Je dédie cet article au citoyen et frère Baco Zyngui. Dans 6 mois, presque jour pour jour, nous allons commémorer, pour la première fois,...
Je dédie cet article au citoyen et frère Baco Zyngui.
Dans 6 mois, presque jour pour jour, nous allons commémorer, pour la première fois, l’œuvre politique du frère Ali Soilihi Mtsachiwa, et cela, à l’occasion du 40ème anniversaire du déclenchement de la Révolution du 3 août 1975. 40 ans déjà! Quelques semaines auparavant, nous aurons célébré dans la joie, la dignité, l’allégresse et la liesse de tout un peuple la date du 6 juillet 2015, qui marquera le 40ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale après un siècle et demi de colonisation (1866-1975). Cette proximité notable de l’agenda politique de notre pays entre deux événements d’une grande portée historique, sans commune mesure, ni interférence politicienne et partisane, sera célébrée en dehors de cette concordance du temps, certes toutefois troublante.
Dans certains esprits, cela peut paraître comme un signe du destin qui aurait voulu relier l’homme politique à son œuvre à travers leur temporalité d’Ali Soilihi Mtsachiwa, qui est incontestablement l’homme politique comorien qui a le plus marqué l’Histoire comorienne de ces quatre dernière décennies, malgré le caractère éphémère de son régime politique révolutionnaire. Il a su donner à notre pays toute l’impulsion qui lui a permis de prendre son envol par un départ en trombe, sur la base d’un programme politique, économique et social à la fois ambitieux, audacieux et conforme aux besoins réels et immédiats des Comoriens, après avoir établi un diagnostic juste et précis de la situation réelle du pays. Son génie politique est d’avoir été capable contre d’ouvrir, en un temps record (29 mois seulement), plusieurs chantiers de grande envergure dans des voies multidirectionnelles. Le rythme effréné qui a été imprimé par le régime politique de feu le Président Ali Soilihi Mtsachiwa était tout simplement époustouflant. Il voulait tout refaire, vite et bien. Cela a nécessité la mobilisation des forces vives de la nation pour pouvoir mettre en chantier son Plan quinquennal, qui était en soi un véritable prodige, un bijou d’intelligence, d’ingéniosité et d’audace dans la réflexion politique et dans l’action. Le visionnaire, le stratège et le tacticien se retrouvaient en une personne qui aimait passionnément son pays. Les réalisations dans le domaine des infrastructures routières afin de désenclaver les régions et rapprocher ainsi les zones rurales des zones urbaines étaient menées tambour battant.
Dans le domaine de l’agriculture, l’objectif principal était de ramener le pays à un niveau d’autosuffisance alimentaire notable et sensible, sinon à une sécurité alimentaire totale, avant d’entamer la deuxième phase d’industrialisation et d’exportation. La décentralisation qu’il préconisait relève d’une vision moderne et novatrice de gestion de l’administration de l’État. Cette reforme fut sa grande fierté, son projet phare. Il s’agissait, pour le frère Ali Soilihi Mtsachiwa de ramener l’administration aux portes des administrés, de manière à la rendre plus accessible à toute et à tout citoyen, pour en faire administration républicaine et citoyenne. Quelle belle idée du service public et de son corollaire, l’intérêt général. Ali Soilihi, c’est aussi l’homme du chantier titanesque, de la moralisation de la société comorienne en instituant un code de la morale basé sur l’honneur, la dignité et le patriotisme des valeurs puisées à la source à la fois des traditions ancestrales en même temps que dans le creuset de notre multiculturalisme civilisationnel.
Ali Soilihi Mtsachiwa est également l’inspirateur d’une diplomatie énergique, «agressive», réfléchie et maîtrisée au service de l’unité nationale, qu’il considérait comme l’âme de la nation comorienne, mais aussi de l’intégrité territoriale qui, à ses yeux, est une valeur sacrée et un principe sacrosaint non négociable et inaliénable. Ali Soilihi Mtsachiwa, à travers sa diplomatie vigoureuse et responsable, a su s’acquérir l’estime de ses homologues, donc, l’approbation massive de la communauté internationale, pour soutenir et appuyer les efforts du gouvernement comorien en faveur de la réintégration de Mayotte dans son ensemble naturel: les Comores. Il en a fait la pierre angulaire d’une politique étrangère percutante et militante, en pleine guerre froide.
