Malé : La fin d'un tabou et la confiance retrouvée des associations

Personnellement je trouve fort dommage que les jeunes de Malé ne répondent pas à l'appel à proposition lancé par le programme ANE-AL le...

Personnellement je trouve fort dommage que les jeunes de Malé ne répondent pas à l'appel à proposition lancé par le programme ANE-AL le 05 juin dernier. Ce programme donne aux Autorités Non Étatiques et Autorités Locales des pays membres de la Commission de l'Océan Indien l'accès au financement sur des projets basés à partir des « énergies renouvelables et efficacité énergétique » à travers l'Union Européenne.

A cet effet, les projets financés doivent contribuer à améliorer les conditions nécessaires pour le développement, l'investissement et la gestion durable de l'énergie renouvelable et l'augmentation de l'efficience de l'énergie. Le montant de subvention est reparti en 3 lots :

- Lot 1 : 60.000 € à 100.000 € ;
- Lot 2 : 100.001 € à 250.000 € ;
- Lot 3 : 250.001 € 500.000 €.

Les projets sélectionnés bénéficieront d'une subvention européenne de 50%.

Désireuse de reprendre le projet d'adduction d'eau de la ville, la diaspora maléenne de France devrait saisir cette occasion pour soumettre son projet à l'île Maurice, au bureau Europeaid avant la mi-juillet, à noter que l'étude de faisabilité du projet peut répondre au premier lot. Il serait dommage de perdre une telle opportunité !

Il faut reconnaître que notre ville ne serait pas en mesure de résoudre, toute seule, les diverses problématiques de la ville. Il y a lieu de souligner quelques-uns pour ne pas citer tous :

- la route vers la plage n'est pas bitumée et est en souffrance de financement ;
- les travaux des rues et ruelles de la localité sont loin d'être terminés ;
- l'adduction d'eau potable avec une pompe photovoltaïque est en échec quasi-total ;
- Le terrain de foot ne répond pas aux normes de sécurités des joueurs …

C'est pourquoi il est urgent de chercher des partenaires techniques et financiers capables de nous aider à la réalisation de nos projets.

Nous constatons actuellement que la recherche de fonds reste un élément essentiel à la réalisation des projets de grande envergure. Parallèlement à cela, nous notons que le financement en ressources propres tend à baisser et ne permet pas de financer les projets en respectant les délais. C'est pour cette raison qu'il serait judicieux d'envisager de diversifier les sources de financement, mesure désormais nécessaire pour la mise en œuvre des projets.

Si dans la diaspora, les associations villageoises tenues par les aînés organisent des Madjilis pour collecter des fonds, nos associations tenues par des jeunes se doivent d'envisager d'autres pistes pour mobiliser des financements. A mon humble avis, il est temps pour les associations des Jeunes de Malé de se distinguer et faire mieux que leurs parents.

Pour cela, les acteurs participant au développement de Malé, devraient réfléchir à professionnaliser leur approche en imaginant d'autres alternatives pour la recherche de financements.

Quant aux associations locales, elles ont une longue expérience dans la réalisation des projets communautaires. Parmi ces réalisations, il y a entre autres :

✓ La construction de trois salles de classe financée par l'Association Culturelle pour le Développement de Malé (ACDM) et le Fonds d'Appui au Développement Communautaire (FADC) ;

✓ La construction des bungalows à la plage de Malé, un projet financé par PDLC (Programme de Développement Local aux Comores) en collaboration avec l'Association Twamaya de Malé, une association chargée de la protection de l'environnement ;

✓ Des infrastructures d'alimentation en eau par pompage solaire ont été financées par le FADC et la communauté de Malé en 2001. La station de pompage a subi un acte de vandalisme où 4 panneaux solaires ont été volatilisés et dont 2 ont été retrouvés. Par la suite le comité villageois a érigé une clôture en maçonnerie autour de la station pour protéger ces panneaux solaires. Cela n'a pas empêché des malfaiteurs de défoncer le portillon et de rafler la totalité des panneaux. Malé demeure sans alimentation en eau depuis une dizaine d'années, malgré un taux de salinité élevé ;

✓ Le financement des matériels médicaux dans le cadre des projets « Community Health Center » pour lequel l'ACJDM les a bénéficié.

Toutes ces réalisations révèlent la faiblesse de la diaspora de Malé dans l'effort pour mobiliser efficacement des fonds. Il est temps de réformer nos associations installées en France pour leur permettre d'accéder aux différents sources de financements.

Il s'agit pour moi de réfléchir en profondeur pour trouver des solutions aux problèmes et véritables lacunes de nos associations. La création d'un organe de coordination des associations qui permettrait de piloter les projets serait pour moi la voie à suivre pour redonner confiance à notre jeunesse.

Enfin, il ressort de cette réflexion que les associations locales sont bien préparées depuis plusieurs années pour booster les PTF – alors que les associations de la diaspora s'enferment aux seules recettes d'événements communautaires. Or, ces recettes ne permettent pas de résoudre les divers problèmes de notre communauté.

Celle-ci, d'ailleurs, se classe en effet tout juste parmi les dernières dans la recherche des fonds en matière de coopération décentralisée et de politique de jumelage. Il est grand temps que cela change au bénéfice du développement de la ville.

Reformer les associations de Malé résidant en France, c'est bien, les faire accéder aux financements, c'est encore mieux. Le développement de notre localité est loin d'être patent !


OUZALI Said Youssoua
Ancien Président de l'ACJDM - Comores