En autorisant et en encourageant la délégation mahoraise à défiler derrière le drapeau français lors de l’ouverture des Jeux des Iles 2015,...
En autorisant et en encourageant la délégation mahoraise à défiler derrière le drapeau français lors de l’ouverture des Jeux des Iles 2015, « la France a pris ses responsabilités », déclare le ministre des Sports, Patrick Kanner. Mais c’est une responsabilité de bien courte vue au regard de la construction d’une indianocéanie des peuples et d’une éthique de responsabilité. Les autorités françaises savaient très bien que les Comores ne pouvaient accepter une telle humiliation ; néanmoins elles ont passé outre. Droit du plus fort sur le plus faible.
Certes la situation est fort complexe. L’incompatibilité de points de vue juridiques est telle qu’elle rend quasi impossible une solution pérenne juste. D’où le compromis inscrit dans la Charte des Jeux et acté dans les faits. En 2007 à Madagascar et en 2011 aux Seychelles, la délégation mahoraise a bel et bien défilé sous la bannière neutre des Jeux des Iles. Mais la situation a changé depuis, nous dit le Ministre des Sports : « Mayotte a évolué, le règlement doit aussi changer ». En effet, depuis 2011 Mayotte est devenue un département français et dans la foulée une région ultrapériphérique de l’Union européenne ; mais le droit international ‒ le principe de l’intangibilité des frontières coloniales ‒ n’a pas changé pour autant et l’ONU n’a pas modifié sa position. L’incompatibilité des points de vue demeure. Le litige demeure toujours.
Mais « il faut parfois un événement fort pour que les choses bougent » nous dit encore le Ministre français des Sports, Patrick Kanner (Le Quotidien du 02/08/2015). Et d’ajouter : « Je souhaite maintenant aux Mahorais de remporter des médailles d’or. Et de pouvoir chanter la Marseillaise » ("JIR", 02/08/2015). La volonté de la France de changer la donne est claire, tout autant que sa volonté d’imposer sa décision aux autres. Car tous les pays qui composent le Conseil International des Jeux (CIJ) déplorent cette violation de la Charte. Et le Président du CIJ, le Mauricien Hao Thyn Voon Ha Sun, demande « le respect intégral de la Charte » (Le Quotidien du 04/08/2015).
Dans ce dossier, la France agit en puissance coloniale et sa politique, basée exclusivement sur une éthique de conviction, est de courte vue. Elle ne tient nullement compte de la construction – en marche – d’une Indianocéanie des peuples. La coopération régionale exige une éthique de responsabilité de la part des Etats de la zone indianocéanique. Le choix de la raison, du dialogue, de la délibération et du compromis, s’impose aux uns et aux autres. Et il me semble, qu’il est toujours possible de s’entendre librement et raisonnablement sur des normes communes d’organisation de la vie en société. C’est une question de volonté politique. La solution politique, me semble-t-il, se trouve dans un approfondissement de la coopération régionale, d’une nouvelle étape, d’un passage de la coopération à une certaine intégration.
ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN | 5 AOÛT, 2015 - | PAR REYNOLDS MICHEL
Certes la situation est fort complexe. L’incompatibilité de points de vue juridiques est telle qu’elle rend quasi impossible une solution pérenne juste. D’où le compromis inscrit dans la Charte des Jeux et acté dans les faits. En 2007 à Madagascar et en 2011 aux Seychelles, la délégation mahoraise a bel et bien défilé sous la bannière neutre des Jeux des Iles. Mais la situation a changé depuis, nous dit le Ministre des Sports : « Mayotte a évolué, le règlement doit aussi changer ». En effet, depuis 2011 Mayotte est devenue un département français et dans la foulée une région ultrapériphérique de l’Union européenne ; mais le droit international ‒ le principe de l’intangibilité des frontières coloniales ‒ n’a pas changé pour autant et l’ONU n’a pas modifié sa position. L’incompatibilité des points de vue demeure. Le litige demeure toujours.
Mais « il faut parfois un événement fort pour que les choses bougent » nous dit encore le Ministre français des Sports, Patrick Kanner (Le Quotidien du 02/08/2015). Et d’ajouter : « Je souhaite maintenant aux Mahorais de remporter des médailles d’or. Et de pouvoir chanter la Marseillaise » ("JIR", 02/08/2015). La volonté de la France de changer la donne est claire, tout autant que sa volonté d’imposer sa décision aux autres. Car tous les pays qui composent le Conseil International des Jeux (CIJ) déplorent cette violation de la Charte. Et le Président du CIJ, le Mauricien Hao Thyn Voon Ha Sun, demande « le respect intégral de la Charte » (Le Quotidien du 04/08/2015).
Dans ce dossier, la France agit en puissance coloniale et sa politique, basée exclusivement sur une éthique de conviction, est de courte vue. Elle ne tient nullement compte de la construction – en marche – d’une Indianocéanie des peuples. La coopération régionale exige une éthique de responsabilité de la part des Etats de la zone indianocéanique. Le choix de la raison, du dialogue, de la délibération et du compromis, s’impose aux uns et aux autres. Et il me semble, qu’il est toujours possible de s’entendre librement et raisonnablement sur des normes communes d’organisation de la vie en société. C’est une question de volonté politique. La solution politique, me semble-t-il, se trouve dans un approfondissement de la coopération régionale, d’une nouvelle étape, d’un passage de la coopération à une certaine intégration.