La crédibilité de l'État comorien est en jeu: une élection fraudée n'est jamais terminée Ce chercheur comorien en Science poli...
La crédibilité de l'État comorien est en jeu: une élection fraudée n'est jamais terminée
Ce chercheur comorien en Science politique a reçu dans sa messagerie électronique un interminable questionnaire venant d'un centre de recherches associant certaines des plus grandes universités des États-Unis, Australie et d'un pays d'Europe, soit des universités ayant pignon sur rue dans des États où le chercheur comorien n'a jamais été et où il n'a aucune relation personnelle. Mais, comme Internet a tué toute forme de surprise en la matière, il a affronté le terrifiant questionnaire en question. Que lui voulait ce centre de recherches? Une chose très simple en apparence: lui dire tout sur la manière dont ont été organisées les élections comoriennes du dimanche 25 janvier et du dimanche 22 février 2015. Rien que ça?
Le message, rédigé en allemand, est explicite: «Cher Docteur... Comment savons-nous quand les élections respectent des normes internationales et des principes universels – et quand elles échouent? Pour répondre à cette question, notre centre de recherche a été conçu pour s'engager dans un processus de développement d'une nouvelle modalité d'enquête basée sur une vue générale et sur les perceptions les plus pertinentes pour évaluer l'intégrité et le sérieux des élections dans différents pays. Le but est de fournir une source complète, compréhensive, impartiale et indépendante d'informations tirées d'évaluations d'experts pour savoir si les élections nationales dans un pays donné respectent les principes internationalement reconnus ainsi que les normes et standards universels pertinents.
L'enquête menée a pour but de rassembler de nouvelles données sur des élections nationales récentes tenues dans le monde entier. Elle est conduite par une équipe indépendante d'experts basés en Australie, en Europe et aux États-Unis. Les gens ont des avis divergents sur la qualité des élections et, dans le cadre de cette enquête, nous serions intéressés de connaître à partir de votre expertise, les enseignements qu'on peut tirer des élections comoriennes dont le premier tour a eu lieu le 25 janvier et le second tour le 22 février 2015. […]».
Et comme ce sont des professionnels de la Science politique et de la Sociologie politique qui s'occupent de ce dossier hautement sensible, aucun aspect fondamental du sujet n'a été laissé en dehors du questionnaire: «Durant les élections, les autorités avaient-elles adopté la neutralité envers les candidats et les partis politiques?», «les candidats avaient-ils un égal accès aux médias publics?», «les bulletins de vote étaient-ils suffisants dans les bureaux de vote?», «les autorités ont-elles assuré une bonne campagne d'explication du processus électoral aux citoyens?», «le mode de scrutin était-il favorable ou défavorable aux petites formations politiques?», «durant les élections, a-t-on constaté des actes relevant de la corruption?», «les Comoriens ont-ils pu voter en toute liberté, sans pression étatique?», «les partis politiques de l'opposition ont-ils eu un comportement exemplaire au cours des scrutins?», etc.
Quand un organisme indépendant travaillant avec les plus prestigieuses des universités anglo-saxonnes, européennes et de l'hémisphère sud côté Australie s'intéresse à une nouvelle mascarade électorale dans un pays habitué aux parodies électorales les plus contestables, c'est parce que dans les États institutionnellement développés, l'Université joue pleinement son rôle fondamental de pourvoyeuse d'idées et de conseils auprès de l'État de rattachement, qui la consultent notamment sur un certain nombre de sujets de relations internationales, dont des élections aux quatre coins du monde.
La grandiose Université des Comores (UDI) n'assume pas encore une telle responsabilité, mais comme disait Charles de Gaulle, «le futur a un très long avenir». De fait, un État sérieux qui s'intéresse aux Comores n'engagera jamais des négociations sérieuses avec les autorités comoriennes avant de connaître l'essentiel sur le pays, dont son sérieux en matière électorale. Citons un exemple très simple: quand le Colonel Azali Assoumani «se sacrifia et fit don de son être et de sa chère personne aux Comores» par son coup d'État du 30 avril 1999, une grande puissance dépêcha une délégation officielle par avion spécial au Maroc pour aller consulter le dossier scolaire de notre Président bien-aimé à l'Académie Royale militaire de Meknès, où l'homme de Mitsoudjé a été formé. Oui, un avion spécial affrété par une grande puissance mondiale pour connaître le profil d'un sombre putschiste dans une lointaine «Républiquette» bananière.
Alors, imaginons un instant que le chercheur comorien qui devait donner ses appréciations sur la soupe électorale de janvier et février 2015 soit poussé par sa conscience à dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité sur les scrutins. Imaginons encore que dans la perspective de l'élection du Président de la République et des Gouverneurs des îles en 2016, les Comores demandent de l'aide aux pays de rattachement du centre de recherche qui enquête sur les élections de 2015 et que les États en question interrogent le centre de recherche, qui leur répond: «Les Comores? Là où il y a eu l'immense mascarade électorale en janvier et février 2015?
Là où les autorités n'ont pas été capables de fournir les cartes électorales aux électeurs, mais ont brillé par la distribution de sacs de riz aux mêmes électeurs, ont gaspillé l'argent de l'État pour l'achat des consciences et des inconsciences, ont procédé à des recrutements de pure complaisance le temps d'une élection, là où les autorités ont licencié abusivement les opposants, ont créé 12 bureaux de vote sans existence officielle, ont perverti les listes électorales, ont exilé les électeurs dans de lointains bureaux de vote pour les décourager, là où on admet la candidature d'un criminel de la trempe d'Abou Achirafi Ali Bacar, deuxième plus grand criminel du pays, là où 11.000 fausses procurations ont circulé, y compris celle des gens qui sont morts une année auparavant et celle des gens qui n'ont jamais existé? Ne placez pas un 1 dollar du Zimbabwe frappé d'une inflation à 250.000% sur ce pays car il n'en vaut pas la peine». La suite, on la connaît. Cela étant, quand les autorités comoriennes fraudent dédaigneusement les élections en croyant que tout est fini parce que le plus fort s'est imposé au plus faible, elles se trompent lourdement.
Les chancelleries les observent à la loupe et il arrive toujours un moment où on procède à un solde de tout compte. Une élection truquée est une horreur dont on parle pendant des décennies. Dans la série Fantômas,quand à la fin d'un épisode très mouvementé, le mot «Fin» commença à apparaître sur l'écran, Louis de Funès s'était écrié en brandissant un doigt vengeur envers Fantômas (incarné par Jean Marais): «Non! Ce n'est pas fini. Je t'aurai, je t'aurai». Donc, une élection truquée poursuit son auteur toute sa vie, et le mot «Fin» n'apparaît jamais sur une élection abusivement tronquée et truquée.
ARM
© www.lemohelien.com – Mercredi 25 mars 2015.
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.