Ali Soilihi Mtsachiwa, c’est aussi l’homme de la réforme agraire. Celle-ci constituait l’alpha et l’oméga de sa politique d’émancipation des masses, le phare et la boussole de tout son engagement politique en faveur du développement économique et social, lui qui avait fondé avant même l’indépendance des Comores, la Société du Développement des Comores (SODÉC), dont la vocation était essentiellement agricole. Ingénieur agronome, il en faisait un point d’honneur et tenait absolument à l’amener à bon port, et ce d’autant qu’il se sentait dans son élément de part sa formation d’agronome. Et pourtant, c’est la réforme qui a suscité le plus de controverses et de malentendus. Propriétaires terriens et agriculteurs considéraient que son approche avoisinait la spoliation foncière, alors qu’en réalité, nous nous acheminions vers un collectivisme étatique. Le régime manœuvrait sur une véritable poudrière.
Par ailleurs, Ali Soilihi Mtsachiwa avait réussi à sacraliser et à sanctuariser les finances et les biens de l’État au point de les rendre inaccessibles aux esprits pervers, qui attendront sa chute pour se défouler sur l’intérêt général. On sait ce qui s’est passé depuis. Il œuvrait sans relâche pour créer les conditions objectives favorisant un accès pour tous à la santé de base et à l’Éducation, en engageant des profondes reformes structurelles.
En fait, le soilihisme est une pensée politique et une action étatique qui placent l’homme au centre de l’intérêt général et qui demeure, à ce titre, le seul variable d’ajustement de son action politique. On parlera de «développement autocentré», et sous Ali Soilihi Mtsachiwa, celui-ci déboucha sur le développement autonome et indépendant. Le soilihisime exige donc que toute action politique digne de ce nom répondre aux attentes des masses laborieuses et non à l’intérêt personnel de certains, comme cela est le cas depuis la fin de la Révolution, le 13 mai 1978. Le soilihisme est aussi un état d’esprit qui exige que l’homme politique soit au pouvoir pour servir et non pour se servir. Il doit témoigner d’une conscience nationale avertie et répondre à des nombreuses exigences éthiques et déontologiques qui régissent l’action publique et qui font que l’on croit profondément que le progrès est une hypothèse convaincante débouchant sur des actions convaincantes. Le soilihisme est une philosophie basée sur une échelle de valeurs, dont les plus importantes sont: la laïcité, le respect d’autrui, l’égalité devant la Loi, le respect du bien public et le patriotisme.
Nous ne voulons pas faire preuve d’une nostalgie larmoyante et coupable. Tout le monde sait qu’il est facile de faire des analyses politiques revendicatives à posteriori qu’à priori. De toute façon, l’homme politique ne peut échapper aux éclaboussures des calomnies. Il faut donc cesser de courir derrière l’esprit du temps en se gargarisant de slogans stériles, car l’espoir ne peut pas renaître des mots seulement, mais plutôt de l’action. Et c’est ce qu’il nous faut pour construire quelque chose. Désormais, il est temps de détoxiquer le paysage politique national des charlatans, des griots imposteurs et des usurpateurs en mal d’existence, qui ne peuvent survivre que par la théâtralisation des idéaux issus de l’expérience du 3 août 1975. Il faut savoir se renouveler pour trouver sa propre trajectoire et pour cela, s’il s’avère nécessaire, parfois il faut oser tuer le père pour renaître de ses cendres afin de pouvoir exister et vivre sa propre expérience. On pourra toujours bouger la quadrature du cercle.
L’Histoire ne s’effacera pas de la mémoire collective. C’est tout ce patrimoine politique économique et social que nous allons ensemble célébrer à travers la commémoration du 40ème anniversaire de l’expérience politique conduit par le frère Ali Soilihi Mtsachiwa, qui avait eu ce mot tragique et prémonitoire, pour mieux culpabiliser ses futurs tombeurs: «L’Histoire est seul juge».
