La désaffection électorale, signe du mépris du peuple envers les politiques, est inévitable

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Devant la démotivation de la population face aux élections, la CÉNI tente de mobiliser C’est émouvant! Pendant des mois, la classe poli...

Devant la démotivation de la population face aux élections, la CÉNI tente de mobiliser

C’est émouvant! Pendant des mois, la classe politique a réclamé des élections. Elle a fini par les avoir puisque, du bout des lèvres et des doigts, le gouvernement a décidé de les organiser même si c’est dans un climat de lourds soupçons de préparation de fraudes, tripatouillages et dévergondages. Seulement, quand le gouvernement a décidé d’organiser les fameux scrutins, une première chose sauta aux yeux: les Comores n’ont pas une vraie classe politique. Elles vivent dans un rafistolage institutionnel permanent. La preuve la plus inquiétante a été donnée par des politiciens recevant de la Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI) une fiche indiquant les pièces administratives composant leurs dossiers personnels, qui signent le document en reconnaissant avoir remis à la CÉNI un dossier incomplet et donc irrecevable et qui courent après pour aller pleurer et signer un prétendu «Mémorandum d’Entente» avec un ministre bambochard. 

La reconnaissance du dépôt d’un dossier incomplet et irrecevable est le signal le plus inquiétant qu’on puisse envoyer aux Comoriens parce que cela signifie que, par définition, le politicien comorien n’est pas quelqu’un de sérieux et n’est pas quelqu’un qui s’habituera au sérieux. Tout ce qu’il veut, ce sont des arrangements avec la vérité et avec le Droit. Naturellement, les zigzags de la CÉNI et de la Cour constitutionnelle ne sont pas à exclure. Il faudra y ajouter l’acharnement pour cause de préparation de fraudes électorales de notre bon ami Houssen Hassan Ibrahim, le corrosif et hallucinant, voire hallucinogène ministre de l’Intérieur, de l’Information, de la Décentralisation, chargé des Relations avec les Institutions (nous respirons, enfin), auteur d’un tas de manœuvres illégales, de pressions inacceptables sur la CÉNI et de marginalisation de la Cour constitutionnelle. Face à toutes ces magouilles conjuguées à la médiocrité de la quasi-totalité des candidats, les Comoriens sont dans le doute et l’expectative. Dans un pays où les ménages se brisent pour cause de virulence de campagne électorale, les candidats ne mobilisent qu’eux-mêmes, et encore, et il n’est même pas certain que leurs conjoints et leurs enfants s’intéressent à leurs singeries électorales. La plupart d’entre eux ne disent rien parce qu’ils n’ont rien à dire. La CÉNI a vu venir le coup et tente de mobiliser et sensibiliser. C’est très bien, mais pour arriver à quels résultats, alors que les Comoriens boudent et s’en moquent?
    
On est alors plié de rire quand on apprend que le vendredi 2 janvier 2015, comme pour faire sérieux, la CÉNI a signé une millième convention, cette fois avec des médias comoriens et des organisations non gouvernementales (ONG) en vue de la «sensibilisation» de la population. Or, on ne voit pas en quoi cette «sensibilisation» est utile alors que les Comoriens n’appartiennent pas à cette tribu de la savane kenyane qui n’avait appris la commission des attentats du 11 septembre 2001 qu’en juillet 2002 et qui, en signe de solidarité avec les États-Unis, avait offert quelques vaches au peuple états-unien. Les Comoriens savent qu’il y a des élections, qu’il faut aller voter, que voter est un devoir civique, qu’au cours de la campagne électorale, il faut se comporter de manière convenable, etc. Donc, on ne voit pas pourquoi la CÉNI fait toute une montagne pour signer cette convention bidon. Naturellement, comme dans l’attente du jour du scrutin, cela permet de lui donner un semblant d’activité permettant de justifier le salaire mirobolant de 500.000 francs comoriens, on comprend la petite frénésie démagogique qui agite cette boîte à la légitimité douteuse et à l’utilité suspecte.
   
