L'un des plus vieux poissons du monde est menacé par un port en Tanzanie. Une population de coelacanthe de Tanzanie, dont l'habitat...
L'un des plus vieux poissons du monde est menacé par un port en Tanzanie.
Une population de coelacanthe de Tanzanie, dont l'habitat pourrait-être bouleversé par des constructions en mer, a été proposée au statut d'espèce "menacée" dans une liste américaine.
ANCÊTRE. Incroyable créature que le cœlacanthe. Ce poisson des grandes profondeurs fait figure de doyen dans l'histoire des espèces animales. Et pour cause, lorsque le dernier tyrannosaure a rendu l'âme, le cœlacanthe peuplait déjà les profondeurs des océans depuis... plus de 300 millions d'années ! C'est un animal si rare que les biologistes ont longtemps cru l'espèce éteinte... jusqu'à ce qu'un spécimen soit capturé accidentellement dans un filet de pêche en 1938.
Une population de coelacanthe de Tanzanie, dont l'habitat pourrait-être bouleversé par des constructions en mer, a été proposée au statut d'espèce "menacée" dans une liste américaine.
ANCÊTRE. Incroyable créature que le cœlacanthe. Ce poisson des grandes profondeurs fait figure de doyen dans l'histoire des espèces animales. Et pour cause, lorsque le dernier tyrannosaure a rendu l'âme, le cœlacanthe peuplait déjà les profondeurs des océans depuis... plus de 300 millions d'années ! C'est un animal si rare que les biologistes ont longtemps cru l'espèce éteinte... jusqu'à ce qu'un spécimen soit capturé accidentellement dans un filet de pêche en 1938.
Depuis, les biologistes ont identifié deux espèces : Latimeria chalumnae (que l'on trouve en Afrique) et Latimeria menadœnsis (qui vit en Indonésie) toutes deux très discrètes puisque les observations de ces poissons dans leur milieu naturel se comptent sur les doigts d'une main. Du fait de leur rareté, elles sont inscrites à l'annexe I de la CITES, un accord intergouvernemental qui liste les espèces les plus menacées, et pour lesquelles le commerce est strictement interdit. Mais le cœlacanthe ne faisait pas encore l'objet de telles mesures de la part de l'Endangered Species Act (ESA). Une loi fédérale américaine créée pour protéger les espèces dont les populations sont menacées de disparaitre
C'est désormais chose (quasi) faite. En effet, le 3 mars 2015, le Service national des pêches marines américain (National Marine Fisheries Service ou NMFS en anglais) a officiellement fait la demande pour que l'animal obtienne le statut d'espèce "menacée" dans le cadre de la législation américaine.
Une seule population reconnue comme menacée
À l'origine de cette démarche, une pétition envoyée par l'ONG WildEarth Guardians en juillet 2013, concernant 81 espèces jugées comme menacées, mais non reconnues comme telles par l'Endangered Species Act américain. Après étude de la littérature scientifique, 27 d'entre elles ont été proposées à ce statut d'espèces menacées. Parmi-elles, le cœlacanthe. Avec un gros bémol toutefois.
Comme on peut le constater dans le document détaillant cette proposition,l'inscription ne concerne toutefois pas tous les cœlacanthes, mais uniquement une population de Latimeria chalumnae que l'on trouve au large des côtes de la Tanzanie. D'après ce texte, seule cette population remplit les critères permettant de la classer dans la catégorie des animaux menacés ou en danger. La raison ? Contrairement aux autres populations de L.chalumnaeidentifiées que l'on trouve dans les Comores ou en Afrique du Sud, les cœlacanthes de Tanzanie vivent dans un environnement particulièrement vulnérable.
En effet, d'après le rapport, les eaux dans lesquelles vivent ces poissons sont essentiellement constituées de vastes plateaux rocheux profonds de 70 à 140 m, dans lesquels les anfractuosités et les abris ne sont pas légion. Ce qui rend les poissons particulièrement vulnérables aux coups de filets des bateaux de pêche. De ce fait, depuis 2003, plus de 60 de ces poissons rares auraient déjà été capturés accidentellement dans les filets des pêcheurs tanzaniens. Et comme cet animal, qui n'a pratiquement pas d'autres prédateurs que l'homme, se développe très lentement et se reproduit à un rythme très lent (la gestation dure 3 ans !), ses populations sont très vulnérables.
Les activités humaines menacent son habitat
RÉSERVE. Autre souci, la Tanzanie s'apprête à construire un port en eau profonde dans la baie de Mwambani, à 8 km au sud du port de Tanga. Et sa construction implique de faire place nette à coups d'explosifs et de forages dans les fonds marins. Et ce au beau milieu d'une zone qui a obtenu en 2009 l'appellation de... "Tanga Coelacanth Marine Park". On appréciera l'ironie.
La baie de Mwambani, à 8 km au sud du port de Tanga en Tanzanie.
L'habitat des cœlacanthes pourrait donc s'en trouver fragmenté ou fortement réduit, soit par la destruction de ses (déjà rares) abris, soit par l'envasement qui accompagne presque systématiquement la mise en place de ce type de structures. Le coelacanthe, qui n'apprécie guère les eaux turbides, serait donc très certainement contraint à quitter les lieux.
L'inscription du cœlacanthe sur la liste des espèces menacées n'aura pas d'effet coercitif sur la construction du port ou sur toute autre mesure d'ailleurs. Et pour cause, la Tanzanie n'est pas sous la juridiction américaine. "Mais cette inscription permettra peut-être de sensibiliser aux menaces qui pèsent sur cette espèce" espère Taylor Jones, avocat de l'ONG WildEarth Guardians, cité par le journal Scientific American... si du moins la proposition de la NMFS est acceptée. La décision devrait-être fixée d'ici au 5 avril 2015.
Par Erwan Lecomte
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