Ahmed Abdallah Sambi a dépassé les bornes

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Les comoriens doivent savoir que j'ai rencontré Ahmed Abdallah Sambi voici plusieurs années. C'était en 2007 dans un cadre stricteme...

Les comoriens doivent savoir que j'ai rencontré Ahmed Abdallah Sambi voici plusieurs années. C'était en 2007 dans un cadre strictement privé et au cours de nos échanges courtois, je lui ai dit très exactement ceci.

M. le Président, vous avez rencontré mon ami David Mitchell au tout début de votre mandat. Il m'a rapporté que vous l'aviez assuré que votre priorité serait de combattre la corruption et que vous seriez impitoyable envers tous les coupables de ce type de crime.

Connaissant l'étendue de ce fléau qui ravage carrément le pays, j'ai alors conseillé à Ahmed Abdallah Sambi d'engager des réformes révolutionnaires au niveau judiciaire. Je lui ai en outre précisé que pour réussir dans ce domaine fondamental, il ne pouvait compter ni sur ses politiciens, ni sur l'administration locale, coupables eux aussi de cette
corruption.

Je lui ai donc conseillé de rechercher l'assistance technique de pays amis, notamment du Maroc, de la Tunisie ou du Sénégal. La réforme prioritaire étant celle de la justice, sans faire appel à des juges étrangers, il convenait de l'accompagner par des experts étrangers (par nature plus étanches aux pressions). Je l'ai mis en garde sur la gravité des enjeux et sur les conséquences pour le pays s'il n'agissait pas rapidement et avec fermeté.

Manifestement l'esprit de Ahmed Abdallah Sambi était ailleurs et je connus une grande déception car cet homme n'était pas le moins du monde désireux d'introduire au pays des réformes constructives. Ses ambitions pour les Comores se résumaient à proposer des projets "bidons" de nature à faciliter des actes de détournement de fonds publics, à s'engager sur la voie d'un prosélytisme inquiétant, en d'autres termes son mandat vit le règne de l'irresponsabilité. Il a en outre exposé le pays à un conflit confessionnel, ce qui est sans précédent en suscitant l'émergence d'un extrémisme radicalisé lourd de menaces pour la paix et la sécurité.

J'ai déjà interpellé Sambi et je l'ai mis au défi de justifier son bilan catastrophique caractérisé par la banalisation des turpitudes. Son silence est l'expression du mépris qu'il éprouve pour le Droit. Mais je le mets en garde à nouveau aujourd'hui : Il ne peut pas violer la Constitution. Le tribunal du peuple a déjà jugé ses pratiques et le condamne avec la plus grande fermeté.

J'ai déjà évoqué des faits graves de détournement dans lesquels il aurait été impliqué. Il doit s'expliquer. Il s'obstine au silence. Il est têtu mais il oublie que "les faits aussi sont têtus".

Les faits ne vont pas cesser de l'interpeller, les questions vont pleuvoir et se multiplier. Il doit des réponses au peuple. C'est grave et on ne doit pas oublier qu'Il a dilapidé dans ses égarements des sommes colossales. Si la corruption reste une cause majeure du sous développement des Comores, elle demeure la mère de toutes les crises constitutionnelles qui empêchent la gouvernance démocratique pour un développement équilibré de nos îles. Avec le fléau de la corruption ce sont des générations qui sont sacrifiées.

J'ajoute d'ailleurs une nouvelle demande à une liste déjà longue et qui est très inquiétante par tout ce qu'elle révèle. Pourquoi Ahmed Abdallah Sambi a-t-il employé pour son service de sécurité une trentaine de mercenaires libyens et tchétchènes ? Pourquoi a-t- il eu recours à des hommes aux activités sulfureuses ? Plus grave encore, il a agi sans informer qui que ce soit, il a introduit au pays des mercenaires, il l'a fait sans honte ni gêne, il n'en a même pas référé au Parlement ! C'est grave à plus d'un titre. C'est grave parce que c'est là une violation du Droit, et des conventions internationales, c'est grave parce qu'il a démontré que les leçons du passé étaient pour lui sans valeur, une fois de plus au détriment du peuple qui pour lui ne compte guère. Des interrogations demeurent au sujet de cet épisode. Ces hommes sont partis suite à l'insurrection libyenne et le peuple a le droit de savoir où sont passés leurs équipements militaires et exige la publication de la liste de ces affreux. Sambi doit éclaircir cela, les Comores ont droit à la transparence et à la vérité.

Il pourrait répéter les mêmes crimes, si lui et ses hommes liges confisquaient le pouvoir en 2016. Le pays serait alors en route vers un isolement international dramatique qui le conduirait au chaos. L'absence de scrupules est sans limites.

Un jeune comorien, rescapé d'un parti membre de sa coalition me confiait récemment un sentiment d'effroi. Je fus stupéfait d'apprendre comment Sambi et ses sbires procèdent pour recruter de nouveaux partisans. Pour convaincre des jeunes de les rejoindre, il leur fait miroiter les avantages qui accompagnent les postes politiques, il ne s'agit pas pour ces hommes d'avoir des convictions, pas du tout, mais ils leur expliquent clairement, qu'ils doivent répondre à trois caractéristiques:

- le pseudo patriotisme !!
- défendre leurs intérêts personnels devant l'intérêt général,
- car on n'entre pas au paradis en faisant de la politique.

