Ces décrets présidentiels qui les nomment et font d'eux des êtres supérieurs ! Le président de la République est élu par le peuple...
Ces décrets présidentiels qui les nomment et font d'eux des êtres supérieurs !
Le président de la République est élu par le peuple. En le choisissant, le peuple pense donc qu'il est la personne idéale pour conduire sa destinée. Pour lui, cette personne, donc le président de la République, est digne de confiance et à la hauteur de la fonction, pour l'accompagner dans son épanouissement humano-social. C'est ainsi qu'en étant le choix du peuple, le président de la République est, avant tout, au service de ce dernier.
Ensuite, pour exercer sa fonction de chef suprême de la nation, le président de la République s'organise en mettant en place une équipe ayant pour mission principale de l'aider à servir le peuple. Pour cela, il doit nommer des personnes censées être désignées, premièrement sur la base «de l'intelligence» qui est la leur, et qui sont donc aptes à lui apporter leur expertise dans les différents secteurs de la vie nationale. D'où les nominations par décret présidentiel.
Une nomination par décret présidentiel est l'expression de la confiance que le président de la République accorde non seulement à la personne nommée, mais aussi à ses compétences. Le président croit en cette personne et en ses capacités à l'aider à traduire en actes, les orientations qu'il donne. Orientations qui sont issues des promesses faites au peuple. Donc, lorsque l'on est nommé par décret présidentiel, on devient systématiquement le dépositaire, mieux encore le moteur de la politique d'optimisation du programme d'activités du chef de l'Etat. Les uns et les autres nommés sont les chevilles ouvrières de la matérialisation de la vision du président.
Aussi, les personnes nommées par décret présidentiel, bien qu'étant au service du président de la République, sont, à l'instar de ce dernier, au premier abord, au service du peuple.
Cependant, dans nos pays, notamment africains (...), il est déplorable de constater que, de nos jours, les nominations par décret présidentiel sont devenues sujettes à des interprétations vicieuses de la part de ceux qui en bénéficient. En effet (...), quand on est nommé par décret présidentiel à un quelconque poste de responsabilité, on devient un super-homme, donc un intouchable (…).
Vous êtes tout et vous pouvez tout afin d'expliciter cette pensée, nous vous présentons les deux principales caractéristiques de ces bénéficiaires de nominations par décret présidentiel qui croient être devenus le centre du monde:
1- l'égocentrisme:
Très imbus de leur personne, ils ont une très haute opinion d'eux-mêmes. Ils pensent, dans la plupart des cas, avoir les meilleurs atouts non seulement intellectuels, mais aussi physiques. Ils prétendent avoir la science infuse, en ayant des réponses à tout. Même dans les domaines où leurs connaissances sont limitées ou sont quasiment inexistantes, ils veulent toujours avoir le dernier mot, même face aux professionnels du domaine concerné. Pensant qu'ils sont des êtres hors du commun, dotés de quotients intellectuels surélevés, ils sont remplis de préjugés vis-à-vis des personnes faisant partie de leur environnement tant professionnel que social. Ils ont tendance à tout ramener à leur personne et, donc, tout tourne autour d'eux. A la limite, les autres n'existent pas. Grégoire Lacroix, journaliste poète français, disait: «Il y a des gens tellement égocentriques que, fermant les yeux, ils croient que le monde s'est éteint». Leur égo étant surdimensionné, ils en sont arrivés à se convaincre que le décret présidentiel qui les nomme, les immunise de toute éthique professionnelle.
Seulement, ce que ces égocentristes que nous appelons également narcissistes oublient, c'est que leurs attitudes ne sont pas faites pour les aider à remplir, avec brio, les fonctions qui sont les leurs. Pendant qu'ils croient se mettre en valeur et exceller en agissant de la sorte, ils ne se rendent pas compte qu'ils sont en réalité en train de réduire leur chance de réussite, car à force de frustrer et humilier ceux qui sont censés travailler avec eux à l'atteinte les résultats attendus, ceux-ci finissent par se lasser de leurs manières inintelligentes, voire inhumaines dans la gestion du potentiel humain qu'ils ont la charge de conduire.
Ces personnes, qui sont, en fait, des collaborateurs ayant franchi le stade du ras-le-bol, plongent dans l'expectative, la léthargie et, pire encore, l'hypocrisie, la fourberie. Dans l'attente frénétique de voir ces responsables être dégommés de leurs postes, ils trouvent tant soit peu leur plaisir et leur consolation à les voir patauger dans les sinuosités de leur médiocrité flagrante. A quelques exceptions près, la plupart de ces responsables ont, le plus souvent, échoué, car n'est-ce pas que nul ne se suffit à lui-même? Une seule intelligence, si encore c'en est une, ne peut construire le monde.
