Le 10 février, le Conseil économique, social et environnemental se penche sur le dernier né des départements français lors d’une séance plén...
Le 10 février, le Conseil économique, social et environnemental se penche sur le dernier né des départements français lors d’une séance plénière à laquelle participent associations et ministère des Outre-mer. Jean-Paul Delevoye, son président, s’en explique.
- Pourquoi le conseil économique, social et environnemental accueille-t-il le débat sur Mayotte ?
Lors de la mission menée à Mayotte en juin 2014 par le Secours Catholique, les Apprentis d’Auteuil et Médecins du monde, le Conseil économique, social et environnemental] (CESE) a souhaité être représenté par un de nos membres, le professeur Eustase Janky. A leur retour, nous les avons entendus et ils nous ont sensibilisés à ce qu’ils avaient découvert, aux risques de fragmentation de cette société. Nous avons alors décidé de rencontrer le directeur de cabinet de la ministre des Outre-mer, qui a confirmé la situation. Nous avons décidé de consacrer deux séances plénières lors d’une semaine consacrée à l’Outre-mer : l’une portant sur la micro finance dans les territoires ultramarins et la deuxième sur la situation de Mayotte. La ministre a donné son accord pour participer à ce débat.
- Que peut apporter le Conseil à ce débat et comment peut-il influer sur la politique du gouvernement ?
Quand nous faisons des recommandations au gouvernement, 30% d’entre elles se traduisent en textes législatifs, décrets ou décisions à caractère politique. Dans le cas de Mayotte, nous voulons sensibiliser nos concitoyens et la métropole sur l’importance que ce département revêt pour la France. Pour certains métropolitains, ces territoires ultramarins sont considérés comme une charge ou comme une destination touristique et non comme un élément stratégiquement majeur pour l’Europe et pour la France. À Mayotte, nous ne pouvons pas appliquer des normes métropolitaines ou avoir une approche purement métropolitaine. Nous devons intégrer la culture mahoraise, l’accompagner pour mieux s’intégrer à la nation française. Deuxième élément, la précarité entraine des logements insalubres et des problématiques de santé. Troisième élément : le pourcentage des jeunes en absence de travail. Il ne s’agit pas de demander plus d’argent mais de mettre en place une politique transversale qui tienne compte des spécificités mahoraises et valorise les atouts de l’économie mahoraise. Nous entendons : 1/poser un diagnostic, 2/ montrer l’importance stratégique des territoires d’outremer, 3/montrer le caractère urgent et explosif de la société mahoraise, et 4/ être réaliste et s’appuyer sur la réalité du terrain pour obtenir des résultats concrets.
Cela implique-t-il une sensibilisation au niveau international, une concertation avec l’Union des Comores, Mayotte étant intimement liée aux trois autres îles de l’archipel des Comores ?
Il nous faut inscrire Mayotte dans le développement de l’Océan Indien autour de la Réunion et de Madagascar. Et regarder comment construire un partenariat avec les Comores. Nous avons invité le Secours Catholique, le professeur Janky et les autres associations à se servir de la tribune du CESE pour sensibiliser les forces économiques, les forces syndicales, les forces politiques. On ne peut plus aujourd’hui rester insensible devant une réalité qui peut demain devenir explosive.
Pensez-vous qu’un Plan jeunesse pour Mayotte puisse émerger de ces débats ?
Nous voyons bien que les problèmes que nous avons en métropole sont multipliés par trois, par six voire par dix dans les territoires d’outremer. Ils sont plus nombreux. Il y a beaucoup d’échec scolaire, une absence de qualification, et les économies locales sont incapables d’offrir des emplois à la jeunesse. Cette jeunesse doit pouvoir représenter l’Europe et la France dans cette partie du monde, elle doit être formée. Il nous faut avoir une dynamique nouvelle, permettant de considérer la jeunesse non pas comme un fardeau mais comme un potentiel. Mais pour cela, il faut lui en donner les moyens. C’est ça le sujet.
Propos recueillis par Jacques Duffaut
Par secours-catholique.org
- Pourquoi le conseil économique, social et environnemental accueille-t-il le débat sur Mayotte ?
Lors de la mission menée à Mayotte en juin 2014 par le Secours Catholique, les Apprentis d’Auteuil et Médecins du monde, le Conseil économique, social et environnemental] (CESE) a souhaité être représenté par un de nos membres, le professeur Eustase Janky. A leur retour, nous les avons entendus et ils nous ont sensibilisés à ce qu’ils avaient découvert, aux risques de fragmentation de cette société. Nous avons alors décidé de rencontrer le directeur de cabinet de la ministre des Outre-mer, qui a confirmé la situation. Nous avons décidé de consacrer deux séances plénières lors d’une semaine consacrée à l’Outre-mer : l’une portant sur la micro finance dans les territoires ultramarins et la deuxième sur la situation de Mayotte. La ministre a donné son accord pour participer à ce débat.
- Que peut apporter le Conseil à ce débat et comment peut-il influer sur la politique du gouvernement ?
Quand nous faisons des recommandations au gouvernement, 30% d’entre elles se traduisent en textes législatifs, décrets ou décisions à caractère politique. Dans le cas de Mayotte, nous voulons sensibiliser nos concitoyens et la métropole sur l’importance que ce département revêt pour la France. Pour certains métropolitains, ces territoires ultramarins sont considérés comme une charge ou comme une destination touristique et non comme un élément stratégiquement majeur pour l’Europe et pour la France. À Mayotte, nous ne pouvons pas appliquer des normes métropolitaines ou avoir une approche purement métropolitaine. Nous devons intégrer la culture mahoraise, l’accompagner pour mieux s’intégrer à la nation française. Deuxième élément, la précarité entraine des logements insalubres et des problématiques de santé. Troisième élément : le pourcentage des jeunes en absence de travail. Il ne s’agit pas de demander plus d’argent mais de mettre en place une politique transversale qui tienne compte des spécificités mahoraises et valorise les atouts de l’économie mahoraise. Nous entendons : 1/poser un diagnostic, 2/ montrer l’importance stratégique des territoires d’outremer, 3/montrer le caractère urgent et explosif de la société mahoraise, et 4/ être réaliste et s’appuyer sur la réalité du terrain pour obtenir des résultats concrets.
Cela implique-t-il une sensibilisation au niveau international, une concertation avec l’Union des Comores, Mayotte étant intimement liée aux trois autres îles de l’archipel des Comores ?
Il nous faut inscrire Mayotte dans le développement de l’Océan Indien autour de la Réunion et de Madagascar. Et regarder comment construire un partenariat avec les Comores. Nous avons invité le Secours Catholique, le professeur Janky et les autres associations à se servir de la tribune du CESE pour sensibiliser les forces économiques, les forces syndicales, les forces politiques. On ne peut plus aujourd’hui rester insensible devant une réalité qui peut demain devenir explosive.
Pensez-vous qu’un Plan jeunesse pour Mayotte puisse émerger de ces débats ?
Nous voyons bien que les problèmes que nous avons en métropole sont multipliés par trois, par six voire par dix dans les territoires d’outremer. Ils sont plus nombreux. Il y a beaucoup d’échec scolaire, une absence de qualification, et les économies locales sont incapables d’offrir des emplois à la jeunesse. Cette jeunesse doit pouvoir représenter l’Europe et la France dans cette partie du monde, elle doit être formée. Il nous faut avoir une dynamique nouvelle, permettant de considérer la jeunesse non pas comme un fardeau mais comme un potentiel. Mais pour cela, il faut lui en donner les moyens. C’est ça le sujet.
Propos recueillis par Jacques Duffaut
Par secours-catholique.org