Dans un communiqué en date du 21 septembre 2015, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), en sa 545 ème réunion a expri...
Dans un communiqué en date du 21 septembre 2015, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), en sa 545 ème réunion a exprimé sa préoccupation « face aux tentatives de certains acteurs politiques comoriens de remettre en cause le principe de la présidence tournante, tel que consacré par la Constitution comorienne ». Le Conseil met en garde contre ces tentatives et contre toute autre action de nature à créer des tensions et à compromettre les avancées enregistrées dans le processus de réconciliation et de stabilisation des Comores.
Ainsi le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine épouse les idées avancées depuis quelques mois par le porte-parole du gouvernement de l’Union des Comores, le Ministre de l’intérieur, Houmed Msaidé. Ce dernier vient encore une fois d’affirmer, dans une radio périphérique que le gouvernement ne toléra pas toute « action susceptible de créer le désordre ». Contrairement au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui est resté dans un langage diplomatique, le Ministre de l’intérieur, qui fait une publicité gratuite à l’ancien président de l’Union des Comores, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, n’est pas passé par quatre chemins pour affirmer haut et fort que la candidature de ce dernier remet en cause la tournante et que son gouvernement n’acceptera pas cette candidature, car elle ne respecte pas la constitution. Parole d’un Ministre de la République !
Capture photo comité maoré pour une tournante à Mayotte |
La candidature de Sambi remet elle en cause la présidence tournante, tel que consacré par la Constitution comorienne ? En réalité,le problème réel ne serait-il Sambi lui-même ? Au lieu de se référer à une constitution comorienne qui garantit l’égalité des comoriens devant toutes les élections , l’Union Africaine et le gouvernement de l’Union des Comores encouragent le triomphe « d’une pratique insulariste de la primaire de l’élection présidentielle » qui n’est pas conforme aux textes de la construction et la législation en vigueur au détriment d’une lecture textuelle et objective de la constitution qui encouragera l’unité nationale et la cohésion nationale. Le fait que les habitants d’une île à laquelle échoit la tournante de l’élection présidentielle choisissent un natif d’autres contrées, pas uniquement originaires des îles de l'archipel Comores, ne favorisera-t-il pas grandement la réconciliation nationale, le renforcement de l' unité nationale et la lutte contre le séparatisme ?
Les dispositions constitutionnelles actuelles n’interdisent pas à l’ancien chef de l’Etat de se porter candidat aux primaires de la future élection présidentielle de 2016. Par contre, sa pratique du pouvoir de 2006 à 2011 est susceptible de bloquer sa candidature : une pratique qui n’a jamais favorisé la bonne gouvernance et qui a toléré la corruption à grande échelle. Encore faut-il engager des poursuites judiciaires contre l’ancien président de la république, chose que l’actuel gouvernement n’osera pas, puisque issu du fameux « relais qui rassure », il risque de s’auto condamner.
En voulant absolument bloquer la candidature « d’une personne », le gouvernement de l’Union encouragé depuis ce 21 septembre par l’Union Africaine est en train de créer « une citoyenne insulaire » qui interdit aux citoyens comoriens, quel que soit leur origine, de se présenter à la primaire de l’élection présidentielle. Ainsi le nouveau cycle de la tournante qui exclut Mayotte qui débutera en 2016 produira et renforcera encore une fois, le régionalisme, le népotisme, le favoritisme, la pratique « de yatru » dans la gestion du pouvoir de l'exécutif. Des faits qui ont caractérisé la gestions des trois " pouvoirs insulaires" qui se sont succédés à la présidence de l'Union depuis 2002 et qui ont considérablement appauvri le pays et renforcé le repli identitaire.
La Cour constitutionnelle qui est la seule juridiction compétente pour créer une jurisprudence sur « la tournante de l’élection présidentielle » prévue par l'article 13 de la constitution, validera-t-elle une telle conception de la gestion du pouvoir de la présidence de l’Union ? Wait and see.
Par ComoresDroit