Souvent par amour, parfois par intérêt, elles se sont mariées avec un homme qui gagne beaucoup plus d’argent qu’elles. Des années plus tard,...
Souvent par amour, parfois par intérêt, elles se sont mariées avec un homme qui gagne beaucoup plus d’argent qu’elles. Des années plus tard, leur couple bat de l’aile, mais pas question de quitter la poule aux œufs d’or. Pour le somptueux appartement, les voyages au bout du monde, les dépenses illimitées, elles restent.
ces femmes qui restent pour l'argent« Divorcer parce qu’on n’est plus amoureuse est aussi stupide que de se marier parce qu’on l’est. » La formule a de quoi scandaliser les romantiques que nous sommes. Dans la bouche de Zsa Zsa Gabor, actrice star des années 1950, elle ne choquait pourtant pas grand monde. Mariée pas moins de neuf fois (de préférence à des hommes au portefeuille bien fourni), la star se faisait l’écho de nombreuses femmes pour qui épouser un bon parti était la clé d’une vie confortable. Une vision du couple qui semble d’un autre âge, à une époque où une femme sur huit travaille et où l’amour est devenu le critère numéro un d’une union réussie.
« Les mariages d’intérêt sont désormais peu déclarés et mal vus, sauf dans la haute bourgeoisie et l’aristocratie où les rencontres organisées perdurent. Les femmes ne mettent plus en avant l’argent dans les critères de choix d’un conjoint. En façade, elles aspirent avant tout à une authenticité dans le rapport amoureux », analyse le sociologue Jean-Claude Kaufmann. La lutte pour l’émancipation des femmes est passée par là et rien ne nous paraît plus naturel aujourd’hui que de disposer de nos propres revenus et de contribuer à part égale à ceux du ménage.
Pourtant, 29 % des Françaises déclarent encore ne pas être autonomes financièrement1. Parmi elles, des femmes de milieu modeste, confrontées au chômage ou à un salaire trop maigre pour s’en sortir seules. Et d’autres, qui vivent dans l’opulence. Elles ont fait le choix de ne pas (ou peu) travailler et de profiter des revenus de leur mari qui gagne largement sa vie pour deux. Qu’elles l’aient épousé d’abord pour ses beaux yeux ou pour son compte en banque, toutes se retrouvent finalement dans la même situation : au nom d’un contrat moral tacite au sein du couple, elles jouent les parfaites femmes d’intérieur, s’occupent des enfants, et bénéficient en échange d’un train de vie agréable avec voyages et beaux vêtements. Dans une société qui leur offre l’opportunité de réussir par elles-mêmes, ces femmes entretenues sont regardées d’un mauvais œil.
Pourtant, 12 % des Françaises déclarent que s’il fallait choisir entre amour et argent, le second l’emporterait2. Car, pour 95 % d’entre elles, il rime avec sécurité3. « Un certain nombre de femmes voient, dans le mariage avec un homme riche, la garantie d’une sécurité à vie, qui les rassure et comble un manque d’argent ou d’affection qu’elles ressentent depuis l’enfance », explique Marie-Claude François-Laugier, psychologue et auteur de « L’Argent dans le couple et la famille » (Payot). Par choix, elles troquent alors leur indépendance contre une vie facile, sans souci du lendemain. Du moins tant que leur couple fonctionne. Car, lorsque l’amour s’en va ou que l’un des deux a envie d’aller voir ailleurs, la question de l’avenir resurgit, souvent de manière violente. Avec une interrogation : ont-elles vraiment l’envie et les moyens de renoncer à leur vie confortable pour en commencer une nouvelle ? Peu trouvent finalement le courage, après plusieurs années d’une existence dorée, d’abandonner boutiques de luxe, spas et hôtels quatre étoiles pour retourner à la case départ.
Donnant donnant :
Alors, elles sont prêtes, pour conserver leur train de vie, à accepter quelques concessions. La plus courante consiste à fermer les yeux sur les infidélités conjugales. « Une de mes amies reste avec son mari qui a une maîtresse depuis vingt-cinq ans parce qu’elle est somptueusement logée. Il n’est jamais là, mais est très généreux avec elle, donc elle ne voit pas de raison pour que ça change », confie Marie-Claude François-Laugier. En cas de liaison officielle, les arrangements privés ne sont pas rares : « J’ai connu un homme qui avait une situation importante. Il était de fait séparé de sa femme, et vivait même avec quelqu’un d’autre, mais il lui allouait une somme très confortable, qu’il menaçait de ne plus verser en cas de divorce. Il ne pouvait pas l’envisager, pour des raisons de convenances », raconte Martine Valot-Forest.