Pourtant, c’est une Mme Zainab Ahmed, secrétaire à la Communication auprès de la CÉNI (on se pose des questions sur ce que fait Saïd Mzé Dafiné ces derniers temps, en dehors des tripatouillages des micros dans les cérémonies) très en verve et très lyrique qui lance: «Nous sommes ici cet après-midi pour parler des élections, mais surtout de sensibilisation des électeurs pour qu’ils aillent voter massivement aux prochaines élections du 25 janvier et du 22 février prochains». Que c’est beau et émouvant! Mais, Madame, pour qu’ils aillent voter «massivement», les Comoriens ont besoin de savoir pourquoi ils doivent se mobiliser pour des candidats pas sérieux et même pour des bandits, dans le cas de certains. Et comme si elle n’avait pas assez dit au cours de son homélie papale, voilà Mme Zainab Ahmed lancée dans une nouvelle envolée lyrique, soutenant que, «s’agissant de cette sensibilisation électorale, la CÉNI et ses démembrements ne peuvent que faire confiance aux ONG et médias que vous êtes pour présenter sur les places publiques, les mosquées, voire même dans les domiciles pour expliquer l’importance du vote de tout un chacun». Tout cela est touchant et nous apprend au moins une chose: une immense révolution mondiale vient de se produire, faisant de la mosquée non pas un lieu de prière et de recueillement, mais une arène politique de «sensibilisation» électorale. On va «sensibiliser» qui et pour lui dire quoi? Qu’un voleur de son quartier veut devenir Député pour créer de nouvelles lois et contrôler le gouvernement pour le bien commun? C’est sérieux, ça? Et comme s’il fallait en rajouter, Mme Zainab Ahmed prend une hache pour défoncer une porte pourtant bien ouverte: «Vous, médias et ONG, avec les partis politiques, êtes beaucoup plus près de l’électeur, et pour cela, nous allons tous contribuer à ce qu’il aille s’acquitter de son devoir civique le jour du vote».
   
Apparemment, Mme Zainab Ahmed ne s’est livrée à une petite enquête sociologique et même sociopolitique pour tenter de comprendre une chose pourtant très facile: les causes réelles de la désaffection électorale aux Comores. Pourtant, ces causes sont connues et sont en relation avec le manque de sérieux et de crédibilité des membres de la classe politique du pays. Pourquoi aller voter pour le ministre Abdoulkarim Mohamed, qui impose une fouille au corps à ses visiteurs et qui va dans le Mbadjini-Ouest pour aller demander aux habitants de son village, Djankagna, qu’il faut déclencher la Première Guerre mondiale comorienne contre les villes et les grands villages de la région, juste pour se faire élire Député? Qui peut-on «sensibiliser» pour aller voter quand il s’agit de choisir le Grand Docteur El-Anrif Saïd Hassane qui, avec la complicité de son DAF Machouhouli, dans la région de Mitsamiouli et dans le Mboudé, finance sa campagne électorale avec l’argent obtenu frauduleusement à la suite d’un ignoble détournement d’une aide humanitaire que l’Arabie Saoudite destinait à des sinistrés d’intempéries en Grande-Comore? Les exemples de mauvais garçons candidats qui repoussent les électeurs et électrices sont légion. Alors, quand on dépense de l’argent public à confectionner des vidéos et des kits électoraux, qui coûtent quand même très cher, pour tenter de réveiller celui qui ne dort pas, on se dit que forcément, il y a un problème quelque part aux Comores.
   
En réalité, cette campagne électorale devait être la plus virulente. Elle est, au contraire, bien fade. Certains acteurs politiques s’en rendent compte. À Mohéli, les Députés sortants sont tous restés chez eux, sauf l’increvable Abdallah Saïd Sarouma dit «Chabouhane», dit «Gris-gris», dit «Baguiri». Cela veut dire que les acteurs politiques eux-mêmes ont commencé à comprendre qu’ils sont allés très loin dans leur trahison du peuple. De fait, aujourd’hui, ils sont rares ceux qui ont envie d’aller écouter les voyous de leurs quartiers raconter des bêtises sur leur volonté et leur capacité de réformer les Comores pour en faire la vitrine de l’océan Indien. Il n’est pas dit que tous les candidats sont mauvais, mais que la proportion des sérieux est quand même très faible. Les mandats électifs sont devenus alimentaires, et cela a dégradé les fonctions. Cela étant, il faudra déployer beaucoup d’efforts pour arriver à une véritable «sensibilisation» des Comoriens dans les conditions électorales actuelles.

Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 6 janvier 2015.
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