Par Kamal Abdallah Salim
Secrétaire général international du HCI
© www.lemohelien.com – Mercredi 7 janvier 2015.
Dans 6 mois, presque jour pour jour, nous allons commémorer, pour la première fois, l’œuvre politique du frère Ali Soilihi Mtsachiwa, et cela, à l’occasion du 40ème anniversaire du déclenchement de la Révolution du 3 août 1975. 40 ans déjà! Quelques semaines auparavant, nous aurons célébré dans la joie, la dignité, l’allégresse et la liesse de tout un peuple la date du 6 juillet 2015, qui marquera le 40ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale après un siècle et demi de colonisation (1866-1975). Cette proximité notable de l’agenda politique de notre pays entre deux événements d’une grande portée historique, sans commune mesure, ni interférence politicienne et partisane, sera célébrée en dehors de cette concordance du temps, certes toutefois troublante.
Dans certains esprits, cela peut paraître comme un signe du destin qui aurait voulu relier l’homme politique à son œuvre à travers leur temporalité d’Ali Soilihi Mtsachiwa, qui est incontestablement l’homme politique comorien qui a le plus marqué l’Histoire comorienne de ces quatre dernière décennies, malgré le caractère éphémère de son régime politique révolutionnaire. Il a su donner à notre pays toute l’impulsion qui lui a permis de prendre son envol par un départ en trombe, sur la base d’un programme politique, économique et social à la fois ambitieux, audacieux et conforme aux besoins réels et immédiats des Comoriens, après avoir établi un diagnostic juste et précis de la situation réelle du pays. Son génie politique est d’avoir été capable contre d’ouvrir, en un temps record (29 mois seulement), plusieurs chantiers de grande envergure dans des voies multidirectionnelles. Le rythme effréné qui a été imprimé par le régime politique de feu le Président Ali Soilihi Mtsachiwa était tout simplement époustouflant. Il voulait tout refaire, vite et bien. Cela a nécessité la mobilisation des forces vives de la nation pour pouvoir mettre en chantier son Plan quinquennal, qui était en soi un véritable prodige, un bijou d’intelligence, d’ingéniosité et d’audace dans la réflexion politique et dans l’action. Le visionnaire, le stratège et le tacticien se retrouvaient en une personne qui aimait passionnément son pays. Les réalisations dans le domaine des infrastructures routières afin de désenclaver les régions et rapprocher ainsi les zones rurales des zones urbaines étaient menées tambour battant.
Dans le domaine de l’agriculture, l’objectif principal était de ramener le pays à un niveau d’autosuffisance alimentaire notable et sensible, sinon à une sécurité alimentaire totale, avant d’entamer la deuxième phase d’industrialisation et d’exportation. La décentralisation qu’il préconisait relève d’une vision moderne et novatrice de gestion de l’administration de l’État. Cette reforme fut sa grande fierté, son projet phare. Il s’agissait, pour le frère Ali Soilihi Mtsachiwa de ramener l’administration aux portes des administrés, de manière à la rendre plus accessible à toute et à tout citoyen, pour en faire administration républicaine et citoyenne. Quelle belle idée du service public et de son corollaire, l’intérêt général. Ali Soilihi, c’est aussi l’homme du chantier titanesque, de la moralisation de la société comorienne en instituant un code de la morale basé sur l’honneur, la dignité et le patriotisme des valeurs puisées à la source à la fois des traditions ancestrales en même temps que dans le creuset de notre multiculturalisme civilisationnel.
Ali Soilihi Mtsachiwa est également l’inspirateur d’une diplomatie énergique, «agressive», réfléchie et maîtrisée au service de l’unité nationale, qu’il considérait comme l’âme de la nation comorienne, mais aussi de l’intégrité territoriale qui, à ses yeux, est une valeur sacrée et un principe sacrosaint non négociable et inaliénable. Ali Soilihi Mtsachiwa, à travers sa diplomatie vigoureuse et responsable, a su s’acquérir l’estime de ses homologues, donc, l’approbation massive de la communauté internationale, pour soutenir et appuyer les efforts du gouvernement comorien en faveur de la réintégration de Mayotte dans son ensemble naturel: les Comores. Il en a fait la pierre angulaire d’une politique étrangère percutante et militante, en pleine guerre froide.
