A travers cette chronique, je voulais faire un bref rappel de l’évolution récente de la société comorienne sous l’angle sociologique en a...
A travers cette chronique, je voulais faire un bref rappel de l’évolution récente de la société comorienne sous l’angle sociologique en analysant des faits majeurs qui ont laissé une trace de grande importance dans l’histoire de notre pays.
La déclaration unilatérale de l’indépendance du 6 juillet 1975 est ce qu’on appelle en sociologie « un fait social total ». Cet événement peut se qualifier ainsi dans ce sens qu’il a impacté tous les champs de la société : la culture, l’économie, la politique, la religion, les relations sociales…D’autres faits sont venus par la suite précipiter et révolutionner le cours de l’histoire des Comores à travers la politique, notamment dans ce que j’appelle « les émancipations populaires ». Si nous observons la société comorienne de ces 20 dernières années, nous verrons que les pouvoirs social, culturel, religieux, économique et politique sont amplement plus partagés, plus discutés aussi, donc plus démocratiques que par le passé.
En interrogeant le sociologue Guy Rocher sur la définition du changement social, nous verrons mieux l’importance d’une observation épistémologique de l’évolution, donc du progrès dans une société. « le changement social est la transformation observable dans le temps, qui affecte, d’une manière qui ne soit pas éphémère, la structure ou le fonctionnement de l’organisation sociale, et modifie en même temps le cours de l’histoire». Et si nous consultons l’histoire contemporaine des Comores, nous distinguerons quelques faits sociaux qui constituent les racines du changement, donc du progrès social. J’en ai retenu six.
J’ai souligné l’accession à notre autodétermination proclamée le 6 juillet 1975 qui a structuré notre organisation politique, économique, commerciale mais aussi culturelle. Le progrès qui en résulte est très facilement observable : libertés publiques, souveraineté politique et diplomatique, accords commerciaux, etc.
Ensuite, il y a les quatre révolutions initiées par le Président Ali Soilihi au cours de l’année 1976. Celles-ci ont transformé foncièrement la société comorienne. L’émancipation des femmes, le partage du pouvoir économique et politique entre les élites urbaines et les notabilités des territoires ruraux, la place dont s’est emparé la jeunesse comorienne dans la prise des décisions sur toutes les places publiques sont autant d’acquis qui ont transformé la société comorienne dans son organisation politique, économique et sociale.
Femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, citadins et ruraux tiennent, presque équitablement les commandes de l’économie comorienne et se trouvent aux manettes de l’administration de l’Etat. Rappelez-vous quels étaient les commerçants et les hommes d’affaires de la place de Moroni dans les années 70. Quel était le profil des hommes qui gouvernaient le pays et pilotaient la haute administration ?
Je me réjouis de constater qu’il y ait depuis les années 90, autant de matières grises féminines dans la conduite des affaires de notre pays. Cela est bien sûr possible dans de nombreuses sociétés. Mais enregistrer ce progrès en si peu de temps, avec une lutte de classes finalement peu violente, cela n’a été effectif que grâce à la révolution des consciences impulsée par le message de 1976. Message selon lequel les femmes, les jeunes, les ruraux et la laïcité devaient partager le pouvoir avec les hommes, les vieux, les citadins et les religieux. Enfin, La quatrième révolution n’est pas la moindre, même si le progrès qui en découle se dessine plus lentement. Il s’agit de la démystification du «milanantsi- ougangui» et la volonté de promouvoir un Islam authentique.
Grâce à cette dernière, « la raison a pris le pouvoir » dans l’esprit du comorien même si la rationalité ne gouverne pas encore la société. Nonobstant, la pensée cartésienne fait une percée dans certaines couches de la société.
Vous avez remarqué sans doute que l’interprétation des textes saints par nos ulémas ne contredit plus les sciences, l’astronomie, la physique et la biologie, et ce, depuis que cette quatrième révolution nous a démontré que le religieux et le social, le divin et l’humain sont conciliables « ici bas » . L’accroissement de la demande de soins médicaux et la pression qui pèse sur l’offre médicale trouvent l’explication, sans doute, dans ce changement social à dominance rationaliste au détriment des pratiques charlatanesques.
Cependant, le progrès n’arrive jamais seul. La généralisation des moyens de communication, des multimédias, des nouvelles technologies constituent le 6ème fait social total. Ce facteur technologique donne raison au sociologue allemand Max WEBER et au journaliste Raymond ARON qui ont diversement interprété « le capital » de Karl MAX. Ce dernier établit le postulat selon lequel «l’infrastructure engendre la superstructure ». WEBER et ARON diraient que la télévision, le portable, Internet et Facebook contribuent fortement à paramétrer un nouveau modèle de société aux Comores.
Ce déterminisme et la causalité historique entre infrastructure et superstructure, entre équipement matériel, mode de production et modèle social seraient repris par le sociologue Emile Durkheim pour expliquer les inévitables déviances que notre société observe aujourd’hui à travers le développement de la violence et de la délinquance dans une société très faiblement urbanisée. J’en déduis que le changement et le progrès ne sont bénéfiques et maîtrisables que si l’on les observe en vue de les orienter et leur donner un cadre. Sinon c’est l’inverse qui se produit.
