Gros plan sur Madagascar. Un peu plus d'un an après l'élection présidentielle, les trafics perdurent et la prospérité promise tarde ...
Gros plan sur Madagascar. Un peu plus d'un an après l'élection présidentielle, les trafics perdurent et la prospérité promise tarde à se matérialiser.
Fin décembre les automobilistes malgaches n'en ont pas cru leurs yeux : les prix à la pompe ont augmenté alors que le cours du pétrole plongeait pour le sixième mois consécutif ! L'explication est à chercher du côté de l'ardoise laissée par l'Etat auprès des pétroliers. Faute de pouvoir régler leurs dettes, les autorités ont laissé les compagnies relever les prix au niveau du consommateur. Une anecdote qui résume bien l'incurie des pouvoirs publics. La croissance est revenue l'année dernière, +3 % selon le FMI, mais ce n'est pas assez pour rattraper cinq ans de crise, pas assez pour remettre en selle un Etat exsangue. La question de l'énergie est ultra-sensible à Madagascar, les incessantes coupures de courant ont littéralement débranché le premier gouvernement nommé par le président Hery Rajaonarimampianina.
Il promet que la nouvelle équipe entrée en fonction il y a quelques jours va passer à la vitesse supérieure. Mais avec quel moyen quand les recettes ne rentrent pas ? Sans l'aide extérieure, qui est à nouveau versée par le FMI depuis le printemps, les salaires des fonctionnaires ne seraient pas versés. Les réserves de change représentent moins de deux mois d'importation, un niveau trop bas pour que la Banque centrale puisse agir pour contrôler sa monnaie soumise aujourd'hui à des vents défavorables, hausse du dollar d'un côté, baisse de l'euro de l'autre.
Quels sont les freins qui empêchent le décollage de l'île ?
L'économie informelle, selon les experts du fonds monétaire international. C'est-à-dire toutes les activités qui échappent aux taxes. Cela concerne les petits boulots qui assurent la survie des familles, mais aussi et surtout des trafics à grande échelle. Un exemple: l'or extrait du sous-sol, c'est en moyenne 200 millions de dollars de revenu annuel, quand 4 % seulement des quantités extraites sont déclarées en douane. Le bois de rose est l'autre commerce florissant. Ces informations chiffrées sont fournies par Matthieu Pellerin dans un rapport publié par l'Institut français des relations internationales.
Le chercheur en conclut qu'une économie mafieuse est en train de s'enraciner à Madagascar. « Les trafics existants avant 2009 écrit-il, ont pris une dimension quasi industrielle pour certains d'entre eux ». Depuis un an les avions remplis de valise de cash ont recommencé leur navette entre Tana et Antalya, la capitale du bois de rose raconte un témoin local, c'est de notoriété publique, ajoute-t-il.
Après son élection le président Hery avait pris l'engagement de lutter contre le pillage du bois de rose, qui est, rappelons-le, une espèce protégée
A son arrivée au pouvoir, il a trouvé un rapport ministériel décrivant très bien la situation, avec les noms des personnalités concernées. Mais cela n'a visiblement pas suffi. Une première mouture du rapport de Matthieu Pellerin avec encore une fois les noms des personnalités impliquées dans tous ces trafics a provoqué un certain émoi cet automne, car les bonnes feuilles ont circulé par e-mails. Mais là encore sans suite. Il faut dire que s'attaquer à ce fléau passe par un nettoyage de fond en comble de l'administration. L'armée et la gendarmerie étant les complices actifs de cette économie parallèle.
Par Dominique Baillard | RFI
Fin décembre les automobilistes malgaches n'en ont pas cru leurs yeux : les prix à la pompe ont augmenté alors que le cours du pétrole plongeait pour le sixième mois consécutif ! L'explication est à chercher du côté de l'ardoise laissée par l'Etat auprès des pétroliers. Faute de pouvoir régler leurs dettes, les autorités ont laissé les compagnies relever les prix au niveau du consommateur. Une anecdote qui résume bien l'incurie des pouvoirs publics. La croissance est revenue l'année dernière, +3 % selon le FMI, mais ce n'est pas assez pour rattraper cinq ans de crise, pas assez pour remettre en selle un Etat exsangue. La question de l'énergie est ultra-sensible à Madagascar, les incessantes coupures de courant ont littéralement débranché le premier gouvernement nommé par le président Hery Rajaonarimampianina.
Il promet que la nouvelle équipe entrée en fonction il y a quelques jours va passer à la vitesse supérieure. Mais avec quel moyen quand les recettes ne rentrent pas ? Sans l'aide extérieure, qui est à nouveau versée par le FMI depuis le printemps, les salaires des fonctionnaires ne seraient pas versés. Les réserves de change représentent moins de deux mois d'importation, un niveau trop bas pour que la Banque centrale puisse agir pour contrôler sa monnaie soumise aujourd'hui à des vents défavorables, hausse du dollar d'un côté, baisse de l'euro de l'autre.
Quels sont les freins qui empêchent le décollage de l'île ?
L'économie informelle, selon les experts du fonds monétaire international. C'est-à-dire toutes les activités qui échappent aux taxes. Cela concerne les petits boulots qui assurent la survie des familles, mais aussi et surtout des trafics à grande échelle. Un exemple: l'or extrait du sous-sol, c'est en moyenne 200 millions de dollars de revenu annuel, quand 4 % seulement des quantités extraites sont déclarées en douane. Le bois de rose est l'autre commerce florissant. Ces informations chiffrées sont fournies par Matthieu Pellerin dans un rapport publié par l'Institut français des relations internationales.
Le chercheur en conclut qu'une économie mafieuse est en train de s'enraciner à Madagascar. « Les trafics existants avant 2009 écrit-il, ont pris une dimension quasi industrielle pour certains d'entre eux ». Depuis un an les avions remplis de valise de cash ont recommencé leur navette entre Tana et Antalya, la capitale du bois de rose raconte un témoin local, c'est de notoriété publique, ajoute-t-il.
Après son élection le président Hery avait pris l'engagement de lutter contre le pillage du bois de rose, qui est, rappelons-le, une espèce protégée
A son arrivée au pouvoir, il a trouvé un rapport ministériel décrivant très bien la situation, avec les noms des personnalités concernées. Mais cela n'a visiblement pas suffi. Une première mouture du rapport de Matthieu Pellerin avec encore une fois les noms des personnalités impliquées dans tous ces trafics a provoqué un certain émoi cet automne, car les bonnes feuilles ont circulé par e-mails. Mais là encore sans suite. Il faut dire que s'attaquer à ce fléau passe par un nettoyage de fond en comble de l'administration. L'armée et la gendarmerie étant les complices actifs de cette économie parallèle.
Par Dominique Baillard | RFI