Ali Soilihi Mtsachiwa, c’est aussi l’homme de la réforme agraire. Celle-ci constituait l’alpha et l’oméga de sa politique d’émancipation des masses, le phare et la boussole de tout son engagement politique en faveur du développement économique et social, lui qui avait fondé avant même l’indépendance des Comores, la Société du Développement des Comores (SODÉC), dont la vocation était essentiellement agricole. Ingénieur agronome, il en faisait un point d’honneur et tenait absolument à l’amener à bon port, et ce d’autant qu’il se sentait dans son élément de part sa formation d’agronome. Et pourtant, c’est la réforme qui a suscité le plus de controverses et de malentendus. Propriétaires terriens et agriculteurs considéraient que son approche avoisinait la spoliation foncière, alors qu’en réalité, nous nous acheminions vers un collectivisme étatique. Le régime manœuvrait sur une véritable poudrière.
Par ailleurs, Ali Soilihi Mtsachiwa avait réussi à sacraliser et à sanctuariser les finances et les biens de l’État au point de les rendre inaccessibles aux esprits pervers, qui attendront sa chute pour se défouler sur l’intérêt général. On sait ce qui s’est passé depuis. Il œuvrait sans relâche pour créer les conditions objectives favorisant un accès pour tous à la santé de base et à l’Éducation, en engageant des profondes reformes structurelles.
En fait, le soilihisme est une pensée politique et une action étatique qui placent l’homme au centre de l’intérêt général et qui demeure, à ce titre, le seul variable d’ajustement de son action politique. On parlera de «développement autocentré», et sous Ali Soilihi Mtsachiwa, celui-ci déboucha sur le développement autonome et indépendant. Le soilihisime exige donc que toute action politique digne de ce nom répondre aux attentes des masses laborieuses et non à l’intérêt personnel de certains, comme cela est le cas depuis la fin de la Révolution, le 13 mai 1978. Le soilihisme est aussi un état d’esprit qui exige que l’homme politique soit au pouvoir pour servir et non pour se servir. Il doit témoigner d’une conscience nationale avertie et répondre à des nombreuses exigences éthiques et déontologiques qui régissent l’action publique et qui font que l’on croit profondément que le progrès est une hypothèse convaincante débouchant sur des actions convaincantes. Le soilihisme est une philosophie basée sur une échelle de valeurs, dont les plus importantes sont: la laïcité, le respect d’autrui, l’égalité devant la Loi, le respect du bien public et le patriotisme.
Nous ne voulons pas faire preuve d’une nostalgie larmoyante et coupable. Tout le monde sait qu’il est facile de faire des analyses politiques revendicatives à posteriori qu’à priori. De toute façon, l’homme politique ne peut échapper aux éclaboussures des calomnies. Il faut donc cesser de courir derrière l’esprit du temps en se gargarisant de slogans stériles, car l’espoir ne peut pas renaître des mots seulement, mais plutôt de l’action. Et c’est ce qu’il nous faut pour construire quelque chose. Désormais, il est temps de détoxiquer le paysage politique national des charlatans, des griots imposteurs et des usurpateurs en mal d’existence, qui ne peuvent survivre que par la théâtralisation des idéaux issus de l’expérience du 3 août 1975. Il faut savoir se renouveler pour trouver sa propre trajectoire et pour cela, s’il s’avère nécessaire, parfois il faut oser tuer le père pour renaître de ses cendres afin de pouvoir exister et vivre sa propre expérience. On pourra toujours bouger la quadrature du cercle.
L’Histoire ne s’effacera pas de la mémoire collective. C’est tout ce patrimoine politique économique et social que nous allons ensemble célébrer à travers la commémoration du 40ème anniversaire de l’expérience politique conduit par le frère Ali Soilihi Mtsachiwa, qui avait eu ce mot tragique et prémonitoire, pour mieux culpabiliser ses futurs tombeurs: «L’Histoire est seul juge».
Par Kamal Abdallah Salim
Secrétaire général international du HCI
© www.lemohelien.com – Mercredi 7 janvier 2015.