Cette avocate à la cour d’appel de Paris, auteur de « Bien négocier son divorce » (First Editions), a souvent observé ces situations dans lesquelles « les femmes ressentent une insatisfaction larvée parce qu’elles ne supportent plus le caractère de l’autre, mais restent en couple par intérêt économique ». Et même si leur vie conjugale n’est pas des plus épanouissantes, elles font avec : « Une de mes clientes m’a raconté qu’elle était très amoureuse de son mari au départ. Elle a aujourd’hui 60 ans, leurs deux enfants sont partis de la maison, et il n’y a plus d’amour entre eux depuis quinze ans. Ils en sont même arrivés à une certaine forme d’animosité car lui a des maîtresses. Elle se dit frustrée, mais sa situation matérielle lui convient très bien et la liberté de dépenser son argent à lui compense leurs disputes permanentes », confie Delphine, employée dans un centre de soins.
Epouse et mari semblent donc trouver leur compte dans ces petits arrangements avec le couple. Même s’ils sont parfois peu reluisants. Dans « Le prix à payer », sorti sur les écrans en avril, Alexandra Leclère abordait la marchandisation des rapports au sein du couple. Le slogan ? « Pas de cul, pas de fric. » Avec Nathalie Baye en quinqua futile acceptant de coucher avec un mari qui la dégoûte pour continuer à profiter de sa carte bancaire. Le sujet a suscité la polémique, les critiques reprochant au film de véhiculer une image désastreuse de la femme.
Pourtant, ce genre d’histoire n’arrive pas qu’au cinéma. « Certains hommes se servent de leur situation financière pour exiger beaucoup en retour. Pour eux, la femme doit respecter sa part du marché en jouant à l’épouse parfaite, et cela peut aller jus-qu’aux obligations sexuelles », explique Marie-Claude François-Laugier. « Il arrive qu’une femme négocie une nuit d’amour avec son mari contre un beau cadeau, mais la proposition vient le plus souvent de l’homme, à qui l’argent donne une impression de pouvoir absolu. Il lui arrive même d’être violent verbalement ou physiquement et de menacer de la quitter si elle n’exécute pas toutes ses demandes. » Ce type de chantage, à la limite de la prostitution conjugale, dévoile un tableau très noir, loin de la vie dorée qu’on prête volontiers à ces femmes.
Qui part… perd :
Marie-Pierre, 54 ans, a préféré s’en aller plutôt que de voir son couple en arriver là : « Mon ex-mari a une belle situation, il travaille dans l’immobilier alors que je n’ai qu’un petit salaire de secrétaire médicale. Pourtant, il y a trois ans, quand j’ai rencontré un autre homme, j’ai choisi de m’en aller. Puisque c’était moi qui le quittais, il ne m’a pas fait de cadeau au moment du divorce : je n’ai eu droit qu’à une pension alimentaire pour nos deux enfants et j’ai dû m’installer, à mes frais, dans un petit appartement que je loue. Je suis heureuse comme ça, mais ça a vraiment été difficile, et je comprends certaines de mes amies qui ont des amants mais privilégient leur confort matériel, quitte à passer à côté du grand amour. »
D’autant qu’on est loin des excès du système américain, où les divorces représentent de juteuses opérations pour les épouses intéressées. Impossible en France de s’imaginer un destin à la Ivana Trump, ex-mannequin qui, au terme d’une bataille judiciaire féroce, a obtenu de son richissime mari la bagatelle de 100 millions de dollars. Pour éviter ce genre de dérives, les couples aux finances déséquilibrées optent souvent pour un contrat de mariage : « Le régime de la séparation de biens permet au mari de protéger son patrimoine familial si l’épouse devient trop gourmande », explique Elodie Frémont, notaire à Paris.
Pas question, et c’est de bonne guerre, d’espérer tout plaquer en emportant une somme rondelette. Martine Valot-Forest confirme : « Même quand une prestation compensatoire est attribuée, elle ne permet jamais à la femme de continuer à vivre sans travailler, ni de profiter du même train de vie qu’avant. Le plus souvent, la somme allouée ne suffit pas pour s’acheter un logement, même modeste. » Un rapide calcul permet donc à ces épouses privilégiées de constater leur intérêt à ne pas divorcer.