SAID HALIFA
Paris
La déclaration unilatérale de l’indépendance du 6 juillet 1975 est ce qu’on appelle en sociologie « un fait social total ». Cet événement peut se qualifier ainsi dans ce sens qu’il a impacté tous les champs de la société : la culture, l’économie, la politique, la religion, les relations sociales…D’autres faits sont venus par la suite précipiter et révolutionner le cours de l’histoire des Comores à travers la politique, notamment dans ce que j’appelle « les émancipations populaires ». Si nous observons la société comorienne de ces 20 dernières années, nous verrons que les pouvoirs social, culturel, religieux, économique et politique sont amplement plus partagés, plus discutés aussi, donc plus démocratiques que par le passé.
En interrogeant le sociologue Guy Rocher sur la définition du changement social, nous verrons mieux l’importance d’une observation épistémologique de l’évolution, donc du progrès dans une société. « le changement social est la transformation observable dans le temps, qui affecte, d’une manière qui ne soit pas éphémère, la structure ou le fonctionnement de l’organisation sociale, et modifie en même temps le cours de l’histoire». Et si nous consultons l’histoire contemporaine des Comores, nous distinguerons quelques faits sociaux qui constituent les racines du changement, donc du progrès social. J’en ai retenu six.
J’ai souligné l’accession à notre autodétermination proclamée le 6 juillet 1975 qui a structuré notre organisation politique, économique, commerciale mais aussi culturelle. Le progrès qui en résulte est très facilement observable : libertés publiques, souveraineté politique et diplomatique, accords commerciaux, etc.
Ensuite, il y a les quatre révolutions initiées par le Président Ali Soilihi au cours de l’année 1976. Celles-ci ont transformé foncièrement la société comorienne. L’émancipation des femmes, le partage du pouvoir économique et politique entre les élites urbaines et les notabilités des territoires ruraux, la place dont s’est emparé la jeunesse comorienne dans la prise des décisions sur toutes les places publiques sont autant d’acquis qui ont transformé la société comorienne dans son organisation politique, économique et sociale.
Femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, citadins et ruraux tiennent, presque équitablement les commandes de l’économie comorienne et se trouvent aux manettes de l’administration de l’Etat. Rappelez-vous quels étaient les commerçants et les hommes d’affaires de la place de Moroni dans les années 70. Quel était le profil des hommes qui gouvernaient le pays et pilotaient la haute administration ?
Je me réjouis de constater qu’il y ait depuis les années 90, autant de matières grises féminines dans la conduite des affaires de notre pays. Cela est bien sûr possible dans de nombreuses sociétés. Mais enregistrer ce progrès en si peu de temps, avec une lutte de classes finalement peu violente, cela n’a été effectif que grâce à la révolution des consciences impulsée par le message de 1976. Message selon lequel les femmes, les jeunes, les ruraux et la laïcité devaient partager le pouvoir avec les hommes, les vieux, les citadins et les religieux. Enfin, La quatrième révolution n’est pas la moindre, même si le progrès qui en découle se dessine plus lentement. Il s’agit de la démystification du «milanantsi- ougangui» et la volonté de promouvoir un Islam authentique.
Grâce à cette dernière, « la raison a pris le pouvoir » dans l’esprit du comorien même si la rationalité ne gouverne pas encore la société. Nonobstant, la pensée cartésienne fait une percée dans certaines couches de la société.
Vous avez remarqué sans doute que l’interprétation des textes saints par nos ulémas ne contredit plus les sciences, l’astronomie, la physique et la biologie, et ce, depuis que cette quatrième révolution nous a démontré que le religieux et le social, le divin et l’humain sont conciliables « ici bas » . L’accroissement de la demande de soins médicaux et la pression qui pèse sur l’offre médicale trouvent l’explication, sans doute, dans ce changement social à dominance rationaliste au détriment des pratiques charlatanesques.
Cependant, le progrès n’arrive jamais seul. La généralisation des moyens de communication, des multimédias, des nouvelles technologies constituent le 6ème fait social total. Ce facteur technologique donne raison au sociologue allemand Max WEBER et au journaliste Raymond ARON qui ont diversement interprété « le capital » de Karl MAX. Ce dernier établit le postulat selon lequel «l’infrastructure engendre la superstructure ». WEBER et ARON diraient que la télévision, le portable, Internet et Facebook contribuent fortement à paramétrer un nouveau modèle de société aux Comores.
Ce déterminisme et la causalité historique entre infrastructure et superstructure, entre équipement matériel, mode de production et modèle social seraient repris par le sociologue Emile Durkheim pour expliquer les inévitables déviances que notre société observe aujourd’hui à travers le développement de la violence et de la délinquance dans une société très faiblement urbanisée. J’en déduis que le changement et le progrès ne sont bénéfiques et maîtrisables que si l’on les observe en vue de les orienter et leur donner un cadre. Sinon c’est l’inverse qui se produit.
SAID HALIFA
Paris