Sinon ...à part le FN, l'Etat Islamique et les déclarations médiatiques de Frédéric Mitterand sur le fessier de Manuel Valls, un bel év...
Sinon ...à part le FN, l'Etat Islamique et les déclarations médiatiques de Frédéric Mitterand sur le fessier de Manuel Valls, un bel événement a eu lieu à l'université de Dembéni Mayotte (19 et 20 février 2015).
Des chercheurs et des écrivains ont échangé sur la littérature écrite et orale du Sud Ouest de l'Océan Indien avec un focus particulier sur quelques écrivains de l'archipel des Comores. Ceux de la partie indépendante (Ngazidja, Ndzuani et Mwali) et ceux de la partie demeurée française (Maoré/Mayotte). Je vous épargnerai l'historique du contentieux territorial depuis 1975.
A travers les communications il a été question entre autres des œuvres de Nassur Attoumani, Alain Kamal Martial, Saindoune Ben Ali, Soeuf El Badawi, Salim Hatubou,..il a aussi été question de lectures d'une nouvelle de Touhfate Mhoutare et une de votre serviteur.
Les intervenants venaient du Cameroun, des Etats Unis, de la Réunion, de Belgique, de Maurice, de Madagascar, de Maoré, de Ndzuani et de Ngazidja etc...
Au delà des questions de certains intitulés mentionnant Mayotte ET les Comores, Graves pour certains au nom de l'intégrité des frontières issues de la colonisation et l'unité culturelle de l'archipel, justifiées pour certains intervenants en raison des spécificités qui n'ont pas manqué de se construire depuis 1975 où l'île évolue en parallèle des autres, Au delà de la polémique inéluctable dès lors qu'on parle des relations entre les îles de cet archipel, je préfère voir le verre à moitié plein.
Des chercheurs ont , en effet, fait un coup de force pour organiser ce colloque, pour mettre de la lumière sur la littérature de la zone. Une littérature , vous en conviendrez balbutiante avec des génies comme Mbae Trambwe (littérature orale gravé dans le patrimoine) et Saindoune Ben Ali (auteur vivant) et des écrivains qui construisent leur parcours , leur oeuvre plus ou moins inspirée.
A Dembéni, des écrivains ont parlé, des chercheurs , des libraires, des politiques. Il y a eu du propos convenu, des vociférations, des phrases discutables et des vérités qui font du bien aux oreilles...Il y a eu de la vie en somme. Nous n'étions pas dans un congrès brejnevien de la chose littéraire où nous étions sommés de célébrer le génie de Monsieur Trucmuche Abdou.
La question de la traduction des contes issus de l'oralité de l'archipel a été évoquée, celle de l'introduction des écrivains de la zone dans les programmes scolaires que ce soit à Moroni ou à mamoudzou aussi, tout comme le préalable d'une formation initiale des enseignants à repenser et d'autres questions purement techniques...Ce, sur deux jours avec près de 20 communications.
Et puis, et puis, les actes du colloques seront publiés en début d'année prochaine. Et ce n'est pas rien. L'on pourra alors débattre sur des écrits, se construire dans la lignée de ces écrits ou en réaction. Le débat , toujours le débat, heureusement le débat.
L'Université de Dembéni ou l'Université des Comores (Mvouni, Patsi) organiseront d'autres colloques espérons le en se fondant sur cette première expérience. Dans les années qui viennent , sûrement des précautions sémantiques seront prises mais pas trop nous l'espérons car nous étoufferions dans l'oeuf ce fameux débat , cette opposition des points de vue sur tout que nous promouvons.
il en va de l'inscription de cette littérature balbutiante sur la carte. Nous parlons bien de la nécessité d'accompagner l'éclosion de notre scène littéraire ce qui est différent de l'existence de quelques personnalités qui écrivent.
Le débat mille fois oui. Pour ma modeste part que des étrangers portent un regard sur ce que nous produisons ne me gène aucunement, puisque je passe ma vie à réfléchir , à vitupérer ou à applaudir Philip Roth, Houellebecq, Ellroy, Bukowski, Sony labou Tansi ou encore Kafka.
Que des étrangers m'éclairent sur des points que je ne connaissais pas, je n'en tire aucun sentiment de honte. Puisqu'il m'arrive de les éclairer aussi sur des pans de leurs histoires.
Que des étrangers commettent des erreurs d'appréciation sur notre réalité, disent des âneries sans nom sur ce qui me fonde ne me gêne pas plus que cela tant qu'il m'est accordé le droit de le leur dire et d'en discuter avec eux. Parce que je me connais, des conneries à la pelle sur leurs civilisations je sais en produire. Moi aussi.
Débattre, débattre, débattre. Cela nous change des applaudissements et des hourras pavloviens dès lors qu'un cousin a pris la plume, de par chez nous.
Pour finir, de façon anecdotique ...j'ai essayé de dire mon ressenti d'écrivain débutant dans un champ littéraire miné de mille problèmes à travers ma communication..."Écrivains et lecteurs comoriens. Une rencontre (amoureuse?) en construction sous le regard d'un État voyeur".
Vive la littérature, vive le débat sans limite, sans tabou, avec des gros morceaux de bêtise dedans, vive la vie quoi.
A mon poète d'ami. Il se reconnaîtra.
Par Oluren Fekre