Il y a un avant et un après les attentats de janvier. Ce qui, chez les musulmans, ne se disait pas, ou peu et alors avec gêne, se dit désor...
Il y a un avant et un après les attentats de janvier. Ce qui, chez les musulmans, ne se disait pas, ou peu et alors avec gêne, se dit désormais plus facilement. Comme si l'on s'était rendu compte que se taire, non seulement n'empêcherait pas le pire d'arriver, voire contribuerait à ce qu'il advienne, mais que ne rien dire, c'était surtout continuer de se mentir à soi-même. «Convaincu qu'il est des silences complices, j'ai pensé qu'il me revenait d'éclairer mes coreligionnaires sur ce que je crois être la vérité (…) », écrit Mohamed Bajrafil, dans son avant-propos à Islam de France, l'an I, un essai qui sort aujourd'hui en librairie.
Imam à Ivry en banlieue parisienne, docteur en linguistique, Mohamed Bajrafil, né en 1978 aux Comores, incarne aux yeux de nombreux jeunes Français musulmans (mais pas tous) une parole légitime et présentable: il ne bazarde pas toutes les traditions au nom de la modernité et il s'exprime parfaitement. Cofondateur, en avril, du Forum mondial pour une réforme islamique, il s'en est retiré quelques semaines plus tard, après que l'Etat islamique eut menacé de mort les membres de ce forum (voir l'article du 5 juin dans l'édition en ligne de L'Hebdo). Sans doute aura-t-il estimé que sa situation l'exposait particulièrement à la folie terroriste.
Il ne s'est pas tu pour autant. La preuve. Manifestement, son livre s'adresse davantage aux musulmans qu'aux non-musulmans. Ceux-ci y trouveront toutefois matière à s'instruire et à débattre, notamment de la notion de laïcité. Mohamed Bajrafil entend «arracher le Coran des mains des criminels», fustige «l'hérésie antisémite», plaide pour la «réforme», «une nécessité vitale au cœur même de l'islam» et invite à la modération: «Il ne saurait exister de pouvoir se réclamant de Dieu, sauf celui de Dieu lui-même.»
Si, contrairement à d'autres «réformistes», il soutient que le port du foulard est «une obligation» pour la femme en islam, il n'entend forcer aucune, dont sa fille, à s'en couvrir les cheveux.
Verbe érudit et visage gracieux, Mohamed Bajrafil apparaît en France comme l'une des dernières cartes capables de contrer le jeu des djihadistes flambeurs.
Antoine Menusier-hebdo.ch
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.
Imam à Ivry en banlieue parisienne, docteur en linguistique, Mohamed Bajrafil, né en 1978 aux Comores, incarne aux yeux de nombreux jeunes Français musulmans (mais pas tous) une parole légitime et présentable: il ne bazarde pas toutes les traditions au nom de la modernité et il s'exprime parfaitement. Cofondateur, en avril, du Forum mondial pour une réforme islamique, il s'en est retiré quelques semaines plus tard, après que l'Etat islamique eut menacé de mort les membres de ce forum (voir l'article du 5 juin dans l'édition en ligne de L'Hebdo). Sans doute aura-t-il estimé que sa situation l'exposait particulièrement à la folie terroriste.
Il ne s'est pas tu pour autant. La preuve. Manifestement, son livre s'adresse davantage aux musulmans qu'aux non-musulmans. Ceux-ci y trouveront toutefois matière à s'instruire et à débattre, notamment de la notion de laïcité. Mohamed Bajrafil entend «arracher le Coran des mains des criminels», fustige «l'hérésie antisémite», plaide pour la «réforme», «une nécessité vitale au cœur même de l'islam» et invite à la modération: «Il ne saurait exister de pouvoir se réclamant de Dieu, sauf celui de Dieu lui-même.»
Si, contrairement à d'autres «réformistes», il soutient que le port du foulard est «une obligation» pour la femme en islam, il n'entend forcer aucune, dont sa fille, à s'en couvrir les cheveux.
Verbe érudit et visage gracieux, Mohamed Bajrafil apparaît en France comme l'une des dernières cartes capables de contrer le jeu des djihadistes flambeurs.
Antoine Menusier-hebdo.ch
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