Un parfait inconnu pour tous ceux qui aiment parler de lui. Appelles aurait dit que le cordonnier ne juge pas au dessus de la chaussure...
Un parfait inconnu pour tous ceux qui aiment parler de lui.
Appelles aurait dit que le cordonnier ne juge pas au dessus de la chaussure : "Sutor, ne supra crepidam". Le peintre aurait adressé ce proverbe à un cordonnier qui après avoir critiqué une sandale dans un de ses tableaux s'estima compétent pour juger du reste. Ainsi, cette formule s'adresse à ceux qui souhaiteraient parler en connaisseurs de choses qui ne relèvent pas de leurs compétences.
En réaction à la calomnie dont il est victime, j'ai pris la liberté de mettre en lumière ce que certains ne voudraient pas admettre, afin que la jeunesse qui n'a retenu que la rumeur n'en soit pas victime.
Je voudrais que la parole soit accordée à ceux qui connaissent Said HILALI plutôt qu'à ceux qui imaginent ce qu'il aurait pu faire.
Un mythe est construit autour de cet homme, que certains qualifient "d'homme de la France", mais s'agirait-il plus d'un francophile convaincu, un homme intègre, épris de liberté et sachant respecter celle des autres sans jamais offenser ?
Il n'a adhéré à aucun parti politique et on lui a trop souvent reproché de ne pas faire partie de ces clans qui ont ou qui dirigent encore le pays et ce, même quand il est au service de l'Etat.
Said HILALI est un homme discret qui est entré en politique après s'être fait un nom en matière économique. Parfois accusé de faiseur de rois, il a, du fait de ses convictions, servi avec loyauté et avec la plus grande rigueur, plusieurs chefs d'Etat aux Comores comme ailleurs.
Loyauté, exigence et rigueur sont les leitmotive de sa conduite.
Son engagement pour le développement des Comores est de chercher les moyens de les désenclaver économiquement et de lutter contre la pauvreté.
C'est pourquoi, je souhaiterais revenir sur ses réalisations aussi bien économiques que politique afin que toute la lumière soit faite sur Said HILALI.
Quelques réalisations économiques aux Comores:
L'opérateur économique débute ses activités en 1976 en qualité de représentant de Mitsubishi Corporation aux Comores où il organise la première mission commerciale et économique d'un pays étranger. Suite à sa rencontre avec Ali SOILIHI, il était acquis que Mitsubishi, avec l'appui des Fonds Japonais, allait assister le jeune État à développer l'énergie géothermique à partir du Karthala, en produisant entre 6 et 10 mégawatts, à faire une étude de la cartographie du territoire par photos aérienne et à construire une station satellite pour les communications internationales.
En 1977, Ali SOILIHI considère le développement des télécommunications entre les îles comme un facteur de développement prioritaire.
La même année, Saïd HILALI monte sa première société commerciale aux Comores, nommée Sté Karthala Internationale SKI. A la suite d'un appel d'offre, le Cabinet Felgen & Felgen, représenté par sa société est retenu pour faire les études techniques sur les réseaux de communications.
En 1978, il crée la Société SORAC, une concession de la Régie Renault aux Comores avec plus de 50 salariés à sa charge.
En 1979, S. HILALI devient le représentant de la Compagnie Boeing pour les Comores et la convainc de participer à la réorganisation de la compagnie nationale Air Comores. Boeing fait la proposition à l'Etat comorien de céder à Aer Lingus la gestion de la compagnie nationale, en contrepartie de l'acquisition d'un nouvel appareil de type B737 pour assurer les liaisons régionales. Aussi, il a été question que le "Nouveau Air Comores " acquiert un petit avion de 25 à 30 places pour les liaisons inter îles et que ce package comporte un volet portant sur la formation du personnel navigant et des techniciens du sol. Le gouvernement comorien a préféré maintenir le monopole de Air France et rejette tout bonnement l'offre.
En ces temps là, l'île Maurice vient de louer son premier Boeing 707 et en 1988, Air Mauritius achète son premier Boeing 747.
En 1981, THOMSON CSF (Thales), représentée par la SKI remporte l'appel d'offre international pour l'installation du réseau de télécommunication inter-îles par faisceaux Hertziens et financée par le Fonds Européen de Développement FED.
En 1984, en raison d'un désaccord avec le Président Ahmed Abdallah et fort de son expérience en matière de consultation en aéronautique, il décide de ne plus domicilier aux Comores et de vivre en partie en France. Il devient alors consultant international pour le Consortium de Airbus Industrie, de Fokker Frendship, de Dassault International et d'autres Sociétés industrielles européennes.