Prison dorée :
A la quarantaine, celles qui n’ont pas d’activité professionnelle réalisent qu’elles auraient du mal à retrouver du travail sur un marché de l’emploi peu accueillant. Ajoutée à l’angoisse du vieillissement, la crainte de perdre son mari et le train de vie qui va avec se fait plus forte. Certaines se mettent alors à exiger des garanties : « La peur d’être quittée, notamment pour une maîtresse plus jeune, pousse la femme à demander à son conjoint de mettre leur patrimoine à son nom. J’en connais une qui s’est mariée sous le régime de la séparation de biens et qui, apprenant que son mari la trompait, lui a demandé un appartement et une assurance-vie, qu’elle a obtenus », raconte Marie-Claude François-Laugier.
Quand elles n’ont pas pris toutes ces précautions, beaucoup renoncent à partir. « Il y en a qui assument parfaitement cette situation, qu’elles ont choisie. Mais les autres, et elles sont nombreuses, sont malheureuses. Si elles avaient de l’argent à elles, beaucoup partiraient immédiatement », assure la psychologue. C’est ce qui est arrivé à Françoise, 58 ans : « Pendant dix ans, je suis restée avec mon mari alors qu’on ne s’entendait plus, car je ne me voyais pas repartir de zéro et subvenir seule à mes besoins. Mais, l’année dernière, quand mon père est décédé en me laissant une somme importante, je n’ai pas hésité longtemps avant de le quitter. J’avais juste besoin d’une base de départ. »
Celles qui restent peuvent tomber dans un cercle vicieux : « Elles ont une faible estime d’elles-mêmes et ne s’attribuent pas de valeur propre, puisqu’elles ont toujours dépendu d’un autre. L’ennui et la vacuité de leur vie peuvent les mener jusqu’à une vraie dépression. Du coup, elles n’ont pas l’énergie suffisante pour entamer quelque chose et essayer de travailler pour gagner leur autonomie. Elles se laissent enfermer dans le piège du confort et de la facilité », analyse Marie-Claude François-Laugier. Prisonnières volontaires de leur cage dorée, peu de femmes acceptent de témoigner . Trois d’entre elles ont quand même consenti à nous faire partager leur expérience.
Source :marie france
ces femmes qui restent pour l'argent« Divorcer parce qu’on n’est plus amoureuse est aussi stupide que de se marier parce qu’on l’est. » La formule a de quoi scandaliser les romantiques que nous sommes. Dans la bouche de Zsa Zsa Gabor, actrice star des années 1950, elle ne choquait pourtant pas grand monde. Mariée pas moins de neuf fois (de préférence à des hommes au portefeuille bien fourni), la star se faisait l’écho de nombreuses femmes pour qui épouser un bon parti était la clé d’une vie confortable. Une vision du couple qui semble d’un autre âge, à une époque où une femme sur huit travaille et où l’amour est devenu le critère numéro un d’une union réussie.
« Les mariages d’intérêt sont désormais peu déclarés et mal vus, sauf dans la haute bourgeoisie et l’aristocratie où les rencontres organisées perdurent. Les femmes ne mettent plus en avant l’argent dans les critères de choix d’un conjoint. En façade, elles aspirent avant tout à une authenticité dans le rapport amoureux », analyse le sociologue Jean-Claude Kaufmann. La lutte pour l’émancipation des femmes est passée par là et rien ne nous paraît plus naturel aujourd’hui que de disposer de nos propres revenus et de contribuer à part égale à ceux du ménage.
Pourtant, 29 % des Françaises déclarent encore ne pas être autonomes financièrement1. Parmi elles, des femmes de milieu modeste, confrontées au chômage ou à un salaire trop maigre pour s’en sortir seules. Et d’autres, qui vivent dans l’opulence. Elles ont fait le choix de ne pas (ou peu) travailler et de profiter des revenus de leur mari qui gagne largement sa vie pour deux. Qu’elles l’aient épousé d’abord pour ses beaux yeux ou pour son compte en banque, toutes se retrouvent finalement dans la même situation : au nom d’un contrat moral tacite au sein du couple, elles jouent les parfaites femmes d’intérieur, s’occupent des enfants, et bénéficient en échange d’un train de vie agréable avec voyages et beaux vêtements. Dans une société qui leur offre l’opportunité de réussir par elles-mêmes, ces femmes entretenues sont regardées d’un mauvais œil.
