Cet article est un résumé de la conférence-débat organisé à Mbeni le 02 septembre 2015 à la mémoire des fusillés du 02 septembre 1975 par l’...
Cet article est un résumé de la conférence-débat organisé à Mbeni le 02 septembre 2015 à la mémoire des fusillés du 02 septembre 1975 par l’armée conduite par le Délégué de la Défense et de la Justice le fameux Ali Soilihi Mtsashiwa. Cet article est aussi le fruit des recherches et d’enquêtes que nous avons menés durant le mois d’Août pour la préparation de cette conférence. Une partie importante des témoins oculaires, notables, des jeunes, des femmes et des responsables villageois comme le maire du Nyuma msiru (Hamahame) Mohamed Karidji étaient ci-présents.
Cette conférence-débat tenue à 20h00 du soir à la place de Chine de Mbeni, n’avait pas comme objectif de réveiller les sentiments de haines des uns et des autres, mais plutôt d’alimenter un esprit de tolérance, de paix et défendre les valeurs humaines de nos sociétés contemporaines.
Cette commémoration était menée par ABDOU NOUHOU Badroudine, doctorant d’Histoire politique à l’Université d’Antananarivo-Ankatso et HAMZA Assoumani, témoin oculaire.
Après le coup d’Etat du 03 août 1975 fomenté par Ali Soilihi et le front National Uni (FNU) qui destitua le président Ahmed Abdallah, certains membres du gouvernement déchu se sont enfuis avec les voitures de l’Etat (trois voitures pour les uns, quatre pour les autres) dans la région de Hamahame plus particulièrement à Mbeni. Mohamed Taki se réfugie dans cette localité qui constitue sa fief et mène une résistance contre les putschistes (mapiduzi), pendant qu’Omar Tamou tire les ficèles d’opposition dans la région de Mbadjini et Ahmed Abdallah dans l’île d’Anjouan.
Après plusieurs sommations et demandes du ministre chargé de la Justice et de la Défense, aux villageois de Mbeni afin d’envoyer les voitures de l’Etat à Moroni, Ali Soilihi a décidé avec son armée le 02 septembre 1975 d’intervenir militairement à Mbeni pour les récupérer. Les villageois ont résisté en refusant de les livrer aux putschistes, d’où l’assassinat de cinq civils : MANSOIBOU Said Hamadi (1956-1975), MBAE Issa (1952-1975), MAWULIDA Mdahoma alias Lava (1907-1975), SOULE Ibrahim (1940-1975), de Vuuni Bambao de sa mère et de Mbeni de son père, et enfin un enfant de 5 ans atteint par les grenades lancées par l’avion militaire. Et une dizaine de blessés gravement : YOUSSOUF Ali Wazir dit Mboina (1941-2004), MAHAMDU Abdallah Hamadi, MBAE Assoumani et HADJI Mohamed Moegni, etc.
Selon certains intervenants de la conférence, des témoins de cette période, Ali Soilihi a utilisé un sous prétexte qu’il était blessé au bras par un caillou, ce qui lui a permis selon lui, de fusiller des civiles démunis de tous moyens de défenses. Pour d’autres, Ali Soilihi était blessé mais l’ordre de tirer de sang-froid de balles réelles contre des civiles est dû surtout à une tire d’arme en l’air par le camp des résistants. Nos enquêtes montrent que les jeunes villageois se sont préparés pour s’en prendre aux putschistes malgré qu’ils fussent démunis de tout moyen de défense mesurable à celui des mapiduzi.
Transportés dans les voitures des militaires soilihistes pour être amenés à l’hôpital, les blessés ont été mal traités et injuriés : Les militaires les ont faits circuler et défiler dans les villes de Mitsamihuli et Moroni. Ce retard de traiter les blessés a précipité la mort à pleine route de trois personnes et a fait perdre beaucoup de sang de plusieurs victimes avant leur arrivée à l’hôpital El-maarouf de Moroni. Une fois dans cet hôpital, le chirurgien Said Bacar, partisan d’Ali Soilihi, s’est retenu de soigner les victimes. Toutefois, l’infirmier-assistant Said Abdou de Mnungu-Hamahame a tenté avec courage de soigner et sauver les blesser.