En 1990, avec l'avènement du Président DJOHAR et sur recommandation du Ministre Sud Africain des Affaires Étrangères Pik BOTHA, Said HILALI fait la connaissance du roi du tourisme Sol KEZNER et patron de Groupe Sun International, le seul à pouvoir apporter une solution en vue de la réouverture de l'hôtel Galawa. Ensemble ils parviennent à convaincre Emirates Airways d'assurer sur la route de Johannesburg, une escale technique à MORONI ce qui résout, en partie, le problème du transport des touristes mais aussi des voyageurs nationaux.
Sol Kezner est l'homme qui, avec son ami Sir Gaetan DUVAL, a développé le tourisme naissant à l'île Maurice, aujourd'hui implanté à Dubaï et partout ailleurs sauf aux Comores.
De par ses relations parisiennes, il parvient à convaincre la direction de Nouvelles Frontières que La Compagnie Corsaire pourrait envisager une touche à Moroni comme ils opéraient déjà dans la sous région, et ce fut fait.
Enfin en 1994, alors qu'il était libéré de toute responsabilité politique, il eu l'idée de désenclaver les îles en créant une société de transport maritime avec un ami kenyan d'origine anglaise, déjà établi et ayant plusieurs années d'expérience dans le métier. Ils ouvrent à MORONI la société SPANFREIGHT Shipping, et les Comores sont désormais approvisionnés en conteneurs, ce qui a eu pour conséquences de libérer l'économie nationale qui ne connaissait jusque-là que la desserte par des bateaux conférences à périodicité irrégulière. Avec l'ouverture de la SPANFREIGHT, les Comores font leur entrée dans une nouvelle ère, avec l'émergence de commerces privés, en mettant fin aux monopoles établis par la diminution des coûts du transport maritime de près de 30%. Les Comores ont intégré pour la première fois les réseaux maritimes internationaux.
Sur son impulsion, une opération de concession du port de Mutsamudu à une société affiliée à SPANFREIGHT, a permis de donner une seconde vie à cette infrastructure qui était en piteux état et d'un autre âge. Aujourd'hui avec la ASC, la compagnie du port de Mutsamudu et sa filière de manutention emploient plus de 360 salariés et devenues le plus grand employeur privé des COMORES. Il s'agit du deuxième port de transbordement de l'Ocean Indien avec ses 35-40 000 unités par année, après celui de Port-Louis à l'île Maurice.
Quelques contributions politiques aux Comores:
C'est en 1984, depuis Paris que Said HILALI se rapproche des opposants du régime d'Ahmed ABDALLAH à savoir le Prince Said Ali Kemal et de Abbas Djoussouf. Il fait alors ses premiers pas dans la politique comorienne.
En 1988, par l'entremise des amis communs dont le Dr Mtara Maecha, il se réconcilie avec le Président Abdallah, qui lui confie dans un désarroi profond qu'il "n'est plus le Président des Comores et que le vrai Président s'appelle Bob Denard".
A ces mots, il ne peut qu'accepter la lourde mission qui consiste à trouver les moyens pour se débarrasser de Bob Denard et de ses affreux : une mission d'une extrême délicatesse, dangereuse mais combien honorifique. Il l'accepte et entreprend des consultations.
Ses amis d'Airbus Industrie lui recommande leur consultant en Afrique du Sud Jean Yves OLLIVIER, un proche de CHIRAC et travaillant avec Jean Christophe MITTERRAND. À un déjeuner à la résidence parisienne de JYO,en présence de JC MITTERRAND, le Monsieur Afrique de l’Élysée et de S HILALI, le Président ABDALLAH confirme la mission donnée à S HILALI et introduit officiellement une requête auprès de JCM à destination du Président de la République Française, tandis qu'à JYO, sur proposition de JCM, le Président Abdallah lui demande de négocier les modalités du départ de Bob Denard avec l'Afrique du Sud qui finance déjà la Garde Présidentielle, la fameuse GP.
En octobre 1989, Paris comme Pretoria confirment leur accord à Said HILALI, qui s'envole pour Moroni informer le Président Abdallah.
Je me permets de vous recommander la lecture de "Ni vu, Ni connu" aux éditions Fayard, de JY OLIVIER, un homme respecté et bien introduit en Afrique et y jouant des rôles majeurs. Je me permets également de vous rappeler à cet égard, les livres suivants:
-Ces Messieurs Afrique de Stephen SMITH et Antoine GLAZER ed. Calmann Lévy.