Pourtant, 12 % des Françaises déclarent que s’il fallait choisir entre amour et argent, le second l’emporterait2. Car, pour 95 % d’entre elles, il rime avec sécurité3. « Un certain nombre de femmes voient, dans le mariage avec un homme riche, la garantie d’une sécurité à vie, qui les rassure et comble un manque d’argent ou d’affection qu’elles ressentent depuis l’enfance », explique Marie-Claude François-Laugier, psychologue et auteur de « L’Argent dans le couple et la famille » (Payot). Par choix, elles troquent alors leur indépendance contre une vie facile, sans souci du lendemain. Du moins tant que leur couple fonctionne. Car, lorsque l’amour s’en va ou que l’un des deux a envie d’aller voir ailleurs, la question de l’avenir resurgit, souvent de manière violente. Avec une interrogation : ont-elles vraiment l’envie et les moyens de renoncer à leur vie confortable pour en commencer une nouvelle ? Peu trouvent finalement le courage, après plusieurs années d’une existence dorée, d’abandonner boutiques de luxe, spas et hôtels quatre étoiles pour retourner à la case départ.
Donnant donnant :
Alors, elles sont prêtes, pour conserver leur train de vie, à accepter quelques concessions. La plus courante consiste à fermer les yeux sur les infidélités conjugales. « Une de mes amies reste avec son mari qui a une maîtresse depuis vingt-cinq ans parce qu’elle est somptueusement logée. Il n’est jamais là, mais est très généreux avec elle, donc elle ne voit pas de raison pour que ça change », confie Marie-Claude François-Laugier. En cas de liaison officielle, les arrangements privés ne sont pas rares : « J’ai connu un homme qui avait une situation importante. Il était de fait séparé de sa femme, et vivait même avec quelqu’un d’autre, mais il lui allouait une somme très confortable, qu’il menaçait de ne plus verser en cas de divorce. Il ne pouvait pas l’envisager, pour des raisons de convenances », raconte Martine Valot-Forest.
Cette avocate à la cour d’appel de Paris, auteur de « Bien négocier son divorce » (First Editions), a souvent observé ces situations dans lesquelles « les femmes ressentent une insatisfaction larvée parce qu’elles ne supportent plus le caractère de l’autre, mais restent en couple par intérêt économique ». Et même si leur vie conjugale n’est pas des plus épanouissantes, elles font avec : « Une de mes clientes m’a raconté qu’elle était très amoureuse de son mari au départ. Elle a aujourd’hui 60 ans, leurs deux enfants sont partis de la maison, et il n’y a plus d’amour entre eux depuis quinze ans. Ils en sont même arrivés à une certaine forme d’animosité car lui a des maîtresses. Elle se dit frustrée, mais sa situation matérielle lui convient très bien et la liberté de dépenser son argent à lui compense leurs disputes permanentes », confie Delphine, employée dans un centre de soins.
Epouse et mari semblent donc trouver leur compte dans ces petits arrangements avec le couple. Même s’ils sont parfois peu reluisants. Dans « Le prix à payer », sorti sur les écrans en avril, Alexandra Leclère abordait la marchandisation des rapports au sein du couple. Le slogan ? « Pas de cul, pas de fric. » Avec Nathalie Baye en quinqua futile acceptant de coucher avec un mari qui la dégoûte pour continuer à profiter de sa carte bancaire. Le sujet a suscité la polémique, les critiques reprochant au film de véhiculer une image désastreuse de la femme.
Pourtant, ce genre d’histoire n’arrive pas qu’au cinéma. « Certains hommes se servent de leur situation financière pour exiger beaucoup en retour. Pour eux, la femme doit respecter sa part du marché en jouant à l’épouse parfaite, et cela peut aller jus-qu’aux obligations sexuelles », explique Marie-Claude François-Laugier. « Il arrive qu’une femme négocie une nuit d’amour avec son mari contre un beau cadeau, mais la proposition vient le plus souvent de l’homme, à qui l’argent donne une impression de pouvoir absolu. Il lui arrive même d’être violent verbalement ou physiquement et de menacer de la quitter si elle n’exécute pas toutes ses demandes. » Ce type de chantage, à la limite de la prostitution conjugale, dévoile un tableau très noir, loin de la vie dorée qu’on prête volontiers à ces femmes.