2-la délinquance:
C'est manquer à son devoir, fauter. Mieux encore, la délinquance, c'est l'atteinte à la réglementation et à l'ordre public. Partant de ces définitions assez circonscrites, l'autre caractéristique de ces responsables en réalité irresponsables, c'est la délinquance. Ils posent des actes qui frisent, parfois, la délinquance, parce que, pour la plupart d'entre eux, la nomination par décret présidentiel leur donne le visa pour faire de la chose publique, une propriété privée. Le décret présidentiel est, pour ces soi-disant dirigeants, «le sésame ouvre-toi», pour casser les caisses de l'Etat. Dans les structures dont ils ont la direction, ils ordonnent et engagent des dépenses sur la base de procédures dont eux-mêmes ont le secret. Les procédés comptables classiques sont devenus, pour eux, caducs. D'où l'obligation, pour eux, d'innover, semble-t-il, dans le but d'améliorer le système de gestion des finances de leurs entités. Ce qui est faux, car la réalité, c'est qu'ils ne font que rendre plus performantes leurs techniques de détournement des deniers publics.
Pour arriver à leurs fins, ils ont pour outil de prédilection, le mensonge. Ces responsables vont d'un mensonge à un autre, d'une affabulation à une autre, sans état d'âme. Très changeants dans leurs propos, inconstants dans leurs décisions, ils naviguent vers des lendemains incertains, avec pour unique certitude d'avoir, d'une manière ou une autre, gonflé leurs comptes en banque. Selon l'écrivain français Daniel Penac, «la naissance de la délinquance, c'est l'investissement secret de toutes les facultés de l'intelligence dans la ruse». Ils peuvent tout faire, car ils se croient tout permis: frauder, détourner, marginaliser, tyranniser, voire pousser les autres au désespoir et même à la mort. Ils en ont le pouvoir, au nom du président de la République.
Ayant de la sorte failli à leur mission fondamentale qui est de servir le peuple sous l'autorité du chef de l'Etat, ce que semble ignorer la plupart de tous ces nommés par décret présidentiel qui passent leur temps à se servir dans les caisses des sociétés qu'ils dirigent, ou à truquer des mandats au trésor public, à prendre des libertés par rapport aux lois et règlements de la République, au nom du président de la République, c'est qu'il y a des analystes, des penseurs, des scientifiques qui, au quotidien, observent et prennent des notes sur l'évolution de notre pays. Aussi, combien même aujourd'hui, ces prédateurs des richesses nationales croient-ils être à l'abri de tout ennui judiciaire, de toutes sanctions, qu'ils retiennent qu'à un moment ou à un autre, ils seront appelés à répondre de leurs actes délictueux. Et même si eux-mêmes ne passent pas au jugement, leurs descendants, dont l'avenir est, depuis fort longtemps, hypothéqué, devront faire face à la vindicte populaire. La justice n'étant pas faite que pour les faibles, il faudra bien qu'elle soit appliquée sur ces actuels impénitents qui, à l'exemple de n'importe quels autres justiciables, vont devoir subir les peines relatives à leurs méfaits.
Poursuivant notre réflexion, nous tenons à rappeler et souligner que le décret présidentiel, c'est quand même le sceau du chef de l'Etat, chef suprême de la nation, garant de l'intégrité de l'Etat. Ce qui nous amène à dire que tout document portant la griffe du chef de l'Etat mérite une respectabilité qui ne doit souffrir d'aucune défaillance. Ceci, pas seulement dans le sens où il accorde des privilèges à ceux qui en bénéficient, mais aussi parce que c'est une accréditation faite par le président de la République dans toute sa souveraineté. C'est en cela aussi que nous devons exiger le respect de notre souveraineté nationale (à l'intérieur comme à l'extérieur de notre pays) qui passe par le respect de nos institutions, des textes et lois qui les définissent et du chef de l'Etat qui se doit d'en garantir l'authenticité.
Le décret présidentiel qui nous élève à un certain rang de dignité n'est pas fait pour nous déshumaniser. Il n'est pas également un bout de papier anodin, dont nous devons nous servir pour justifier notre ignorance, notre incompétence, notre médiocrité (…).
Mme Itoua EKAMBA-ELOMBE
Source : http://www.lasemaineafricaine.net
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