-Comores, Les nouveaux mercenaires de Pascal PERRI ed. L'Harmattan.
A la suite de l'assassinat du President Abdallah, c'est encore S HILALI qui informe la cellule Africaine de l'Elysée que l'auteur de ce crime odieux est bien Bob Denard, et non pas ceux qu'il voulait voir accusé.
S. HILALI s'envole le 12 décembre 1989 pour Pretoria à la rencontre du Département des Affaires Étrangères afin de s'assurer de l'organisation du départ des mercenaires des Comores. Bob Denard et ses compagnons de fortune atterrissent le 15 décembre à l'aéroport de Johannesburg et S HILALI prend le même soir un vol pour Paris où réside sa famille depuis longtemps.
Il retourne à Moroni le 19 décembre, et près concertation avec le Dr Maecha et Said Hassane Said Hachim, S HILALI part à la rencontre du Président par Intérim Said Mohamed DJOHAR. Il lui demande d'accepter de se présenter aux élections présidentielles en lui assurant de mettre ses relations ainsi que ses ressources, à disposition, au profit de cette élection.
Une fois DJOHAR élu, Dr M Maecha comme S. Hassane S HACHIM rentrent au gouvernement tandis que S HILALI n'est que son Conseiller Personnel.
S HILALI accompagne le Président dans ses déplacements à l'étranger et en juin 1991 lors du sommet de l'OUA à Abuja, il a l'honneur de rencontrer et de faire la connaissance de grandes personnalités africaines telles que Nelson MANDELA, Didier RATSIRAKA, Blaise COMPAORE ou encore, Yasser ARAFAT qui y assiste en invité d'honneur.
Alors que le groupe SUN International rencontre de grandes difficultés de fonctionnement aux Comores, S HILALI accompagne le Président DJOHAR au Bophuthatswana, un bantoustan indépendant de l'Afrique du Sud, pour trouver une solution et maintenir l'ouverture du Galawa, malgré leur manque de confiance et le peu de crédibilité. Au delà, l'instabilité politique et le manque d'infrastructures routières, mais aussi les difficultés en approvisionnement quotidien (même les œufs et les tomates devaient venir d'ailleurs) fragilisent d'avantage l'équilibre de la situation... A l'occasion de ce déplacement et sur proposition du Ministère des Affaires Étrangères Sud Africain, ils rencontrent tous les partis politiques du pays pour les encourager à continuer le dialogue en cours, en vue de la création de la Commission de rédaction prochaine de la nouvelle Constitution , une façon d'introduire le Président DJOHAR dans le vif des questions majeures du continent. Avec DJOHAR, S HILALI rencontre le Président De KLERK mais aussi BUTHELEZI , Président du l'IFP et les membres du Bureau Politique de l'ANC à la SHELL HOUSE siège officiel de l'ANC sous la présidence de Alfred NZO.
A la veille de leur départ pour Port Louis, afin d'assister au 5eme Sommet de la Francophonie de Maurice en Octobre 1993, il a été porté à l'intention de la délégation comorienne un message d'une extrême importance et portant sur le risque d'élimination physique de Mandela par des extrémistes sud africains. Ce message devait être communiqué d'urgence aux chefs d'Etat africains. Dès son retour de Port Louis, S HILALI est chargé par le Président DJOHAR d'entreprendre une tournée des différentes capitales africaines afin de transmettre le message sur la question sécuritaire du plus vieux prisonnier africain Madiba MANDELA.
Après avoir transmis le message au Ministre des Affaires Étrangères kenyan Kalonzo MUSYOKA, S HILALI repart pour Dar es Salam, où il est reçu en audience par le Président Tanzanien Ali Hassan MWINYI à qui il remet le message. Après des longs échanges, le Président Tanzanien le rassure et en informe ses collègues. Le Président MUGABE est désigné pour porter le message aux autorités Sud Africaines. Il est demandé au President De KLERK de veiller sur la sécurité de Nelson MANDELA.
(Je vous invite à lire la lettre de Said HILALI adressée à MANDELA en 2008).
De Dar es Salam, il part à Addis-Ababa rencontrer le Secretaire General de l'OUA, Dr Salim Ahmed SALIM, le sensibilise et lui remet son message à son tour.