Qui part… perd :
Marie-Pierre, 54 ans, a préféré s’en aller plutôt que de voir son couple en arriver là : « Mon ex-mari a une belle situation, il travaille dans l’immobilier alors que je n’ai qu’un petit salaire de secrétaire médicale. Pourtant, il y a trois ans, quand j’ai rencontré un autre homme, j’ai choisi de m’en aller. Puisque c’était moi qui le quittais, il ne m’a pas fait de cadeau au moment du divorce : je n’ai eu droit qu’à une pension alimentaire pour nos deux enfants et j’ai dû m’installer, à mes frais, dans un petit appartement que je loue. Je suis heureuse comme ça, mais ça a vraiment été difficile, et je comprends certaines de mes amies qui ont des amants mais privilégient leur confort matériel, quitte à passer à côté du grand amour. »
D’autant qu’on est loin des excès du système américain, où les divorces représentent de juteuses opérations pour les épouses intéressées. Impossible en France de s’imaginer un destin à la Ivana Trump, ex-mannequin qui, au terme d’une bataille judiciaire féroce, a obtenu de son richissime mari la bagatelle de 100 millions de dollars. Pour éviter ce genre de dérives, les couples aux finances déséquilibrées optent souvent pour un contrat de mariage : « Le régime de la séparation de biens permet au mari de protéger son patrimoine familial si l’épouse devient trop gourmande », explique Elodie Frémont, notaire à Paris.
Pas question, et c’est de bonne guerre, d’espérer tout plaquer en emportant une somme rondelette. Martine Valot-Forest confirme : « Même quand une prestation compensatoire est attribuée, elle ne permet jamais à la femme de continuer à vivre sans travailler, ni de profiter du même train de vie qu’avant. Le plus souvent, la somme allouée ne suffit pas pour s’acheter un logement, même modeste. » Un rapide calcul permet donc à ces épouses privilégiées de constater leur intérêt à ne pas divorcer.
Prison dorée :
A la quarantaine, celles qui n’ont pas d’activité professionnelle réalisent qu’elles auraient du mal à retrouver du travail sur un marché de l’emploi peu accueillant. Ajoutée à l’angoisse du vieillissement, la crainte de perdre son mari et le train de vie qui va avec se fait plus forte. Certaines se mettent alors à exiger des garanties : « La peur d’être quittée, notamment pour une maîtresse plus jeune, pousse la femme à demander à son conjoint de mettre leur patrimoine à son nom. J’en connais une qui s’est mariée sous le régime de la séparation de biens et qui, apprenant que son mari la trompait, lui a demandé un appartement et une assurance-vie, qu’elle a obtenus », raconte Marie-Claude François-Laugier.
Quand elles n’ont pas pris toutes ces précautions, beaucoup renoncent à partir. « Il y en a qui assument parfaitement cette situation, qu’elles ont choisie. Mais les autres, et elles sont nombreuses, sont malheureuses. Si elles avaient de l’argent à elles, beaucoup partiraient immédiatement », assure la psychologue. C’est ce qui est arrivé à Françoise, 58 ans : « Pendant dix ans, je suis restée avec mon mari alors qu’on ne s’entendait plus, car je ne me voyais pas repartir de zéro et subvenir seule à mes besoins. Mais, l’année dernière, quand mon père est décédé en me laissant une somme importante, je n’ai pas hésité longtemps avant de le quitter. J’avais juste besoin d’une base de départ. »
Celles qui restent peuvent tomber dans un cercle vicieux : « Elles ont une faible estime d’elles-mêmes et ne s’attribuent pas de valeur propre, puisqu’elles ont toujours dépendu d’un autre. L’ennui et la vacuité de leur vie peuvent les mener jusqu’à une vraie dépression. Du coup, elles n’ont pas l’énergie suffisante pour entamer quelque chose et essayer de travailler pour gagner leur autonomie. Elles se laissent enfermer dans le piège du confort et de la facilité », analyse Marie-Claude François-Laugier. Prisonnières volontaires de leur cage dorée, peu de femmes acceptent de témoigner . Trois d’entre elles ont quand même consenti à nous faire partager leur expérience.
Source :marie france
Photo ©viepratique241