La crise diplomatique née suite à l’incident survenu lors de l’ouverture de la 9ème édition des jeux des Iles de l’Océan Indien d...
La crise diplomatique née suite à l’incident survenu lors de l’ouverture de la 9ème édition des jeux des Iles de l’Océan Indien dans le Département de la Réunion ne saurait constituer de prétexte pour s’acharner avec des propos quelque fois excessifs sur Monsieur Robby JUDES, Ambassadeur de France. Cette crise aura servi de révélateur, projetant une lumière crue sur les défaillances de nos dirigeants successifs à défendre les intérêts de notre pays, les Comores, à faire respecter l’intégrité de notre territoire et la dignité de notre peuple.
Elle révèle les erreurs de leurs stratégies et de certaine opinion tendant à trouver systématiquement des boucs émissaires pour justifier leurs échecs alors que l’éloignement de Mayotte est dû aussi et en partie à leur turpitude et leur incapacité à définir une vraie stratégie de rapprochement de l’Ile de Mayotte avec les autres Iles de l’Archipel des Comores. Le bilan des 40 ans d’indépendance de notre pays est chaotique. Si nous ne prenons pas garde, ce bilan nous éloignera davantage de nos frères et sœurs mahorais.
Et ce d’autant que les perspectives d’évolution et de développement de notre pays sont aléatoires, elles sont très sombres. Les Comores, contrairement à certains pays du continent africain, n’ont pas pris la mesure de la crise sociale et l’état de pauvreté qui frappent en nombre les populations notamment des jeunes de l’Archipel qui, au risque de leur vie, fuient le pays via des vedettes de fortune. Les forces extérieures ne sont pas responsables de l’impunité dont bénéficient les auteurs des détournements des milliards de dollars qui auraient pu être affectés à la construction des écoles, des lycées, des hôpitaux, à la production de l’énergie et à la construction des routes.
Nous devons tous travailler ensemble pour aboutir à ce que François Partant appelle « Une société démocratique conviviale et fraternelle où chacun est obligé de prendre en compte les intérêts d’autrui ».Il est temps que nos dirigeants auxquels le destin a donné le pouvoir de commander les destinées de notre pays se décident de mener à bien les mutations indispensables pour soulager la souffrance de nos populations.Les malheurs des Comores, les misères de nos populations ont pour source une organisation mafieuse du pouvoir et le fonctionnement inégal et discriminatoire de notre Société qui, à l’intérieur, assure à une minorité la jouissance illégale et injuste des richesses du pays.Notre incapacité à mettre fin aux souffrances de nos populations a beaucoup contribué à l’éloignement de Mayotte et il est temps de revoir notre stratégie. Nous devons exiger le respect de l’intégrité de notre territoire mais aussi définir un vrai plan de développement de notre pays, sans cela notre rapprochement avec nos frères et sœurs de Mayotte resterait une revendication vaine.
Le souhait irréfléchi et irresponsable de rupture avec nos partenaires comporte un risque majeur pour notre Pays qui enregistre déjà des handicaps inquiétants pour pouvoir répondre aux besoins immédiats et vitaux de nos populations. Nous devons éviter ce risque de marginalisation, car aucun pays ne saurait nous apporter son aide ou son assistance alors que nos dirigeants continuent à piller, en toute impunité, le pays, compromettant ainsi, par leur turpitude, le développement de notre pays.Nous devons affronter la crise sociale et économique actuelle de notre pays dans la lucidité, la sérénité et assurer notre développement avec le soutien de nos partenaires sans y perdre notre âme et propulser notre pays vers l’avant sans le détruire. Nous ne pouvons pas, dans un monde où l’information circule avec une facilité surprenante et où l’environnement international pèse lourdement sur les destinés de tous les pays, nous marginaliser.
Notre voie de salut réside dans une réflexion et la pratique d’une politique qui préserve notre culture et notre dignité. La maîtrise du savoir et de la science orientée vers des objectifs de libération et de développement du Comorien est la seule réponse qui me semble réaliste et à notre portée pour assurer le respect de notre dignité.
Moroni, le 12 Août 2015
Saïd LARIFOU Président du RIDJA