Excédé par le dysfonctionnement excessif et la montée des affaires en tout genre qui ne gratifient aucunement le pays, S HILALI demande au Président DJOHAR de le libérer en mettant fin à ses fonctions. Le Président appose son accord en février 1994 par écrit et leur collaboration prend fin. Cela n'a pas empêché le Président DJOHAR, alors exilé à l'île de la Réunion l'année suivante, de se souvenir d'un serviteur désintéressé pour lui demander d'activer ses relations pour le ramener au pays. DJOHAR est revenu au pays du fait de l'indignation de son ostracisme.
Face à la situation chaotique du pays, Ali BAZI, un homme discret et doué d'une grande lucidité politique organise la première rencontre politique à Paris entre Mohamed TAKI Abdoulkarim et son neveux S HILALI. C'est alors que S HILALI
prend la décision d'organiser et de financer en décembre 1995, la Conférence de Paris, qui réunit une large coalition allant de M TAKI, S Hassane S Hachim, Mohamed Moumine, Said Ali Kemal, Said Ali Youssouf, Salim Ahmed Abdallah, Bourhane Rachidi, tandis que certains partis s'étaient fait représenté par leurs partisans parisiens. A défaut de pouvoir empêcher tous ces prétendants de se présenter aux élections présidentielles, HILALI parvient à l'accord que celui qui sera en bonne position aura le soutient de tous les autres. TAKI se retrouve alors au second tour face à Abbas Djoussouf et remporte les présidentielles.
S HILALI devient alors le Conseiller plénipotentiaire du Président.
Entre eux, plus que des relations de travail, des relations fraternelles fondées sur la confiance. S HILALI s'engage à toujours ne lui dire que la vérité.
Il appuie la nomination des personnalités comme S Hassane S Hachim, de Ahmed Abdou, de Ali Mlahaili, Ibrahim Halidi, Salim HIMIDI et de Azali Assoumani. Sur recommandation de ALi Bazi Selim, S HILALI convainc le Président de nommer Said Toihir S Maoulana au poste de Grand Kadhi.
C'est avec la même conviction qu'il ose émettre des réserves quant au projet de pêche industrielle introduit par Forbes, un homme d'affaire déjà en faillite, d'autant qu'il est associé à Éric Denard, fils du mercenaire du même nom. Aussi, il conseille au Président de ne pas approuver le projet d'installation d'un port franc du même Denard, en Grande Comores.
A la question du séparatisme de l'île d'Anjouan, S HILALI conseille la médiation de l'OUA. Le Secrétaire Général Dr Salim Ahmed SALIM dépêche son envoyé spécial l'Ambassadeur Pierre YERE. Ensemble ils travaillent en concertation. Le Dr Mouhtar, Ministre des Affaires Étrangères, le chef du cabinet Militaire Hassane HAROUNA et le Ministre Délégué à la Défense MGOMRI, quant à eux, conçoivent la stratégie du débarquement militaire et la plupart des collaborateurs de TAKI y sont favorable à l'insu du Premier Ministre Ahmed ABDOU, Ibrahim HALIDI et de S HILALI.
En Avril 1998, S HILALI est nommé Directeur de Cabinet à la Présidence de la République. Il continue à servir loyalement son ami quand éclate au mois d'août l'affaire des attentats de Nairobi et de Dar es Salam avec l'implication d'un citoyen comorien membre d'Al Qaïda. L'Ambassadeur Américain à Port Louis, Mark W ERWIN, avec accréditation à Moroni, informe le Directeur du Cabinet de la décision du gouvernement américain de dépêcher une mission spéciale pour s'entretenir avec les autorités comoriennes et sollicite leurs coopérations.
Le Président se trouvant alors en Afrique du Sud, S HILALI l'informe préalablement de l'arrivée de la mission américaine. TAKI marque son accord et ordonna la coopération des autorités comoriennes.
Effondré sous le poids d'un travail prenant mais surtout de l'ingratitude des partisans du President, S HILALI part en France le 9 octobre pour raisons médicales. Mohamed Soililhi dit Mamadou assure l'intérim au Cabinet.
A son arrivée à Paris le lendemain, le Président appelle Thoueybat Hilali et lui suggère de rester se reposer et l'informe de sa décision de confirmer Mamadou au poste de Directeur de Cabinet. D'un commun accord, ils conviennent de se revoir à l'occasion du XX eme Sommet de la France-Afrique du 26 novembre à Paris. HILALI appelle immédiatement Mamadou pour le féliciter de sa nouvelle promotion.
Le 6 novembre 1998, S HILALI est informé par un coup de téléphone matinal de Mohamed Maanrouf de la disparition prématurée de leur frère, ami et President. L'information lui a été confirmée plus tard, par Mohamed Hassane M'Chagama, Directeur du protocole depuis Moroni.