C'est par cette doctrine qu'ils embobinent la jeunesses innocente et naïve comme on conduit des abeilles à la ruche. Il est pour eux tout à fait naturel qu'un homme au pouvoir s'enrichisse et jouisse des privilèges de l'Etat. L'amour du pays ne pèse guère pour eux en face de leurs intérêts égoïstes et malhonnêtes. C'est là leur profession de foi.

Notre jeunesse devient avec ces gens là l'objet d'un détournement des valeurs, de désœuvrement par la mise en cause de notre culture religieuse première Sounnite et Chaffite, c'est un lavage de cerveau massif qui la laisse désorientée, elle souffre alors au point de suivre des mirages qui la conduisent vers un océan de paroles mielleux et apocalyptiques.

A Anjouan, ce type de discours rencontre une absence d'alternative pour le développement économique et sociale. Il engendre un exode vers les autres îles et l'absence de relations fermes et pragmatiques avec la France sont aussi responsables du désarroi qui conduit la population la plus défavorisée, déboussolée, à périr en mer dans un exil forcé. Ce drame humanitaire doit cesser et nous exigeons des solutions appropriées.

Lorsque le langage de ceux qui devraient être les élites se pervertit ainsi au point de prôner l'immoral, la jeunesse se sent perdue et c'est un autre crime auquel on assiste. Ce sont là des attitudes qui doivent être condamnées sans la moindre complaisance. C'est pourquoi je les condamne ici et c'est aussi pourquoi Ahmed Abdallah Sambi et ses affidés sont mis en garde.
Trop c'est trop!!! Ils ne doivent plus, Ils ne peuvent pas tricher, ni trahir, ni tromper en permanence.

Sambi, en outre se croit désormais tout permis et c'est regrettable. Il exprime des visées carrément anticonstitutionnelles qui mettent en cause des droits élémentaires. On se souvient en effet que le colonel Bacar fut exfiltré d'Anjouan à la suite de l'invasion de l'île, cautionnée par l'Union Africaine, avec l'appui actif des forces soudanaises et tanzaniennes venues renforcer notre armée. Le colonel Bacar connut donc ces dernières années l'exil au Bénin. Je voudrais rappeler que cette opération avait suscité de longues controverses, l'Afrique du Sud notamment aurait préféré que l'on mette en œuvre une solution négociée, pacifique à travers un dialogue constructif. Le colonel Bacar en effet ne fut pas la cheville ouvrière, l'organisateur du mouvement séparatiste, ces leaders là sont parfaitement identifiés et bien connus.

En 1997, le pseudo mouvement indépendantiste-séparatiste avait lancé sa rébellion et l'un de ses objectifs était de provoquer le renversement du gouvernement légitime. Cette crise sans précédant a requis l'intervention de l'OUA /UA et de la communauté internationale pour aboutir à un bancal accord politique dit " les accords de Fomboni". Ces accords n'ont pas réussi à exposer l'origine de la crise politique et n'ont pas non plus apporté les moyens financiers nécessaires pour endiguer le problème du séparatisme. Ils sont uniquement fondés sur le partage " du pouvoir et des ressources".

Ces rappels sont là pour préciser qu'il est naturel de passer à une autre étape fondée sur le dialogue, afin d'arrimer encore plus la réconciliation sur des bases solides. D'ailleurs j'observe également que le gouvernement de Ahmed Sambi n'a jamais mis le colonel Bacar en accusation, en conséquence il n'a jamais été condamné par la justice comorienne, jamais l'Assemblée Nationale n'a voté la moindre loi, la moindre motion, la moindre résolution le condamnant !

Nous sommes donc dans une situation qui ne pouvait être que temporaire. D'ailleurs le bannissement est une mesure d'une autre ère, il fut utilisé durant la révolution française, il le fut également sous la terreur stalinienne, mais nulle part il n'a cours aujourd'hui et c'est normal.

Jamais les Comores ne doivent utiliser ces mesures arbitraires ni en tolérer la recommandation. Au contraire nous devons respecter nos dispositions constitutionnelles ou judiciaires pour juger des crimes commis contre l'Etat ou les citoyens. Les exceptions sont impossibles. L'Etat de droit est à ce prix.

C'est pourquoi le retour de Mohamed Bacar est souhaitable, il s'inscrit dans le processus de consolidation de la réconciliation nationale et ce doit être le cas aussi longtemps que M. Bacar en sa qualité de citoyen, respectera la constitution comorienne et les lois nationales en vigueur.

Sambi et ses amis expriment aujourd'hui des vues contraires au droit.
Ce doit être condamné sans réserve. C'est une atteinte grave à la légitimité de nos institutions républicaines, c'est un défi à la démocratie.
La démocratie se réduirait à rien si elle obéissait aux caprices d'un homme politico-religieux.

Je propose en toute humilité, qu'on ajoute à notre Constitution un article irrévocable et non révisable rejetant toute forme de sécession.
L'organisation d'une conférence nationale de réconciliation inclusive pour définir les paramètres de notre unité nationale et le partage de responsabilité " the sharing of burden", poids de celui-ci.

Signée : Saïd HILALI
27 juillet 2015


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