquiétant pour l’avenir des Comores, la candidature de l’épouse du chef de l’Etat au poste de gouverneur de Mohéli. Comment cela est-il possible dans une démocratie, et tout simplement dans un pays où les gouvernants respectent les citoyens ?
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Quelle république veut-on créer avec ces mélanges entre pouvoir et famille ? Mettre tout un appareil étatique au service de la famille présidentielle, cela n’est tout autre qu’un mépris aux valeurs et principes universels, ainsi qu’à la population comorienne. Si la première dame a des ambitions politiques, elle devrait attendre que son mari, le chef de l’Etat, soit un citoyen comme les autres, comme a attendu Mme Clinton, avant de solliciter le suffrage universel.
Enfin, l’affaire Telma qui empoisonne les relations entre l’Assemblée nationale et le gouvernement. Comment un vice-président de l’Assemblée, en l’occurrence le député Maoulana Charif peut signer un courrier au nom du bureau de l’assemblée qui ne s’est jamais réuni à la date indiquée dans le courrier pour exiger la suspension de la licence attribuée à l’opérateur malgache, sous prétexte d’abord que l’Assemblée n’a pas été suffisamment impliquée dans la procédure d’attribution, puis que la licence a été attribuée sur la base d’une fausse loi ? Même au parlement les lois sont bafouées.
Voilà donc l’espèce de pétaudière où nous nous trouvons sous la domination des moins scrupuleux. Démocratie à la comorienne. Drôle de démocratie.