Le 08 septembre 1975, son armée ainsi que les mercenaires étrangers sont revenus à Mbeni récupérer les biens publics, dans le calme et sans aucune résistance. Le 21 septembre 1975, 120 révolutionnaires et mercenaires débarquent à Anjouan : bilan 04 morts dont un du côté de mapiduzi.
L’acte du 02 septembre 1975 est une résistance active dans la mesure où les mbeniens et les Hamahametans ont osé dire non au premier coup d’Etat de notre jeune Etat, non à la déstabilisation politique du pays, non à l’occupation des Comores par des mercenaires étrangers. Une résistance qui lutte pour les libertés, la démocratie et le respect de la souveraineté nationale. Donc, nous saluons aujourd’hui ce geste de bravoure, de patriotisme et de courage. La célébration de 02 septembre n’est pas seulement pour les mbeniens et les Hamahametans mais pour tout un peuple de commémorer leur héros, leur épopées et leur martyrs.
En janvier 1976, Ali Soilihi à l’occasion d’une élection au sein du Conseil National de la Révolution (CNR), est élu chef de l’Etat. Le 18 mars 1978, la ville d’iconi est attaquée à son tour par ceque nous qualifions d’un soulèvement (et non plus une résistance) contre le Gouvernement en place, faisant 12 morts et plusieurs blessés.
Les martyrs du 02 septembre n’ont jamais bénéficié d’aucune reconnaissance officielle ou d’une commémoration quoi que ce soit de la part des gouvernements : celui d’Ahmed Abdallah (1978-1989) et celui de Mohamed Taki Abdoulkarim (1996-1998). Aucune enquête judiciaire n’est jamais réclamée par les familles des victimes : c’est regrettable puisqu’on ignore encore le statut de ces « fusillés » pendant qu’il fait déjà 40 ans d’indépendance le fameux Ali Soilihi est reconnu officiellement en tant que Président de la République des Comores !
ABDOU NOUHOU Badroudine, doctorant d’Histoire politique, Université d’Antananarivo-Ankatso et enseignant à l’Université de Toamasina (Madagascar)
Cette conférence-débat tenue à 20h00 du soir à la place de Chine de Mbeni, n’avait pas comme objectif de réveiller les sentiments de haines des uns et des autres, mais plutôt d’alimenter un esprit de tolérance, de paix et défendre les valeurs humaines de nos sociétés contemporaines.
Cette commémoration était menée par ABDOU NOUHOU Badroudine, doctorant d’Histoire politique à l’Université d’Antananarivo-Ankatso et HAMZA Assoumani, témoin oculaire.
- Le 02 septembre 1975 : entre Histoire et mémoire
Après le coup d’Etat du 03 août 1975 fomenté par Ali Soilihi et le front National Uni (FNU) qui destitua le président Ahmed Abdallah, certains membres du gouvernement déchu se sont enfuis avec les voitures de l’Etat (trois voitures pour les uns, quatre pour les autres) dans la région de Hamahame plus particulièrement à Mbeni. Mohamed Taki se réfugie dans cette localité qui constitue sa fief et mène une résistance contre les putschistes (mapiduzi), pendant qu’Omar Tamou tire les ficèles d’opposition dans la région de Mbadjini et Ahmed Abdallah dans l’île d’Anjouan.
Après plusieurs sommations et demandes du ministre chargé de la Justice et de la Défense, aux villageois de Mbeni afin d’envoyer les voitures de l’Etat à Moroni, Ali Soilihi a décidé avec son armée le 02 septembre 1975 d’intervenir militairement à Mbeni pour les récupérer. Les villageois ont résisté en refusant de les livrer aux putschistes, d’où l’assassinat de cinq civils : MANSOIBOU Said Hamadi (1956-1975), MBAE Issa (1952-1975), MAWULIDA Mdahoma alias Lava (1907-1975), SOULE Ibrahim (1940-1975), de Vuuni Bambao de sa mère et de Mbeni de son père, et enfin un enfant de 5 ans atteint par les grenades lancées par l’avion militaire. Et une dizaine de blessés gravement : YOUSSOUF Ali Wazir dit Mboina (1941-2004), MAHAMDU Abdallah Hamadi, MBAE Assoumani et HADJI Mohamed Moegni, etc.