Pensé et écrit par la personne qui le connaît le mieux.
Signé : Thoueybat SAID OMAR
Appelles aurait dit que le cordonnier ne juge pas au dessus de la chaussure : "Sutor, ne supra crepidam". Le peintre aurait adressé ce proverbe à un cordonnier qui après avoir critiqué une sandale dans un de ses tableaux s'estima compétent pour juger du reste. Ainsi, cette formule s'adresse à ceux qui souhaiteraient parler en connaisseurs de choses qui ne relèvent pas de leurs compétences.
En réaction à la calomnie dont il est victime, j'ai pris la liberté de mettre en lumière ce que certains ne voudraient pas admettre, afin que la jeunesse qui n'a retenu que la rumeur n'en soit pas victime.
Je voudrais que la parole soit accordée à ceux qui connaissent Said HILALI plutôt qu'à ceux qui imaginent ce qu'il aurait pu faire.
Un mythe est construit autour de cet homme, que certains qualifient "d'homme de la France", mais s'agirait-il plus d'un francophile convaincu, un homme intègre, épris de liberté et sachant respecter celle des autres sans jamais offenser ?
Il n'a adhéré à aucun parti politique et on lui a trop souvent reproché de ne pas faire partie de ces clans qui ont ou qui dirigent encore le pays et ce, même quand il est au service de l'Etat.
Said HILALI est un homme discret qui est entré en politique après s'être fait un nom en matière économique. Parfois accusé de faiseur de rois, il a, du fait de ses convictions, servi avec loyauté et avec la plus grande rigueur, plusieurs chefs d'Etat aux Comores comme ailleurs.
Loyauté, exigence et rigueur sont les leitmotive de sa conduite.
Son engagement pour le développement des Comores est de chercher les moyens de les désenclaver économiquement et de lutter contre la pauvreté.
C'est pourquoi, je souhaiterais revenir sur ses réalisations aussi bien économiques que politique afin que toute la lumière soit faite sur Said HILALI.
Quelques réalisations économiques aux Comores:
L'opérateur économique débute ses activités en 1976 en qualité de représentant de Mitsubishi Corporation aux Comores où il organise la première mission commerciale et économique d'un pays étranger. Suite à sa rencontre avec Ali SOILIHI, il était acquis que Mitsubishi, avec l'appui des Fonds Japonais, allait assister le jeune État à développer l'énergie géothermique à partir du Karthala, en produisant entre 6 et 10 mégawatts, à faire une étude de la cartographie du territoire par photos aérienne et à construire une station satellite pour les communications internationales.
En 1977, Ali SOILIHI considère le développement des télécommunications entre les îles comme un facteur de développement prioritaire.
La même année, Saïd HILALI monte sa première société commerciale aux Comores, nommée Sté Karthala Internationale SKI. A la suite d'un appel d'offre, le Cabinet Felgen & Felgen, représenté par sa société est retenu pour faire les études techniques sur les réseaux de communications.
En 1978, il crée la Société SORAC, une concession de la Régie Renault aux Comores avec plus de 50 salariés à sa charge.
En 1979, S. HILALI devient le représentant de la Compagnie Boeing pour les Comores et la convainc de participer à la réorganisation de la compagnie nationale Air Comores. Boeing fait la proposition à l'Etat comorien de céder à Aer Lingus la gestion de la compagnie nationale, en contrepartie de l'acquisition d'un nouvel appareil de type B737 pour assurer les liaisons régionales. Aussi, il a été question que le "Nouveau Air Comores " acquiert un petit avion de 25 à 30 places pour les liaisons inter îles et que ce package comporte un volet portant sur la formation du personnel navigant et des techniciens du sol. Le gouvernement comorien a préféré maintenir le monopole de Air France et rejette tout bonnement l'offre.
En ces temps là, l'île Maurice vient de louer son premier Boeing 707 et en 1988, Air Mauritius achète son premier Boeing 747.
En 1981, THOMSON CSF (Thales), représentée par la SKI remporte l'appel d'offre international pour l'installation du réseau de télécommunication inter-îles par faisceaux Hertziens et financée par le Fonds Européen de Développement FED.
En 1984, en raison d'un désaccord avec le Président Ahmed Abdallah et fort de son expérience en matière de consultation en aéronautique, il décide de ne plus domicilier aux Comores et de vivre en partie en France. Il devient alors consultant international pour le Consortium de Airbus Industrie, de Fokker Frendship, de Dassault International et d'autres Sociétés industrielles européennes.
