Mme Echata Attoumani est décédée l’après-midi du 24 août dernier à 17h00 alors qu’elle se faisait opérer dans une clinique privée à Moroni,...
Mme Echata Attoumani est décédée l’après-midi du 24 août dernier à 17h00 alors qu’elle se faisait opérer dans une clinique privée à Moroni, par un médecin qui n’a pas le droit d’exercer aux Comores. En l’absence de son chirurgien, la patiente a eu des complications qui entraîneront sa mort quelques heures après.
Retour sur les lieux du drame. Un drame qui aurait pu être évité ? La question est légitime, au vu des circonstances. Le lundi 24 août dernier, dans la matinée, Echata Assoumani, officier de police, est admise au bloc opératoire du docteur Issa Soulé. L’opération est « banale ». La patiente doit se faire retirer un fibrome. Le médecin qui l’opère n’est pas Issa Soulé mais un Leon-Feng Jean Claude , qui travaille avec lui dans sa clinique. Pour l’heure, personne ne sait si Jean Claude est chirurgien ou même médecin mais nous y reviendrons. Issa Soulé n’est pas sur les lieux quand se déroule l’opération. Mieux, encore, Issa Soulé, ne serait au courant de rien… Vers 15 heures, la patiente commence à montrer quelques signes de complications, plutôt inquiétantes. Elle est prise d’agitations. Aucun des deux médecins cités n’est sur place.
L’infirmière qui remarque qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond appelle Jean Claude. Qui se rend sur les lieux après un petit moment. Une fois sur place, à eux deux, ils tentent vainement de remettre le sérum par voie veineuse. « Elle a fait un choc hypovolémique », explique Issa Soulé, propriétaire de la clinique. Elle mourra peu après. Aurait-elle pu être sauvée ? Issa Soulé assure que si : « à défaut d’une voie veineuse au niveau du bras, on pouvait placer le sérum sur une des voies centrales, notamment sur la nuque ou au niveau du pli de l’aine ».
Il a cependant rajouté que cette spécialité était réservée aux réanimateurs. A noter, toujours selon lui, que seul le médecin du président est à même de le faire… La mort de Echata Assoumani a le mérite d’avoir relancé le débat sur l’exercice de la profession médicale aux Comores. En d’autres termes, Jean Claude peut-il légalement exercer en tant que médecin aux Comores ? Le président du conseil d’ordre national des médecins et chirurgiens-dentistes, en l’occurrence Dr Mmadi Ibouroihima, répond à la question sans détours : « le code de la santé publique en vigueur aux Comores ne l’autorise pas à exercer la médecine sur le territoire national ».
A la lumière de cette révélation, on peut logiquement se dire que si le droit avait été appliqué, la mort de l’officier aurait pu être évitée. Surtout que Mmadi Ibouroihima fait d’autres révélations : « nous avions convoqué Jean-Claude le 28 juillet, puis le 4 aout 2015, non seulement il ne s’est pas déplacé mais il a aussi proféré des insultes à l’endroit du secrétaire général du conseil », a-t-il précisé. Suite au refus du médecin malgache de se présenter devant le Conseil, celui-ci lui envoie une notification datée du 20 aout mais qui ne lui parviendra que 4 jours plus tard… Le 24 août qui est aussi la date de décès de Echata Attoumani... Sa mort aurait-elle pu être évitée ? Peut-être que oui, si seulement le droit avait été respecté.. Mais revenons à la note. Celle-ci précise que « Mr Leon-Feng Jean Claude ne remplit pas les conditions prévues à l’article 175 du code de la santé publique pour exercer la médecine en Union des Comores ».
L’article 175, lui, stipule en ses alinéas 2 et 3 que : «Nul ne peut exercer la profession de médecin, de chirurgien-dentiste aux Comores s’il n’est de nationalité comorienne ou ressortissant d’un pays ayant un accord de réciprocité avec l’union des Comores ; Inscrit au tableau de l’ordre national des médecins, chirurgiens-dentistes »… Aucune de ces conditions n’est remplie et Jean-Claude n’est pas pourvu de la nationalité comorienne. On peut légitimement se demander si la note était parvenue entre les mains du médecin malgache avant l’opération de la regrettée. On peut même aller plus loin et nous demander si cela l’aurait empêché de procéder à l’opération chirurgicale… Nous avons cherché à joindre Jean-Claude mais c’est sa femme qui a décroché. Nous avons compris que le médecin n’était pas disposé à répondre à nos questions.
Nous nous sommes tournés vers le docteur Issa , qui a affirmé « n’avoir jamais eu connaissance d’une telle loi ». « Personne ne peut me blâmer d’avoir laissé Jean-Claude travailler dans ma clinique, dès lors qu’il a eu à exercer dans un hôpital d’Etat, à Foumbouni notamment », a-t-il argué. Il va même plus loin en affirmant « qu’il n’avait jamais entendu parler d’un médecin qui aurait été poursuivi pour exercice illégal de la médecine ».
« Je n’avais aucune raison pour lui fermer les portes de ma clinique », a-t-il fait savoir. Un autre médecin estime que Issa Soulé a eu tort d’agir de la sorte. « Cette loi a été lue le jour où nous avons élu Docteur Mmadi Ibouroihima au poste de président. C’était le 30 avril. Issa Soulé n’avait pas pris part. Mais peu importe, nul n’est censé ignorer la loi », a-t-il martelé. Que Dr Issa ignore cette loi N° 11-001/AU du 26 mars 2011 portant code la santé publique, promulguée par décret N° 11-141/PR, est chose curieuse.
