Il est 15 h pétantes ce jeudi 6 août 2015. Je me trouve dans une voiture d’un ami et on remonte la rue ambassadeur en direction de Volovolo...
Il est 15 h pétantes ce jeudi 6 août 2015. Je me trouve dans une voiture d’un ami et on remonte la rue ambassadeur en direction de Volovolo. Son téléphone portable sonne. Il décroche. L’air grave avec une voix résignée, il lâche à son interlocuteur : « Nganipviro niwoné »- je passe voir et je te tiens au courant. Il me demande de l'excuser car il doit passer par El Marouf, l’hopital dit de référence- comprendra qui voudra- pour s’enquérir de l’état de la grève, car sa sœur qui est malade voudrait s’y rendre. Mon ami va juste voir s’il y a un médecin pour dire à sa sœur pour pas qu’elle se déplace pour rien. On a très vite désenchanté. Pas âme qui bouge. L’endroit est désert. DÉSERT. La cause : une grève dont l’origine serait la récusation d’un chargé des ressources humaines par les médecins. Même si aujourd’hui, ce serait la tête du directeur général qu’on demande.
En se rendant à El Marouf l’on comprend que cet hôpital n’est hôpital qu’en présence des patients, des visiteurs, de tous ces va-et-vient, tout ce bruit des gens, des brancards, ces cris d’enfants vaccinés, ces gémissements de douleurs des patients…. Sinon ce sont des ruines insalubres qui suintent la moisissure, noyées dans un océan d’immondices et qui donnent la nausée. A notre quête d’information sur la présence d’un médecin, on nous dit qu’il n’y a qu’aux urgences qu’on peut en trouver. C’est là-bas qu’on assure le service minimum. En dehors de ce service, pas la peine de chercher, il n’y a ni médecin ni infirmier dans cet hôpital.
Comme les médecins, les infirmiers, les aides-soignants, ainsi que tous les autres personnels hospitaliers ont déserté le lieu, les patients ont fait pareil. L’endroit est abandonné. Il n y a que les bruits de rongeurs et les cris des oiseaux qui viennent, de temps en temps, troubler cette silence mortuaire qui résonne comme la fin sombre de l’institution. Cette fois ci l’hopital El Marouf ne meurt pas, il est mort et enterré. L’on se demande si ceux qui l’ont tué reviendront un jour sur le lieu du crime. Vont-ils avoir cette audace ?
Mais la vraie question est la suivante : y a-t-il un ministre de la santé dans ce pays ? Si oui, comment s’appelle-t-il, il est où et c’est quoi son travail ?
Photo ©Faïza Soulé Youssouf