En 1990, avec l'avènement du Président DJOHAR et sur recommandation du Ministre Sud Africain des Affaires Étrangères Pik BOTHA, Said HILALI fait la connaissance du roi du tourisme Sol KEZNER et patron de Groupe Sun International, le seul à pouvoir apporter une solution en vue de la réouverture de l'hôtel Galawa. Ensemble ils parviennent à convaincre Emirates Airways d'assurer sur la route de Johannesburg, une escale technique à MORONI ce qui résout, en partie, le problème du transport des touristes mais aussi des voyageurs nationaux.
Sol Kezner est l'homme qui, avec son ami Sir Gaetan DUVAL, a développé le tourisme naissant à l'île Maurice, aujourd'hui implanté à Dubaï et partout ailleurs sauf aux Comores.
De par ses relations parisiennes, il parvient à convaincre la direction de Nouvelles Frontières que La Compagnie Corsaire pourrait envisager une touche à Moroni comme ils opéraient déjà dans la sous région, et ce fut fait.
Enfin en 1994, alors qu'il était libéré de toute responsabilité politique, il eu l'idée de désenclaver les îles en créant une société de transport maritime avec un ami kenyan d'origine anglaise, déjà établi et ayant plusieurs années d'expérience dans le métier. Ils ouvrent à MORONI la société SPANFREIGHT Shipping, et les Comores sont désormais approvisionnés en conteneurs, ce qui a eu pour conséquences de libérer l'économie nationale qui ne connaissait jusque-là que la desserte par des bateaux conférences à périodicité irrégulière. Avec l'ouverture de la SPANFREIGHT, les Comores font leur entrée dans une nouvelle ère, avec l'émergence de commerces privés, en mettant fin aux monopoles établis par la diminution des coûts du transport maritime de près de 30%. Les Comores ont intégré pour la première fois les réseaux maritimes internationaux.
Sur son impulsion, une opération de concession du port de Mutsamudu à une société affiliée à SPANFREIGHT, a permis de donner une seconde vie à cette infrastructure qui était en piteux état et d'un autre âge. Aujourd'hui avec la ASC, la compagnie du port de Mutsamudu et sa filière de manutention emploient plus de 360 salariés et devenues le plus grand employeur privé des COMORES. Il s'agit du deuxième port de transbordement de l'Ocean Indien avec ses 35-40 000 unités par année, après celui de Port-Louis à l'île Maurice.
Quelques contributions politiques aux Comores:
C'est en 1984, depuis Paris que Said HILALI se rapproche des opposants du régime d'Ahmed ABDALLAH à savoir le Prince Said Ali Kemal et de Abbas Djoussouf. Il fait alors ses premiers pas dans la politique comorienne.
En 1988, par l'entremise des amis communs dont le Dr Mtara Maecha, il se réconcilie avec le Président Abdallah, qui lui confie dans un désarroi profond qu'il "n'est plus le Président des Comores et que le vrai Président s'appelle Bob Denard".
A ces mots, il ne peut qu'accepter la lourde mission qui consiste à trouver les moyens pour se débarrasser de Bob Denard et de ses affreux : une mission d'une extrême délicatesse, dangereuse mais combien honorifique. Il l'accepte et entreprend des consultations.
Ses amis d'Airbus Industrie lui recommande leur consultant en Afrique du Sud Jean Yves OLLIVIER, un proche de CHIRAC et travaillant avec Jean Christophe MITTERRAND. À un déjeuner à la résidence parisienne de JYO,en présence de JC MITTERRAND, le Monsieur Afrique de l’Élysée et de S HILALI, le Président ABDALLAH confirme la mission donnée à S HILALI et introduit officiellement une requête auprès de JCM à destination du Président de la République Française, tandis qu'à JYO, sur proposition de JCM, le Président Abdallah lui demande de négocier les modalités du départ de Bob Denard avec l'Afrique du Sud qui finance déjà la Garde Présidentielle, la fameuse GP.
En octobre 1989, Paris comme Pretoria confirment leur accord à Said HILALI, qui s'envole pour Moroni informer le Président Abdallah.
Je me permets de vous recommander la lecture de "Ni vu, Ni connu" aux éditions Fayard, de JY OLIVIER, un homme respecté et bien introduit en Afrique et y jouant des rôles majeurs. Je me permets également de vous rappeler à cet égard, les livres suivants:
-Ces Messieurs Afrique de Stephen SMITH et Antoine GLAZER ed. Calmann Lévy.
-Comores, Les nouveaux mercenaires de Pascal PERRI ed. L'Harmattan.
