"Être musulman aujourd'hui dans ce pays, c'est être entre le marteau et l'enclume": les fidèles de l'islam s'...
"Être musulman aujourd'hui dans ce pays, c'est être entre le marteau et l'enclume": les fidèles de l'islam s'attendent à des lendemains difficiles après l'attentat mené contre Charlie Hebdo, alors que l'islamophobie enfle dans une France où vit la première minorité musulmane d'Europe.
Le tweet d'un jeune homme résumait dès mercredi soir, avec un humour décalé, un sentiment probablement très répandu parmi les 3,5 à 5 millions de musulmans: "Si tu t'appelles Mohamed ou Karim et que t'as un entretien d'embauche demain c'est mieux que tu restes chez toi à jouer à Fifa." Car c'est au nom de l'islam, aux cris de "Allah akbar" et "On a vengé le prophète Mohamed" qu'a été commis l'attentat de mercredi, dont sont soupçonnés les frères Chérif et Saïd Kouachi.
Faire l'amalgame serait entrer dans le jeu même des agresseurs, mettent en garde les responsables musulmans.
Certes, des fidèles refusent d'avoir peur. "Je fais confiance à mes concitoyens qui font la différence entre les barbares qui ont fait cet acte cruel qui n'a rien à voir avec l'islam" et des musulmans aspirant à "vivre en paix", affirmait à Toulouse Myriam Sairafy, une infirmière de 26 ans, le visage encadré par un petit foulard bleu, croisée sur la place du Capitole où elle brandissait un panneau "Touche pas à ma France".
Mais d'autres voient déjà un piège se tendre. Ainsi le chanteur du groupe toulousain Zebda, Mouss (alias Mustapha Amokrane): "Être musulman, aujourd'hui dans ce pays, c'est être entre le marteau et l'enclume: entre ces gens-là qui massacrent au nom de leur religion et le racisme antimusulman grandissant qui fait vendre des livres par kilos"."Les musulmans sont pris dans un piège, entre ceux qui tuent au nom de l'islam et des extrémistes qui veulent se défouler sur les musulmans et déversent sur eux leurs discours stigmatisants", abonde Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie au Conseil français du culte musulman (CFCM).
Le tweet d'un jeune homme résumait dès mercredi soir, avec un humour décalé, un sentiment probablement très répandu parmi les 3,5 à 5 millions de musulmans: "Si tu t'appelles Mohamed ou Karim et que t'as un entretien d'embauche demain c'est mieux que tu restes chez toi à jouer à Fifa." Car c'est au nom de l'islam, aux cris de "Allah akbar" et "On a vengé le prophète Mohamed" qu'a été commis l'attentat de mercredi, dont sont soupçonnés les frères Chérif et Saïd Kouachi.
Faire l'amalgame serait entrer dans le jeu même des agresseurs, mettent en garde les responsables musulmans.
Certes, des fidèles refusent d'avoir peur. "Je fais confiance à mes concitoyens qui font la différence entre les barbares qui ont fait cet acte cruel qui n'a rien à voir avec l'islam" et des musulmans aspirant à "vivre en paix", affirmait à Toulouse Myriam Sairafy, une infirmière de 26 ans, le visage encadré par un petit foulard bleu, croisée sur la place du Capitole où elle brandissait un panneau "Touche pas à ma France".
Mais d'autres voient déjà un piège se tendre. Ainsi le chanteur du groupe toulousain Zebda, Mouss (alias Mustapha Amokrane): "Être musulman, aujourd'hui dans ce pays, c'est être entre le marteau et l'enclume: entre ces gens-là qui massacrent au nom de leur religion et le racisme antimusulman grandissant qui fait vendre des livres par kilos"."Les musulmans sont pris dans un piège, entre ceux qui tuent au nom de l'islam et des extrémistes qui veulent se défouler sur les musulmans et déversent sur eux leurs discours stigmatisants", abonde Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie au Conseil français du culte musulman (CFCM).
"C'est lassant de devoir toujours se justifier", poursuit ce conseiller de la Grande mosquée de Paris, qui participera au grand "rassemblement républicain" de dimanche, mais "en tant que citoyen français membre de la communauté nationale, pas en tant que musulman".
Ce n'est pas la première fois en effet que les musulmans sont pressés de prendre leurs distances avec les extrémistes: en septembre déjà, il leur avait fallu affirmer clairement leur horreur de la décapitation d'Hervé Gourdel.
Fateh Kimouche, influent acteur de la blogosphère islamique, soupire en relevant que "nombre de médias nous disent que les musulmans doivent parler plus". "Mais on se mobilise tout le temps!" s'exclame le fondateur du site Al Kanz. "Je rappelle que les musulmans aussi sont touchés: le policier tué à bout portant (devant Charlie Hebdo, ndlr) s'appelait Ahmed Merabet. Nous ne sommes pas épargnés", poursuit-il.
- Axe central des crispations -
Un tel discours risque d'avoir du mal à se faire entendre, face à une islamophobie qui peut être l'un des nouveaux masques du racisme. Beaucoup de musulmans ont l'impression d'être "les principales victimes du racisme en France", notait la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) dans son denier rapport sur le racisme. Et pour eux, le rejet s'explique notamment par "une assimilation de l'ensemble des musulmans aux intégristes et aux terroristes islamistes". L'islam semble bien devenu "l'axe central des crispations", soulignait la commission.
Pour l'historien Benjamin Stora, l'amalgame est une blessure pour tous ceux qui ont traversé la guerre civile en Algérie, dans les années 1990, marquée par "l'apparition d'un courant relevant d'un islam politique extrêmement violent".
"Quand on dit "les musulmans", on oublie qu'il y a des gens qui ont déjà vécu cette épreuve de l'assassinat de l'intelligence", explique-t-il à l'AFP, en rappelant qu'à l'époque les journalistes et les caricaturistes algériens étaient une cible privilégiée des intégristes.
"Il y a une montée de la haine et de la violence, et cela risque malheureusement de libérer beaucoup de parole", s'alarme Jean-Pierre Dubois, président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme (LDH). Libérer la parole, voire les actes: ainsi plusieurs mosquées ont été prises pour cibles ou taguées depuis mercredi soir à Poitiers, au Mans, dans le Rhône et l'Aude.
Par Benoît FAUCHET et Claire GALLEN | AFP
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