En tout cas, tout ce petit monde est prévenu. A chacun de prendre ses responsabilités. Selon les informations à notre disposition, ils sont une vingtaine de médecins à exercer illégalement sur le territoire national, une dizaine se trouvant à Ngazidja.
Toufé Maecha
Retour sur les lieux du drame. Un drame qui aurait pu être évité ? La question est légitime, au vu des circonstances. Le lundi 24 août dernier, dans la matinée, Echata Assoumani, officier de police, est admise au bloc opératoire du docteur Issa Soulé. L’opération est « banale ». La patiente doit se faire retirer un fibrome. Le médecin qui l’opère n’est pas Issa Soulé mais un Leon-Feng Jean Claude , qui travaille avec lui dans sa clinique. Pour l’heure, personne ne sait si Jean Claude est chirurgien ou même médecin mais nous y reviendrons. Issa Soulé n’est pas sur les lieux quand se déroule l’opération. Mieux, encore, Issa Soulé, ne serait au courant de rien… Vers 15 heures, la patiente commence à montrer quelques signes de complications, plutôt inquiétantes. Elle est prise d’agitations. Aucun des deux médecins cités n’est sur place.
L’infirmière qui remarque qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond appelle Jean Claude. Qui se rend sur les lieux après un petit moment. Une fois sur place, à eux deux, ils tentent vainement de remettre le sérum par voie veineuse. « Elle a fait un choc hypovolémique », explique Issa Soulé, propriétaire de la clinique. Elle mourra peu après. Aurait-elle pu être sauvée ? Issa Soulé assure que si : « à défaut d’une voie veineuse au niveau du bras, on pouvait placer le sérum sur une des voies centrales, notamment sur la nuque ou au niveau du pli de l’aine ».
Il a cependant rajouté que cette spécialité était réservée aux réanimateurs. A noter, toujours selon lui, que seul le médecin du président est à même de le faire… La mort de Echata Assoumani a le mérite d’avoir relancé le débat sur l’exercice de la profession médicale aux Comores. En d’autres termes, Jean Claude peut-il légalement exercer en tant que médecin aux Comores ? Le président du conseil d’ordre national des médecins et chirurgiens-dentistes, en l’occurrence Dr Mmadi Ibouroihima, répond à la question sans détours : « le code de la santé publique en vigueur aux Comores ne l’autorise pas à exercer la médecine sur le territoire national ».
A la lumière de cette révélation, on peut logiquement se dire que si le droit avait été appliqué, la mort de l’officier aurait pu être évitée. Surtout que Mmadi Ibouroihima fait d’autres révélations : « nous avions convoqué Jean-Claude le 28 juillet, puis le 4 aout 2015, non seulement il ne s’est pas déplacé mais il a aussi proféré des insultes à l’endroit du secrétaire général du conseil », a-t-il précisé. Suite au refus du médecin malgache de se présenter devant le Conseil, celui-ci lui envoie une notification datée du 20 aout mais qui ne lui parviendra que 4 jours plus tard… Le 24 août qui est aussi la date de décès de Echata Attoumani... Sa mort aurait-elle pu être évitée ? Peut-être que oui, si seulement le droit avait été respecté.. Mais revenons à la note. Celle-ci précise que « Mr Leon-Feng Jean Claude ne remplit pas les conditions prévues à l’article 175 du code de la santé publique pour exercer la médecine en Union des Comores ».
L’article 175, lui, stipule en ses alinéas 2 et 3 que : «Nul ne peut exercer la profession de médecin, de chirurgien-dentiste aux Comores s’il n’est de nationalité comorienne ou ressortissant d’un pays ayant un accord de réciprocité avec l’union des Comores ; Inscrit au tableau de l’ordre national des médecins, chirurgiens-dentistes »… Aucune de ces conditions n’est remplie et Jean-Claude n’est pas pourvu de la nationalité comorienne. On peut légitimement se demander si la note était parvenue entre les mains du médecin malgache avant l’opération de la regrettée. On peut même aller plus loin et nous demander si cela l’aurait empêché de procéder à l’opération chirurgicale… Nous avons cherché à joindre Jean-Claude mais c’est sa femme qui a décroché. Nous avons compris que le médecin n’était pas disposé à répondre à nos questions.
Nous nous sommes tournés vers le docteur Issa , qui a affirmé « n’avoir jamais eu connaissance d’une telle loi ». « Personne ne peut me blâmer d’avoir laissé Jean-Claude travailler dans ma clinique, dès lors qu’il a eu à exercer dans un hôpital d’Etat, à Foumbouni notamment », a-t-il argué. Il va même plus loin en affirmant « qu’il n’avait jamais entendu parler d’un médecin qui aurait été poursuivi pour exercice illégal de la médecine ».
« Je n’avais aucune raison pour lui fermer les portes de ma clinique », a-t-il fait savoir. Un autre médecin estime que Issa Soulé a eu tort d’agir de la sorte. « Cette loi a été lue le jour où nous avons élu Docteur Mmadi Ibouroihima au poste de président. C’était le 30 avril. Issa Soulé n’avait pas pris part. Mais peu importe, nul n’est censé ignorer la loi », a-t-il martelé. Que Dr Issa ignore cette loi N° 11-001/AU du 26 mars 2011 portant code la santé publique, promulguée par décret N° 11-141/PR, est chose curieuse.
En tout cas, tout ce petit monde est prévenu. A chacun de prendre ses responsabilités. Selon les informations à notre disposition, ils sont une vingtaine de médecins à exercer illégalement sur le territoire national, une dizaine se trouvant à Ngazidja.
Toufé Maecha