A la suite de l'assassinat du President Abdallah, c'est encore S HILALI qui informe la cellule Africaine de l'Elysée que l'auteur de ce crime odieux est bien Bob Denard, et non pas ceux qu'il voulait voir accusé.
S. HILALI s'envole le 12 décembre 1989 pour Pretoria à la rencontre du Département des Affaires Étrangères afin de s'assurer de l'organisation du départ des mercenaires des Comores. Bob Denard et ses compagnons de fortune atterrissent le 15 décembre à l'aéroport de Johannesburg et S HILALI prend le même soir un vol pour Paris où réside sa famille depuis longtemps.
Il retourne à Moroni le 19 décembre, et près concertation avec le Dr Maecha et Said Hassane Said Hachim, S HILALI part à la rencontre du Président par Intérim Said Mohamed DJOHAR. Il lui demande d'accepter de se présenter aux élections présidentielles en lui assurant de mettre ses relations ainsi que ses ressources, à disposition, au profit de cette élection.
Une fois DJOHAR élu, Dr M Maecha comme S. Hassane S HACHIM rentrent au gouvernement tandis que S HILALI n'est que son Conseiller Personnel.
S HILALI accompagne le Président dans ses déplacements à l'étranger et en juin 1991 lors du sommet de l'OUA à Abuja, il a l'honneur de rencontrer et de faire la connaissance de grandes personnalités africaines telles que Nelson MANDELA, Didier RATSIRAKA, Blaise COMPAORE ou encore, Yasser ARAFAT qui y assiste en invité d'honneur.
Alors que le groupe SUN International rencontre de grandes difficultés de fonctionnement aux Comores, S HILALI accompagne le Président DJOHAR au Bophuthatswana, un bantoustan indépendant de l'Afrique du Sud, pour trouver une solution et maintenir l'ouverture du Galawa, malgré leur manque de confiance et le peu de crédibilité. Au delà, l'instabilité politique et le manque d'infrastructures routières, mais aussi les difficultés en approvisionnement quotidien (même les œufs et les tomates devaient venir d'ailleurs) fragilisent d'avantage l'équilibre de la situation... A l'occasion de ce déplacement et sur proposition du Ministère des Affaires Étrangères Sud Africain, ils rencontrent tous les partis politiques du pays pour les encourager à continuer le dialogue en cours, en vue de la création de la Commission de rédaction prochaine de la nouvelle Constitution , une façon d'introduire le Président DJOHAR dans le vif des questions majeures du continent. Avec DJOHAR, S HILALI rencontre le Président De KLERK mais aussi BUTHELEZI , Président du l'IFP et les membres du Bureau Politique de l'ANC à la SHELL HOUSE siège officiel de l'ANC sous la présidence de Alfred NZO.
A la veille de leur départ pour Port Louis, afin d'assister au 5eme Sommet de la Francophonie de Maurice en Octobre 1993, il a été porté à l'intention de la délégation comorienne un message d'une extrême importance et portant sur le risque d'élimination physique de Mandela par des extrémistes sud africains. Ce message devait être communiqué d'urgence aux chefs d'Etat africains. Dès son retour de Port Louis, S HILALI est chargé par le Président DJOHAR d'entreprendre une tournée des différentes capitales africaines afin de transmettre le message sur la question sécuritaire du plus vieux prisonnier africain Madiba MANDELA.
Après avoir transmis le message au Ministre des Affaires Étrangères kenyan Kalonzo MUSYOKA, S HILALI repart pour Dar es Salam, où il est reçu en audience par le Président Tanzanien Ali Hassan MWINYI à qui il remet le message. Après des longs échanges, le Président Tanzanien le rassure et en informe ses collègues. Le Président MUGABE est désigné pour porter le message aux autorités Sud Africaines. Il est demandé au President De KLERK de veiller sur la sécurité de Nelson MANDELA.
(Je vous invite à lire la lettre de Said HILALI adressée à MANDELA en 2008).
De Dar es Salam, il part à Addis-Ababa rencontrer le Secretaire General de l'OUA, Dr Salim Ahmed SALIM, le sensibilise et lui remet son message à son tour.
Excédé par le dysfonctionnement excessif et la montée des affaires en tout genre qui ne gratifient aucunement le pays, S HILALI demande au Président DJOHAR de le libérer en mettant fin à ses fonctions. Le Président appose son accord en février 1994 par écrit et leur collaboration prend fin. Cela n'a pas empêché le Président DJOHAR, alors exilé à l'île de la Réunion l'année suivante, de se souvenir d'un serviteur désintéressé pour lui demander d'activer ses relations pour le ramener au pays. DJOHAR est revenu au pays du fait de l'indignation de son ostracisme.