Selon certains intervenants de la conférence, des témoins de cette période, Ali Soilihi a utilisé un sous prétexte qu’il était blessé au bras par un caillou, ce qui lui a permis selon lui, de fusiller des civiles démunis de tous moyens de défenses. Pour d’autres, Ali Soilihi était blessé mais l’ordre de tirer de sang-froid de balles réelles contre des civiles est dû surtout à une tire d’arme en l’air par le camp des résistants. Nos enquêtes montrent que les jeunes villageois se sont préparés pour s’en prendre aux putschistes malgré qu’ils fussent démunis de tout moyen de défense mesurable à celui des mapiduzi.
Transportés dans les voitures des militaires soilihistes pour être amenés à l’hôpital, les blessés ont été mal traités et injuriés : Les militaires les ont faits circuler et défiler dans les villes de Mitsamihuli et Moroni. Ce retard de traiter les blessés a précipité la mort à pleine route de trois personnes et a fait perdre beaucoup de sang de plusieurs victimes avant leur arrivée à l’hôpital El-maarouf de Moroni. Une fois dans cet hôpital, le chirurgien Said Bacar, partisan d’Ali Soilihi, s’est retenu de soigner les victimes. Toutefois, l’infirmier-assistant Said Abdou de Mnungu-Hamahame a tenté avec courage de soigner et sauver les blesser.
Le 08 septembre 1975, son armée ainsi que les mercenaires étrangers sont revenus à Mbeni récupérer les biens publics, dans le calme et sans aucune résistance. Le 21 septembre 1975, 120 révolutionnaires et mercenaires débarquent à Anjouan : bilan 04 morts dont un du côté de mapiduzi.
- Le 02 septembre 1975 : Une résistance ou une rébellion ?
L’acte du 02 septembre 1975 est une résistance active dans la mesure où les mbeniens et les Hamahametans ont osé dire non au premier coup d’Etat de notre jeune Etat, non à la déstabilisation politique du pays, non à l’occupation des Comores par des mercenaires étrangers. Une résistance qui lutte pour les libertés, la démocratie et le respect de la souveraineté nationale. Donc, nous saluons aujourd’hui ce geste de bravoure, de patriotisme et de courage. La célébration de 02 septembre n’est pas seulement pour les mbeniens et les Hamahametans mais pour tout un peuple de commémorer leur héros, leur épopées et leur martyrs.
En janvier 1976, Ali Soilihi à l’occasion d’une élection au sein du Conseil National de la Révolution (CNR), est élu chef de l’Etat. Le 18 mars 1978, la ville d’iconi est attaquée à son tour par ceque nous qualifions d’un soulèvement (et non plus une résistance) contre le Gouvernement en place, faisant 12 morts et plusieurs blessés.
- Le sort des martyrs
Les martyrs du 02 septembre n’ont jamais bénéficié d’aucune reconnaissance officielle ou d’une commémoration quoi que ce soit de la part des gouvernements : celui d’Ahmed Abdallah (1978-1989) et celui de Mohamed Taki Abdoulkarim (1996-1998). Aucune enquête judiciaire n’est jamais réclamée par les familles des victimes : c’est regrettable puisqu’on ignore encore le statut de ces « fusillés » pendant qu’il fait déjà 40 ans d’indépendance le fameux Ali Soilihi est reconnu officiellement en tant que Président de la République des Comores !
ABDOU NOUHOU Badroudine, doctorant d’Histoire politique, Université d’Antananarivo-Ankatso et enseignant à l’Université de Toamasina (Madagascar)