La photo du petit corps sans vie de l’enfant syrien Aylan Kurdi, âgé de 3 ou 4 ans échoué sur une plage turque fait la une de tous les jour...
La photo du petit corps sans vie de l’enfant syrien Aylan Kurdi, âgé de 3 ou 4 ans échoué sur une plage turque fait la une de tous les journaux du monde ce 3 septembre 2015. Les membres de la famille de cet enfant décédés également voudraient fuir la guerre qui sévit dans leur pays. Leur embarcation a sombré quelque part au large de l’île de Kos en Turquie.
Au cours de la même semaine, à 10 000 kilomètres de là, un adolescent de 17 ans, malade, meurt entre les bras de son père dans une traversée entre Anjouan et Mayotte dans l'archipel des Comores, ce 3 septembre 2015. Le kwassa kwassa, ce bateau de fortune qui transportait 25 migrants a échoué à Sada à Mayotte. Dans les iles indépendantes des Comores, les habitants ne fuient pas la guerre, mais la misère, le mal vivre, la déliquescence des services sociaux de base.
En juillet 2013, en déplacement sur l'île italienne de Lampedusa, le pape François avait fustigé "l'indifférence" du monde au sort des migrants dans leur quête d'une vie meilleure. "La culture du bien-être nous rend insensibles aux cris d'autrui (...) aboutit à une globalisation de l'indifférence", a lancé le pape lors d'une messe. "Des immigrés morts en mer, sur ces bateaux qui, au lieu d'être un chemin de l'espérance, ont été une route vers la mort", a déploré le pape au début de son homélie, en comparant cette "pensée qui revient constamment" à "une épine dans le cœur qui provoque la souffrance". Le pape a appelé à "changer concrètement certaines attitudes". "Nous ne sommes plus attentifs au monde dans lequel nous vivons, nous n'avons plus soin de ce que Dieu a créé", a-t-il ajouté. "Nos frères et sœurs cherchaient à sortir de situations difficiles pour trouver un peu de sérénité et de paix, un endroit meilleur pour eux et leur famille mais ils ont trouvé la mort", a-t-il encore souligné. "Qui est responsable du sang de ces frères et sœurs ? Personne ! Nous répondons tous ainsi : ce n'est pas moi, c'est sans doute quelqu'un d'autre (..) nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle."
Ce discours du Pape François n’ a pas pourtant réveillé de leur somnolence les dirigeants européens qui continuent de fermer les yeux sur les drames de l' immigration clandestine au large de l'Europe, mais aussi au large de l' autre ile qui est entrain de de devenir , l'une des principales portes d'entrée dans l'Union européenne pour les migrants, dans l' océan Indien, Mayotte. Ils continuent d’appliquer une politique répressive pour apporter des réponses à des questions humanitaires.
Dans une tribune publiée au mois d'octobre 2012, l'ancien Secrétaire Général de la Commission de l'Océan Indien, Wilfrid Bertile avait fustigé la banalisation de l'horreur au large de Mayotte. Il avait qualifié la politique française de lutte contre l'immigration "d'inhumaine et de dangereuse".
A la mi-juin 2015, près de 7800 reconduites à la frontière ont déjà été effectuées à Mayotte dans le cadre de la lutte contre « l'immigration clandestine ». en 2014, près de 19 991 reconduites à la frontière ont été réalisées, soit le 10ème de la population de cette île. Et pour la première fois, cette année, le préfet de Mayotte a réquisitionné le détachement de la légion étrangère pour participer à une opération de lutte contre l'immigration clandestine. L'armée au secours de la Police de l'Air et des Frontières (PAF). Toujours, la répression et encore la répression. Et pourtant, cette politique répressive n’arrêtera pas le flot de plus en plus important des migrants. Bien au contraire.
La photo du petit corps sans vie de l’enfant syrien Aylan Kurdi ouvrira-t-il enfin les yeux des dirigeants et élus européens sur la nécessité de mettre fin à ces drames à répétition des migrants qui se déroulent au large de l’Europe et de Mayotte par une politique humaniste et humanitaire ?
Par ComoresDroit