Face à la situation chaotique du pays, Ali BAZI, un homme discret et doué d'une grande lucidité politique organise la première rencontre politique à Paris entre Mohamed TAKI Abdoulkarim et son neveux S HILALI. C'est alors que S HILALI
prend la décision d'organiser et de financer en décembre 1995, la Conférence de Paris, qui réunit une large coalition allant de M TAKI, S Hassane S Hachim, Mohamed Moumine, Said Ali Kemal, Said Ali Youssouf, Salim Ahmed Abdallah, Bourhane Rachidi, tandis que certains partis s'étaient fait représenté par leurs partisans parisiens. A défaut de pouvoir empêcher tous ces prétendants de se présenter aux élections présidentielles, HILALI parvient à l'accord que celui qui sera en bonne position aura le soutient de tous les autres. TAKI se retrouve alors au second tour face à Abbas Djoussouf et remporte les présidentielles.
S HILALI devient alors le Conseiller plénipotentiaire du Président.
Entre eux, plus que des relations de travail, des relations fraternelles fondées sur la confiance. S HILALI s'engage à toujours ne lui dire que la vérité.
Il appuie la nomination des personnalités comme S Hassane S Hachim, de Ahmed Abdou, de Ali Mlahaili, Ibrahim Halidi, Salim HIMIDI et de Azali Assoumani. Sur recommandation de ALi Bazi Selim, S HILALI convainc le Président de nommer Said Toihir S Maoulana au poste de Grand Kadhi.
C'est avec la même conviction qu'il ose émettre des réserves quant au projet de pêche industrielle introduit par Forbes, un homme d'affaire déjà en faillite, d'autant qu'il est associé à Éric Denard, fils du mercenaire du même nom. Aussi, il conseille au Président de ne pas approuver le projet d'installation d'un port franc du même Denard, en Grande Comores.
A la question du séparatisme de l'île d'Anjouan, S HILALI conseille la médiation de l'OUA. Le Secrétaire Général Dr Salim Ahmed SALIM dépêche son envoyé spécial l'Ambassadeur Pierre YERE. Ensemble ils travaillent en concertation. Le Dr Mouhtar, Ministre des Affaires Étrangères, le chef du cabinet Militaire Hassane HAROUNA et le Ministre Délégué à la Défense MGOMRI, quant à eux, conçoivent la stratégie du débarquement militaire et la plupart des collaborateurs de TAKI y sont favorable à l'insu du Premier Ministre Ahmed ABDOU, Ibrahim HALIDI et de S HILALI.
En Avril 1998, S HILALI est nommé Directeur de Cabinet à la Présidence de la République. Il continue à servir loyalement son ami quand éclate au mois d'août l'affaire des attentats de Nairobi et de Dar es Salam avec l'implication d'un citoyen comorien membre d'Al Qaïda. L'Ambassadeur Américain à Port Louis, Mark W ERWIN, avec accréditation à Moroni, informe le Directeur du Cabinet de la décision du gouvernement américain de dépêcher une mission spéciale pour s'entretenir avec les autorités comoriennes et sollicite leurs coopérations.
Le Président se trouvant alors en Afrique du Sud, S HILALI l'informe préalablement de l'arrivée de la mission américaine. TAKI marque son accord et ordonna la coopération des autorités comoriennes.
Effondré sous le poids d'un travail prenant mais surtout de l'ingratitude des partisans du President, S HILALI part en France le 9 octobre pour raisons médicales. Mohamed Soililhi dit Mamadou assure l'intérim au Cabinet.
A son arrivée à Paris le lendemain, le Président appelle Thoueybat Hilali et lui suggère de rester se reposer et l'informe de sa décision de confirmer Mamadou au poste de Directeur de Cabinet. D'un commun accord, ils conviennent de se revoir à l'occasion du XX eme Sommet de la France-Afrique du 26 novembre à Paris. HILALI appelle immédiatement Mamadou pour le féliciter de sa nouvelle promotion.
Le 6 novembre 1998, S HILALI est informé par un coup de téléphone matinal de Mohamed Maanrouf de la disparition prématurée de leur frère, ami et President. L'information lui a été confirmée plus tard, par Mohamed Hassane M'Chagama, Directeur du protocole depuis Moroni.
Pensé et écrit par la personne qui le connaît le mieux.
Signé : Thoueybat SAID OMAR